David Kimelfeld est maire du 4è arrondissement, président de la Métropole et challenger de Gérard Collomb pour conserver ce super-fauteuil métropolitain en mars 2020. La petite sauterie des vœux dans son arrondissement mercredi soir a tourné en quasi-pugilat de son adversaire Gérard, hué. Ambiance.
Des sifflets pendant le discours de Gérard Collomb
Le programme est serré parce qu’il n’y a jamais que 31 jours en janvier et beaucoup de points chauds à écumer. Les vœux dans le 4ème arrondissement allaient nécessairement être très suivis, car mettant en scène la rivalité de Gérard Collomb et de son ex-dauphin. Le public n’aura pas été déçu. Le maire de Lyon a fait un discours que plusieurs personnes dans l’assistance ont semblé trouver trop long.
Des signes d’impatience indélicats se sont fait entendre, notamment lorsque Gérard Collomb a commencé à parler de l’Hôtel-Dieu et des réussites qu’il estime avoir menées dans la ville. Premiers sifflets et mots de protestation. Venant d’abord de quelques militants politiques, notamment les soutiens du squat de migrants ouvert au collège Maurice Scève, puis se propageant au-delà.
« On veut boire un coup », a-t-on entendu.
Il était prévu que deux migrants logés au sein du squat du collège Maurice Scève prennent la parole. Gérard Collomb ne leur a pas tendu le micro.
David Kimelfeld enfonce le clou sur la question des migrants
À la fin de son discours, le maire de Lyon a montré de forts signes d’agacement et David Kimelfeld s’est fendu d’un communiqué ce jeudi soir, faisant son propre récit de la soirée :
« A l’issue de cette cérémonie, Gérard Collomb s’est exprimé de manière très démonstrative et péremptoire pour dénoncer ce climat. Il a également évoqué la situation du squat de l’ex-collège Scève devant de très nombreux témoins. Selon ses dires, cette situation serait la conséquence d’un laxisme de la Métropole de Lyon qui n’aurait pas mis en oeuvre tous les moyens nécessaires pour éviter son installation.
Je ne peux en aucun cas cautionner de tels propos qui sont à la fois mensongers, polémiques et infondés. Je souhaite réaffirmer que la Métropole et ses services ont tout mis en oeuvre depuis des mois pour mettre fin à cette occupation.
Par ailleurs, il a suggéré que ce squat était le résultat d’une politique trop tolérante à l’égard des mineurs non accompagnés sur notre territoire insinuant l’existence d’un supposé « appel d’air ». Dans ce temps électoral où chacun tente d’attirer les projecteurs, je ne suis pas étonné par ces propos qui me rappellent d’ailleurs son intervention au Sénat en tant que ministre de l’Intérieur le 30 mai 2018 durant laquelle il avait parlé du « benchmark » des migrants. Je suis en total désaccord avec cette vision, si éloigné de l’humanisme à la lyonnaise, pourtant si souvent défendu par Gérard Collomb dans ses discours. »
Pour Kimelfeld, une occasion de rectifier son image
David Kimelfeld a ainsi défendu son parti pris politique en faveur des mineurs non accompagnés (rappelons ce « plan d’urgence d’accueil et d’intégration » lancé en octobre 2018 et évalué à 25 millions d’euros). Toutefois, une procédure a été lancée pour l’expulsion de ce lieu, par la Métropole de Lyon, propriétaire du collège, et est toujours en cours devant la justice.
L’un des enjeux pendant cette campagne pour David Kimelfeld est de se débarrasser de l’image de premier lieutenant collombiste, de bras droit et de dauphin sage qu’il a longtemps eue pour avoir en effet été élu à ses côtés pendant plus de deux mandats et à des postes stratégiques (Premier Vice-président à la Métropole, mais aussi premier fédéral du Parti socialiste dans le Rhône, etc.). Avec ce communiqué, le candidat à sa propre succession veut marquer sa différence, en infléchissant le curseur vers sa gauche.
Coïncidence ou non, en début de soirée c’est Catherine Panassier qui évoquait également le sujet de l’hébergement d’urgence. La maire du 3e arrondissement, par ailleurs candidate aux élections métropolitaines aux côtés de David Kimelfeld, a fait part dans un communiqué de la situation d’enfants scolarisés dans son arrondissement et dormant dans la rue. Elle plaide notamment pour la mise en place d’hébergements transitoires. Une solution adoptée ailleurs en France, notamment Toulouse, et dont la Métropole de Lyon version Kimelfeld souhaite s’inspirer.
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