C’est par un communiqué, envoyé ce jeudi 10 juillet au soir, qu’Anne Brugnera l’a fait savoir. L’actuelle députée de la 4e circonscription du Rhône a officiellement demandé l’investiture de son parti, La République En Marche (LREM), pour les élections municipales à Lyon en 2020.
Les bébés-Collomb ne veulent vraiment plus de papa
Dans son annonce, elle avance les habituels poncifs de cet exercice de style. Elle a donc « longuement mûri et réfléchi » sa décision, « aime cette ville » et « correspond à cette ville ».
Dans ce qui ressemble à une lettre de motivation pour une embauche, elle n’oublie pas non plus de dire qu’elle envisage bien entendu « la politique comme une aventure collective ». Car il faudra « mener une équipe renouvelée et rassemblée au service des Lyonnais. »
Au-delà du côté convenu et tarte à la crème, on peut aussi y voir un petit clin d’oeil à son mentor et actuel maire de Lyon. Gérard Collomb n’est pas vraiment réputé pour son management horizontal. Dans le numéro de Paris Match du 11 juillet, il le rappelle d’ailleurs :
« Si on ne sait pas trancher, c’est vite le bazar ».
C’est effectivement un peu le bazar pour lui en ce moment. Justement parce qu’il ne peut pas trancher seul. Il attend même qu’on tranche pour lui. En premier lieu le Président de la République, pour savoir qui de lui ou de David Kimelfeld mènera la liste LREM pour l’élection métropolitaine. Il l’avoue bien volontiers dans l’hebdomadaire :
« Soit Macron me passe à la moulinette, soit il se souvient. Qui a passé son Noël à collecter des signatures pour lui permettre de se présenter à la présidentielle ? C’est moi ! »
Anne Brugnera soutien et ombre de David Kimelfeld
La candidature à l’investiture d’Anne Brugnera peut alors être vue comme un pion de plus avancé pour museler l’ancien ministre de l’intérieur. Difficile d’imaginer son initiative faite sans l’aval de David Kimelfeld. Il a d’ailleurs publiquement salué cette annonce programmée.
Anne Brugnera, est un bébé-Collomb de plus qui tente de tuer le père. L’ancienne adjointe en charge des écoles, était sur la scène du Cirque Imagine aux côtés de David Kimelfeld pour lancer sa campagne pour 2020.
Environ 500 personnes au meeting de lancement de la campagne de @DavidKimelfeld#NousSommesLaMétropole.
Parmi les personnalités qui s’affichent dans le camp DK : @Citizen_PENico, @GKepenekian, sur scène. Mais aussi JL Da Passano, maire d’Irigny ou l’adjoint à la culture @LoGraber pic.twitter.com/9bVJVYD788— Laurent Burlet (@LaurentBurlet) 22 juin 2019
Auparavant, elle avait soutenu, avec un autre député LREM et ancien bébé-Collomb, Thomas Rudigoz, la fronde de marcheurs du Rhône contre leur référente départementale (une certaine Caroline Collomb).
Au retour de Gérard Collomb à Lyon, après sa démission du ministère de l’Intérieur, elle n’était pas sur le quai de la gare pour l’attendre. Pas plus qu’elle ne commenta ce retour, orchestré, du chef local. Une distance et un silence remarqués.
Ménager Collomb tout en le maintenant dans un cul de sac
Dans sa bouche, aucun mot dur contre Gérard Collomb toutefois. Elle acte encore une fois la volonté du maire de Lyon de ne pas se représenter l’an prochain pour le même fauteuil. Une façon donc de le cantonner à une élection pour laquelle il semble aujourd’hui encore en difficulté auprès de ses soutiens passés. Et pour laquelle David Kimelfeld ne semble pas prêt à renoncer. Comme il l’a redit suite à la proposition, un brin fébrile, de partager avec lui un éventuel prochain mandat.
Son annonce est aussi et enfin l’affirmation de son ambition personnelle. Elle possède quelques atouts non négligeables. Elle a été en charge des écoles, une des rares compétences propres aux municipalités. Députée de la 4e circonscription du Rhône, elle est élue sur un territoire comportant notamment le 6e arrondissement de Lyon. Traditionnellement à droite, sa candidature avec une couleur macroniste pourrait être un atout dans un arrondissement stratégique pour 2020.
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