Entretien fourni au cours duquel nous avons abordé la question de la ville et de la vie qu’on y mène, celle du quotidien rêvé ou non de poète, du monde de l’édition, de la poésie et de ses multiples supports, du geste d’écrire…
Rue89Lyon : Dans tes écrits, on trouve le thème récurrent et, peut-être, autobiographique, de la galère de l’écrivain, du poète. Tu ne verses pas dans la “bohème” fantasmée, loin s’en faut. Dans ton recueil « Faut bien manger », je cite : “Ma situation continue à décevoir ou à interroger”. “Et t’arrives à en vivre ?”. “Le soir avec mes potes / je partageais mes doutes / ma peur notamment de manquer d’argent.”
Quelles sont les réactions autour de toi vis-à-vis de tes choix de vie, de ton métier ? Comment socialement te sens-tu perçu ?
Emanuel Campo : Ça engendre parfois de l’inquiétude. Une fois, on m’a dit que je devrais faire ça le dimanche. Mais au final, j’ai autant de marques d’encouragement que d’indifférence. Je choisis ce que je fais. J’essaie de ne pas subir. C’est mon travail, point. Mais quand il m’arrive d’écrire sur ce sujet, ce n’est pas prémédité. Ça arrive car je raconte simplement un quotidien et je m’arrête sur des situations qui sont prétextes à montrer autre chose.
J’essaie de ne pas me percevoir socialement car cela crée bien souvent des frustrations.
Et sinon, je me dis que j’ai de la chance de pouvoir voyager quand j’ai des dates dans d’autres régions.
« On a aussi notre lot de haters et de trolls, faut pas croire. Il n’y a pas que le rap français qui a droit à ses ‘c’était mieux avant’ »
Il y a malgré tout un microcosme poétique très actif en France et particulièrement dans la région qui, me semble-t-il, se soutient, qui développe une forme de solidarité avec des relais, des collaborations. Cela fait un moment que tu en fais partie, que peux-tu nous en dire ?
Ce que je vois à ma petite échelle, c’est que ce qu’on appelle pour faire simple « le milieu de la poésie » n’en est en fait pas un. Il n’y a pas de milieu. C’est un ensemble hétérogène de réseaux, d’associations, de groupes, de relations, d’artistes que parfois tout oppose et qui ne se croisent parfois jamais. Des personnes naviguent d’une entité à une autre.
Certaines prennent l’initiative de créer un projet, se croisent un temps avec d’autres, se séparent, arrêtent leurs activités, en recréent ailleurs, autrement… Les poètes par exemple ont rarement qu’un seul éditeur et publient dans plusieurs revues.
Il me semble que si tout cela tient, c’est uniquement grâce au temps, aux initiatives personnelles ou de groupe, et aux relations humaines. De nouvelles maisons d’éditions et de nouveaux auteurs apparaissent constamment, d’autres s’accrochent ou s’enracinent.
Aussi, il y a tout un champ de la poésie contemporaine ignoré par le secteur de l’édition, qui vit sur scène, sur le web ou en musique. Alors, on a aussi notre lot de haters et de trolls, faut pas croire. Il n’y a pas que le rap français qui a droit à ses « c’était mieux avant ».
En gros, les principaux acteurs sont les poètes, les éditeurs, les revues de poésie (format papier et web), les librairies et les opérateurs culturels que sont les scènes poétiques, les organisateurs d’événements, les salons du livre, les festivals, les Maisons de la poésie… Ce qui fait dire à certains que le monde de la poésie est fermé, c’est soit la peur de toquer à la porte ou de la défoncer, soit un manque de connaissances, soit de mauvaises expériences, soit simplement qu’ils se portent mieux en dehors.
Malgré certaines aides aux éditeurs et aux auteurs déjà existantes, la poésie est une discipline artistique qui reçoit peu de soutien et de reconnaissance institutionnelle. Cela peut empêcher l’accès à un plus large public et ralentir le développement de certains acteurs.
Contrairement au théâtre, il n’y a pas de réseau de production ou de diffusion aussi structuré que celui des scènes conventionnées. Beaucoup d’associations programmant des événements de poésie tiennent grâce au bénévolat et à l’engagement des équipes organisatrices qui sont d’abord composées de lecteurs ou d’auteurs passionnés avant d’être des professionnels du secteur culturel.
Parfois, je le regrette, car monter un festival ou une programmation exige une ingénierie en montage de projet. Il faut des compétences techniques en administration et en communication. Cela peut avoir une incidence sur la fréquentation du public et la qualité des événements. Mais ce contexte très ouvert, sans poids institutionnel, qui de l’extérieur peut paraître très amateur, favorise et crée souvent des espaces de créativité, de convivialité et d’hospitalité précieux et non négligeables.
