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Andréa Kotarac nage à l’aise dans l’eau du Rassemblement national

Andréa Kotarac, ex-étoile montante locale de La France Insoumise, est passé il y a quelques mois dans l’écurie du Rassemblement national (ex-FN) -un coup de tonnerre dans le paysage politique lyonnais. Propulsé chef de file du parti de Marine Le Pen pour les élections à la présidence de la Métropole de Lyon de mars 2020, il a présenté à la presse ce mardi ses têtes de liste. Comme un poisson dans l’eau de sa nouvelle famille politique.

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Andrea Kotarac

« C’est vrai que quand il est arrivé, il y a eu pas mal de ricanements ».

Pour cette candidate de la formation d’extrême droite aux élections métropolitaines, l’arrivée du transfuge depuis l’extrême gauche a surpris. Jusqu’à la table de sa nouvelle famille politique. Le trentenaire a rejoint le mouvement au moment des élections européennes de 2019.

Cinq ans auparavant, lors des municipales de 2014, il se présentait dans le 8e arrondissement de Lyon pour le Front de gauche contre, notamment, Christophe Boudot du FN. Ce mardi 7 janvier, les voici à la même table pour présenter les candidats du RN à la Métropole de Lyon.

Le RN version pub Benetton 

Andréa Kotarac semble désormais très à l’aise dans ses nouveaux habits, pour cette première sortie devant la presse locale lyonnaise. Il martèle les grands slogans du RN, insistant souvent sur son positionnement dans « le camp du peuple », celui du « localisme contre le mondialisme ».

« Marine Le Pen a fixé une ligne politique, à laquelle j’adhère ».

Il a visiblement endossé le costume avec aise. Il déroule aussi un autre mantra du parti : « la lutte contre le communautarisme » et particulièrement l’islamisme. Au-delà de sa trajectoire politique, la jeunesse de l’ancien Insoumis en fait une belle prise pour le RN, parti désireux de changer de visage. Andréa Kotarac insiste alors, tout sourire, sur l’attelage que constitue son duo avec Agnès Marion, présente à la table, tête de liste dans une des circonscriptions de la Métropole mais également candidate RN à la mairie de Lyon.

« Un ancien insoumis et une historique du Rassemblement National », nous explique-t-on.

En les présentant, le chef de file insiste sur les parcours politiques et personnels de certains. Le voilà lui, l’ancien Insoumis ; là, une tête de liste aussi candidate dans sa ville avec un ancien chevènementiste ; ailleurs, des anciens Les Républicains… Comme pour montrer que son arrivée n’est pas si spectaculaire.

« Il y a ici des colistiers à ma droite et à ma gauche, physiquement comme politiquement », sourit encore Andréa Kotarac.

Andrea Kotarac, chef de file du Rassemblement National à la Métropole de Lyon. ©BE/Rue89Lyon

La jeune garde mais aussi l’arrière-garde du RN

Le choix des têtes de liste a en effet fait la place à la nouvelle génération.

Comme Rémi Berthoux, 23 ans, tête de liste du côté de la circonscription « Porte des Alpes » (Bron, Saint-Priest notamment). À côté du chef de file, d’autres trentenaires, comme le patron du parti dans le Rhône, Antoine Mellies ; Damien Monchau, à nouveau candidat aux municipales de Vénissieux après une première tentative en 2015 ; ou encore Thibaut Monnier, ancien patron du parti dans l’Isère, actuellement conseiller régional de l’Allier et tête de liste aux municipales à Lyon dans le 9e arrondissement.

Andréa Kotarac, Antoine Mellies et Thibaut Monnier ont aussi en commun d’être proches de Marion Maréchal-Le Pen. Et de s’être investis, pour les deux derniers et à des degrés divers, dans son école fondée à Lyon.

