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Le restaurant Paul Bocuse perd sa troisième étoile : étranglements et explications

À entendre les réactions qui font suite à la perte d’une étoile Michelin, sur les trois que le restaurant Paul Bocuse possédait « depuis toujours », on a le sentiment qu’il s’agit d’une affaire d’État. Et ce n’est pas loin de l’être. On est bien loin ici de la soupe populaire ou encore du bistrot en vogue, on est plutôt dans du lourd en termes de symbole non pas seulement de Lyon mais de la France.

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soupetruffe Bocuse

Deux ans quasi jour pour jour après la mort de Paul Bocuse, parangon à toque des chefs français traditionnels, ce serait comme si le Guide Rouge « l’enterrait une deuxième fois », lit-on.

A la soupe chez Paul.

Le Point a révélé ce jeudi soir que le mythique établissement de Collonges-au-Mont-d’Or n’allait pas retrouver, dans la prochaine fournée du guide à venir ce mois, son prestigieux statut, lui permettant de maintenir de manière automatique et immuable la distinction suprême des trois macarons.

Le directeur international du Michelin, Gwendal Poullennec, est accusé de vouloir réaliser « des coups médiatiques » depuis son arrivée à la tête de la machine critique en septembre 2018. Mal aimé mais droit dans ses bottes, il est du genre à dire :

« Les étoiles du guide Michelin n’appartiennent pas aux chefs. »

Le couperet était en effet déjà tombé en 2019 pour Marc Haeberlin (L’Auberge de l’ill à Illhaeusern dans le Haut-Rhin), pour Marc Veyrat (La Maison des bois à Manigod en Haute-Savoie) et pour Pascal Barbot (L’Astrance à Paris).

Marc Veyrat avait été proche de la syncope ; déclarant même aux critiques du guide : « vous êtes des imposteurs ne désirant que des clashes pour des raisons commerciales ».

Paul Bocuse, même après sa mort, semblait encore intouchable tout comme son temple de Collonges. Jusqu’à 2020.

« SCANDALE »

Les réactions pleuvent et à Lyon comme ailleurs ; certains s’étranglent et vont peut-être même jeûner jusqu’à ce soir en signe de protestation.

Le Guide Rouge, bien qu’il reste une institution entre autres pour les touristes du monde entier prêts à faire venir en France uniquement pour sa gastronomie, a connu ces dernières années une perte de vitesse. Face à de nouveaux guides se penchant sur la scène culinaire de manière souple et avec des critères actualisés, Michelin avait de quoi se ré-interroger. Il semble vouloir retrouver une crédibilité, qui passerait par le fait de remettre les compteurs à zéro. Absolument tous.

Du côté de Collonges, on essaie d’accuser le coup. Un communiqué a été transmis ce vendredi matin :

« Cela fait 2 ans que Monsieur Paul nous a quittés, et même si l’étoile n’appartient pas à un Chef, il va sans dire que tout le monde s’interrogeait sur notre avenir. Cet avenir, c’est avec tout l’équipage de Monsieur Paul que nous l’avons dessiné en coulisses depuis ce 20 janvier 2018.

Bien que tardivement par rapport au calendrier d’impression du Guide Michelin 2020, nous avons dévoilé notre nouvelle expérience intitulée « La Tradition en Mouvement » dès le mois d’octobre 2019. Jugée exceptionnelle par bon nombre de nos clients, d’experts gastronomiques ou journalistes, cette expérience prendra toute sa dimension dès notre réouverture le vendredi 24 janvier 2020.

Bien que bouleversés par le jugement des inspecteurs, il y a une chose que nous souhaitons ne jamais perdre, c’est l’âme de Monsieur Paul. »

Relisez le portrait que nous avions consacré à Paul Bocuse, publié le 20 janvier 2018, date de son décès.

 


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Photo : LB/Rue89Lyon

Photo : AnneBouillot

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