Alors on apprend sur le tas, on trouve des solutions, on crée son truc dans son coin, on mutualise, on se crowdfounding les uns les autres…
On peut se retrouver à 200 ou 300 dans une salle pour écouter de la poésie. Il n’est pas rare par exemple de voir un jeune poète (dans le parcours, pas dans l’âge) partager une scène ou le sommaire d’une revue avec des figures confirmées de la poésie actuelle.
« 90% de mes connaissances qui lisent régulièrement de la poésie sont des gens qui en écrivent »
Comment la création poétique contemporaine peut-elle trouver l’écho qu’elle mérite d’après toi ?
On parle là d’une pratique de proximité qui ne se veut pas spectaculaire. Je suis tiraillé entre deux convictions.
Autant je vois de plus en plus de personnes qui n’en lisent pas, adhérer à la poésie et qui me disent « c’est extraordinaire tous ces bouquins et ces trucs qu’ils font au micro. J’veux voir ça plus souvent. »
De l’autre côté, je n’arrête pas de constater que c’est une culture de pratiquants : 90% de mes connaissances qui lisent régulièrement de la poésie sont des gens qui en écrivent. Pour se nourrir, faut s’investir et la chercher. Et cela nécessite du temps, de la volonté…
Et donc a-t-elle besoin de trouver un écho plus large ? Je ne sais pas. La création contemporaine se diffuse par trois canaux : la vente des recueils et des revues, à travers des événements de poésie et évidemment Internet. Oui, on voudrait qu’elle se vende davantage. Mais contrairement aux idées reçues, la poésie contemporaine s’achète et se vend même bien parfois en librairie. Il y a un lectorat et un public qui existent et qui se renouvellent.
Mais pour l’élargir… Peut-être améliorer la qualité de nos évènements : « Et si au lieu de programmer dix poètes, j’en invitais que sept, ce qui me permettrait de mettre plus de sous dans la médiation auprès du public ou de payer un graphiste pour nous faire une belle affiche plutôt que je bidouille moi-même un truc médiocre ? ».
Et puis il y a Internet, qui n’est en rien une originalité puisque c’est aujourd’hui une norme. Il y a surtout des revues, des blogs et quelques podcasts proposant du contenu sur la création actuelle. Mais pas assez. Il manque des émissions de débats et de critique. Et il y a des chaînes YouTube.
Mais je ne crois pas à l’idée qu’investir les réseaux sociaux par des vidéos de poètes qui disent des textes change en quoi que ce soit la qualité de la création poétique. Ça donne de belles vidéos de communication qui servent de promo ou alors de formidables archives pour le patrimoine poétique contemporain. Rien ne sera jamais aussi fort que de lire seul un bon livre, ou d’écouter une personne dire un texte depuis une scène.
Il existe déjà une poésie pour chacun, mais c’est comme pour le golf, faut accepter de fouiller et de pratiquer un peu avant de trouver son club idéal. En poésie, le temps et le travail sont nos meilleurs alliés. Et puis surtout, on a le droit de ne pas aimer. La poésie ce n’est pas mieux qu’autre chose.
Je note que « Faut bien manger » commence par une scène de sexe. On peut la prendre soit façon “le loup de Wall Street” ou encore “en solo dans les WC au travail”. Le sexe, le début de tout ?
Un texte plutôt performatif en effet… Je répondrai en invitant les lecteurs à lire « Septentrion » de Louis Calaferte qui commence par cette phrase « Au commencement était le Sexe. »
« Je me construis des extensions de moi-même qui me donnent de la force pour rectifier le tir ou amplifier le geste »
« Faut bien manger » (éd. la Boucherie littéraire, 2019) fait suite à « Puis tu googlas le sens du vent pour savoir d’où il venait » (éd. Gros Textes, 2018) et encore avant « Maison. Poésies domestiques » (éd. la Boucherie littéraire, 2015), où à chaque fois c’est une vie quotidienne, peut-être la tienne, qui est prétexte à la conception de récits et de formats d’écriture originaux.
Je parlais d’autobiographie juste avant ; peux-tu nous parler de ce qui t’inspire, de ce que tu décides de conserver dans ce qui t’entoure et qui fait le matériau poétique ?
Une situation anodine, drôle ou tragique de la vie quotidienne peut être chez moi un prétexte pour produire une pensée, un mot d’esprit grinçant, dessiner le contour d’une anomalie pour la repérer, ou identifier une banalité pour l’accepter.
Je dirige parfois ma caméra vers des endroits où la réconciliation n’a pas lieu, où la personnalité râpe contre la réalité objective.
Parfois, j’écris la répartie que j’aurais dû avoir face à quelqu’un. Je me construis des extensions de moi-même qui me donnent de la force pour rectifier le tir ou amplifier le geste. Je fais le choix d’écrire dans une langue orale, incarnée et adressée car j’écris pour lire à voix haute en mode « ici et maintenant » sans quatrième mur.