À côté de cette jeune garde, figurent encore quelques historiques du parti. Agnès Marion donc, mais aussi Michèle Morel, tête de liste à Villeurbanne ou Christophe Boudot, candidat chez lui dans le Val-de-Saône. Sur la circonscription Lyon Nord (partie du 3e et 6e arrondissement de Lyon), Jacky Copède mènera la liste du parti. Lui qui, il y a deux ans, s’était pourtant présenté aux législatives sur la 11e circonscription du Rhône. Pas sous la bannière du RN (encore FN) mais celle des Comités Jeanne, le parti fondé par Jean-Marie Le Pen un an auparavant suite à son éviction du FN. Il s’était alors notamment présenté face à Antoine Mellies, devenu entre temps son responsable départemental.

Têtes de liste du Rassemblement National à la Métropole de Lyon. Photo BE/Rue89Lyon

Une campagne « rapide et très politisée » : une aubaine pour le RN

Dans la Métropole de Lyon, les chances du RN de gagner des communes au mois de mars sont assez faibles. Celles en revanche d’obtenir davantage que les deux actuels conseillers métropolitains sont plus importantes. D’ailleurs, alors qu’Agnès Marion avait présenté seule sa campagne à venir devant la presse, Andréa Kotarac a réussi à réunir autour de lui tout l’état major départemental du parti.

Cette campagne sera donc pour eux « très politisée ». Pas tellement d’autres choix pour le RN. Mais on estime ici toutefois que « ce sera une élection locale particulière ».

« Une sorte d’élection européenne à l’échelle locale », en somme. Comme pour l’Union Européenne, la Métropole de Lyon semble encore mal appréhendée, lointaine et nébuleuse pour une partie de ses habitants. Une forme d’aubaine pour le parti de Marine Le Pen. D’ailleurs, Andréa Kotarac a pris soin de mettre le visage de la présidente nationale du parti a côté du sien, sur ses affiches de campagnes.

Contrairement à Agnès Marion, candidate aux municipales -peut-être parce que cela risque de moins bien fonctionner à Lyon. Même si la Métropole et ses compétences XXL gèrent une bonne partie du quotidien des habitants, Andréa Kotarac a cherché à nationaliser le propos :

« Face à Gérard Collomb et à Emmanuel Macron, à leur réforme des retraites, il y a Marine Le Pen comme référence ».

Andréa Kotarac sera candidat sur la circonscription Rhône Amont. Celle incluant notamment Vaulx-en-Velin, là-même où il s’est présenté aux législatives il y a deux ans sous les couleurs de la France Insoumise.

Un RN favorable à l’Anneau des sciences, « sous conditions »

Comme pour les élections européennes, les candidats du RN se présentent pour entrer dans une assemblée dont ils ne veulent pas. Andréa Kotarac et ses nouveaux amis l’ont redit, la Métropole de Lyon est pour eux « spoliatrice des pouvoirs des maires et des communes ».

Alors ils veulent y envoyer des élus « qui seront des ambassadeurs et des défenseurs des communes ». Ainsi, ils proposent de garantir « les pouvoirs du maire en matière d’urbanisme » afin qu’il garde le dernier mot en matière de permis de construire. Ainsi que la mise en place d’un « référendum d’initiative locale », même si la collectivité n’en a juridiquement pas le droit.

Andréa Kotarac a déroulé d’autres axes programmatiques, couleur RN :

  • plus de moyens pour la sécurité avec un fonds de dotation de 50 millions d’euros par an pour aider les communes à s’équiper  qu’ils comptent financer notamment en faisant des économies sur  le coût de la prise en charge des mineurs non accompagnés, compétence obligatoire de la Métropole ;
  • « fin des subventions aux associations communautaristes » ;
  • création d’un guichet unique « pour tous les problèmes sociaux ».

Il s’est dit favorable à l’Anneau des sciences (bouclage du périphérique lyonnais) à la condition de revoir le tracé et l’implantation de l’échangeur prévu à proximité des hôpitaux ouest. Côté transports en commun, ils souhaitent arrêter le développement des tramways et prolonger les métro A vers Décines puis à terme vers l’aéroport Saint-Exupéry et la ligne A au sud vers les hôpitaux sud.


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