Découvrez la tribune d’Emmanuel Dockès, professeur agrégé de droit français, spécialiste de droit du travail. Il est professeur de droit à l‘Université Paris–Nanterre. Il interviendra le 15 novembre lors d’un débat intitulé « Nouvelles sociétés, nouveaux modèles de gouvernement ? ».
Inventer un cadre juridique réaliste, concret, précis, qui respecte les valeurs fondamentales de liberté et d’égalité, si peu effectives aujourd’hui, et qui réduise drastiquement les dominations subies est l’objet de la « misarchie » (étymologiquement, « misarchie » signifie détestation du pouvoir).
Les principales sources de dominations actuelles sont le capitalisme et l’Etat. Et l’un comme l’autre ne cessent de s’intensifier (néo-libéralisme d’un côté, montée des Etats autoritaire de l’autre). Pour aller radicalement dans l’autre sens, en misarchie, le capitalisme et l’Etat ont été supprimés. Mais comment cela peut-il être concrètement possible ?
Supprimer le capitalisme, mais comment ?
Supprimer le capitalisme est nécessaire et urgent, pour sauver la planète, réduire le despotisme entrepreneurial, réduire les inégalités de fortune, … Mais attention, il faut le faire sans porter atteinte à la liberté d’entreprendre, laquelle est indispensable à la liberté tout court. Pour supprimer l’un sans porter atteinte à l’autre, une solution, détaillée dans la misarchie, consiste a permettre (et encourager) la création d’entreprise, mais a exiger que toutes les entreprises tendent, à moyen terme, vers l’autogestion. La propriété d’un entreprise par un entrepreneur devient ainsi une propriété lucrative certes, mais fondante, comme toutes les propriétés le sont d’ailleurs en misarchie.
Supprimer l’Etat, sans supprimer les fonctions régaliennes indispensables ou même simplement utiles (police, impot, services publics…) suppose d’aller plus loin dans la division des pouvoirs. L’Etat c’est la prétention à la souveraineté.
Pour supprimer l’Etat, il suffit de lui couper la tête
Pour supprimer l’Etat, il suffit de lui couper la tête, autrement dit de supprimer toutes les fonctions qui prétendent exprimer la souveraineté (Président, Gouvernement, Parlement…) et de les remplacer par des « districts » ayant des fonctions plus limitées, plus spécialisées. Un district de l’éducation par exemple, avec ses élus, ses tirés au sort, sa part de prélèvement obligatoires permettra que l’éducation reste gratuite, etc. Supprimer l’entité suprême, n’interdit de pas de conserver des organisations, du droit, de la justice et même des, puisqu’il est difficile de s’en passer totalement, des prisons…
Le Voyage en misarchie est un recueil de propositions, parfois d’astuces, pour construire juridiquement un pays de liberté et d’égalité comme il n’en existe pas, avec un respect de la planète comme il n’en existe pas, mais avec les êtres humains qui existent, à savoir nous autres, inchangés, ni pire ni meilleurs que nous ne le sommes aujourd’hui.
« Nouvelle société, nouveaux modèles de gouvernement ? », vendredi 15 novembre, de 19h à 20h30, amphithéâtre Laprade, Université Lumière Lyon 2. Animé par Olivier-Pascal Moussellard (Télérama), avec :
- Emmanuel Dockès : Emmanuel Dockès est professeur agrégé de droit français, spécialiste de droit du travail. Il est professeur de droit à l‘Université Paris–Nanterre. Il est également cofondateur de l‘Université Populaire de Lyon.
- Carole Couvert : Carole Couvert a été responsable marketing puis responsable de plateau d’accueil téléphonique et physique pour GDF Suez. Elle est aujourd‘hui Vice–Présidente du Conseil Économique, Social et Environnemental.
- Pierre-Henri Tavoillot : il est maître de conférences en philosophie à la Sorbonne–Paris IV. Il préside le Collège de philosophie, et codirige la collection « Nouveau collège de philosophie » chez Grasset.
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