Y a-t-il des thèmes que tu as pu aborder auxquels tu pourrais dédier tout un recueil, comme l’enfance par exemple ?
Il y aura encore le sujet de l’enfance et la transmission dans le recueil qui fera suite à « Maison. Poésies domestiques ». Sinon, je voudrais réussir à pondre quelque chose à propos de la musique. Mais je n’arrive pas pour l’instant à m’emparer du sujet sans avoir peur de le casser. Or, j’ai besoin de trouver la bonne distance pour traiter d’un sujet avec légèreté sans avoir peur de le faire tomber par terre.
Tu parles plusieurs langues, grâce à tes origines suédoises, est-ce que cela a influencé en partie ton rapport à la langue, à l’écriture ? As-tu des exemples de carambolage ou de superposition, d’inventions, liées à la cohabitation de ces différentes langues chez toi ?
Bien que j’adore écouter de la poésie en VO et que je sois attentif aux rythmes et sensible aux sonorités, les différentes langues n’influencent pas mon écriture dans la mesure où je pense et n’écris qu’en français. Pour formuler une pensée, j’ai besoin de maîtriser toutes les étapes de la chaîne de montage.
Je ne suis pas encore totalement réconcilié avec moi-même pour penser sans complexe une cohabitation possible entre mes deux langues. Mais, spoiler alert, cette question sera peut-être l’un des sujets de mon recueil en cours d’écriture, le « Maison 2 » dont je parlais précédemment.
Travailler une forme mêlant plusieurs langues nécessiterait pour moi de m’en emparer comme sujet. Pour le moment, ça passerait uniquement pour de l’opportunisme.
« C’est l’éditeur qui m’a entendu sur scène et qui m’a proposé de lui envoyer un texte »
Quelles ont été tes expériences avec le monde de l’édition ?
Pour le moment que des bonnes car je n’ai eu de projet concret qu’avec les maisons avec qui je travaille. Je n’ai encore qu’un modeste parcours. Etudiant, je faisais partie d’une association étudiante qui éditait une revue de poésie, Némésis.
Je l’ai découverte en butant sur un exemplaire qui trainait sur le sol de la cafèt’ puis je me suis rendu à une soirée lecture organisée par l’asso. De-là, j’ai intégré l’équipe.
Sous l’impulsion de la présidente, cette revue gratuite, dans laquelle nous publiions nos poèmes, illustrations, photos et BD, a fini par être tirée en couleur à 3000 exemplaires pendant quelques années. On la distribuait sur le campus et en ville. À partir de 2011, j’ai choisi de faire un pas vers le monde de l’édition de la poésie contemporaine, d’en lire plus activement, de me déplacer aux salons, de m’abonner aux revues, d’acheter pour découvrir plusieurs maisons dans le but de savoir où je me situais.
Ça a été là un réel investissement. J’ai appelé ça “mon plan de guerre”.
Quatre ans durant, j’ai essayé de m’ouvrir et de m’intéresser. Avant d’être publié aux éditions la Boucherie littéraire, je n’avais jamais envoyé de manuscrit à un éditeur. C’est l’éditeur qui m’a entendu sur scène et qui m’a proposé de lui envoyer un texte. Il venait tout juste de créer sa maison. De-là, nous avons construit ensemble mon premier recueil « Maison. Poésies domestiques ».
Et bien que cela soit mes poèmes, c’est un bien à deux que nous avons conçu ce livre et le suivant. Pour mon recueil « Puis tu googlas le sens du vent pour savoir d’où il venait », j’avais là une idée très précise et personnelle de ce à quoi il devait ressembler.
Je connaissais les éditions Gros Textes, chez qui je me suis gavé en tant que lecteur assidu, puis très vite nous nous sommes rencontrés sur des événements.
Je la fais courte, beaucoup d’évidences, et bim !
Quel est le public des lectures et formats scéniques que tu donnes régulièrement, comment le qualifierais-tu (au choix : jeune, vieux, trop épars, gentil, super intelligent, évanescent, perché, etc.) ?
Méfions-nous des clichés. Il y a de tout en poésie ! Le plus souvent un public attentif. Un événement ou une soirée ressemble surtout à celui qui l’organise : il a le public du réseau auquel il appartient. Contrairement à la rockstar, le poète, lui, n’a pas “son” public. C’est l’organisateur qui en a un. Ouais je sais c’est nul. Il y a toujours le noyau dur d’habitués ou ceux venus pour soutenir. Et franchement, il y a toujours une part de personnes qui viennent écouter de la poésie pour la première fois.
« C’est à Lyon que je suis passé de ‘j’aimerais bien faire ça’ à ‘je fais ça’. »
Quels auteurs ou, plus largement, quels artistes (musiciens, chanteurs, etc.) t’ont inspiré, t’ont porté et te portent encore ?
C’est une liste qui se renouvelle constamment. Aimé Césaire est peut-être le premier poète que j’ai beaucoup relu, puis Dan Fante, peut-être le plus important avec Raymond Carver que j’ai découvert bien plus tard. Le recueil « Les derniers seront les derniers « de Thomas Vinau aux éditions le Pédalo Ivre à Lyon a aussi été un livre qui m’a ouvert des portes-fenêtres dans la tête avant que je ne publie.
« Je m’ennuie sur Terre » de Jean-Pierre Georges aux éditions le Dé bleu et « Fac-similé » de Louis Calaferte chez Tarabuste sont des livres déterminants pour moi.
Plus jeune, quand je ne lisais pas beaucoup, je me nourrissais en texte avec les disques : James Delleck, Rocé, la Rumeur, la Caution… Aujourd’hui avec Odezenne, Damso, Veence Hanao… J’aime beaucoup, mais je ne m’en inspire pas, c’est juste pour citer des noms.
Tu fais partie du jury du concours de nouvelles que Rue89Lyon organise. Que représente Lyon dans ton parcours d’artiste ; ce territoire a-t-il joué un rôle spécial ?
C’est à Lyon que je suis passé de “j’aimerais bien faire ça” à “je fais ça”. Ce que j’y ai vu m’a inspiré et accompagné dans mon parcours. Lentement mais sûrement, j’ai fait des rencontres déterminantes qui ont eu de nombreuses répercussions dans ma situation actuelle. Et étrangement, Lyon m’a surtout permis de m’en extraire.
C’est une ville centrale géographiquement, ce qui m’a permis d’être mobile et de mener des projets ailleurs.
Quel peut être l’avenir d’une métropole, comme Lyon ou comme de nombreuses autres en Occident ?
Peut-être qu’elles pourraient davantage se densifier pour éviter l’étalement des zones péri-urbaines, ces espaces mi-campagne, mi-ville, histoire de préserver les espaces naturels qu’ils nous restent.
Qu’elles pourraient devenir de véritables capitales régionales en rééquilibrant les circuits de manière plus favorable à son territoire proche. Qu’elles pourraient favoriser l’émergence de nouveaux modes de vie, qu’elles se voudraient plus inspirantes, moins excluantes territorialement. Qu’elles pourraient devenir des places fortes culturelles en dialoguant davantage les unes avec les autres afin de dépolariser les capitales.
Tu écris “ce que j’entends / que la ville c’est le travail / que le travail c’est la ville / que la ville soit tu l’aimes soit tu la quittes pas”. Ta poésie est aussi un lieu d’interrogation sociale et politique, en tout cas l’occasion de poser ton regard sur la “violence” ou encore les exigences d’un milieu urbain.
Vivre en ville est devenue la norme. Désormais, plus de 50 % de la population mondiale est urbaine. Et le chiffre augmente.
Il y a là les préoccupations d’une génération, la tension entre le projet de quitter ces endroits d’exigence, et celui de rester dans ces mêmes endroits qui permettent tant de choses en matière culturelle, notamment.
Endroit d’exigence, la formule est juste. C’est un poème qui parle de ce qu’on est prêt à quitter comme commodités pour aller vivre à la campagne. La ville est un espace qui nous travaille au corps, qui nous met à l’épreuve et qui en même temps nous enrichit : elle est par définition un territoire où se côtoient des personnes venant d’ailleurs. Sans cesse, elle nous remet en question, nous et notre comportement.
On est comme ces vieux bâtiments qu’on détruit pour en reconstruire d’autre. C’est violent de voir changer le quartier dans lequel on a grandi par exemple, mais c’est le jeu. J’en suis à un moment de ma vie où j’envisage de quitter la ville. Moi qui pourtant ne jurais que par elle.
Je travaille très peu dans celle que j’habite et elle n’est plus un lieu qui me régénère. J’ai clairement une nouvelle présence à inventer, de nouveaux espaces symboliques à investir.
Actuellement, c’est plus un lieu de concentration de services et d’échange avec les institutions. J’ai l’impression de n’y être qu’un simple usager.
Quels conseils ou quels mots pourrais-tu transmettre pour l’écriture de ces nouvelles ?
Un mot pour ceux qui hésitent. Qu’il ne faut pas participer par opportunisme. Si le thème, le format ou les modalités du concours sont contraignants, ne pas faire son forceur, ça risque d’amener de la frustration si on n’est pas sélectionné. Autant mettre son énergie et son talent dans ce qu’on sait faire. Ça fera gagner du temps.
Et pour ceux qui veulent participer, j’ai envie de partager une citation que j’ai entendue un jour à la radio. Je ne sais pas qui est son auteur ou qui était l’invité mais j’ai entendu :
« On n’écrit jamais sur un sujet, on écrit submergé par un sujet. »
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