Il s’était rendu sur place quelques heures après l’explosion rue Victor Hugo. Christophe Castaner est revenu à Lyon ce lundi. Cette fois-ci, au siège de la police lyonnaise.
Arrivé à 17h, à l’hôtel de police de Lyon rue Marius Berliet (8ème arr.), le ministre de l’Intérieur, accompagné du secrétaire d’Etat Laurent Nuñez, a pris la parole à 19h après un temps de discussions avec les services chargés de l’enquête.
Exit les interrogations des journalistes pourtant venus en nombre à la suite d’une invitation presse envoyée par le ministère de l’Intérieur. La séquence « micro tendu » s’est transformée en une simple déclaration de Christophe Castaner. Comme cela avait été le cas lors de son premier déplacement après l’attaque de Strasbourg, la presse n’a pas pu poser de questions.
On aurait aimé en savoir plus sur le profil du principal suspect, en garde à vue depuis ce matin, notamment pour couper court aux informations erronées qui circulent.
Durant 4 minutes de discours, aucun nouvel élément d’importance n’a été transmis par le ministre de l’Intérieur qui, sur la question, a décidé de ne pas parler trop vite. Voire pas du tout.
« Vous le savez, un suspect a été interpellé ce matin. Il ne m’appartient pas de vous donner plus d’éléments sur le profil de l’individu, ou même de l’évoquer », a déclaré Christophe Castaner.
Et de conclure :
« Tout sujet sur cela pourrait contrevenir à l’intérêt de l’enquête. »
« Une enquête difficile », selon Christophe Castaner
Christophe Castaner a donc fait le déplacement pour parler d’une « enquête difficile » et de « l’exploitation de plus 300 appels téléphoniques et d’un nombre d’heures très important de vidéos ».
Le premier flic de France a utilement rappelé que l’enquête était conduite sous l’autorité du procureur de la République de Paris (en charge de la lutte contre le terrorisme) qui est censé être l’autorité qui communique sur le sujet. Lequel procureur, Rémy Heitz, n’a pas tenu de point presse depuis ce samedi.
Ce lundi, c’est le maire de Lyon qui, en revanche, a davantage communiqué. Absent le jour de l’explosion, Gérard Collomb s’est exprimé sur le site Internet du Progrès pour donner les détails sur l’interpellation du principal suspect et défendre la vidéosurveillance mise en place dans sa ville.
« Les opérateurs du Centre de supervision urbaine de Lyon ont retrouvé, dimanche, la trace du suspect, grâce à un visionnage méticuleux des images de toutes nos caméras. Ils l’ont repéré vers la Confluence.
Puis il a été suivi jusqu’à son domicile d’Oullins. La police a décidé de ne pas l’interpeller là, de crainte qu’il y ait de l’explosif dans son appartement. Ce matin, à sa sortie du bus, boulevard Yves-Farge, trois voitures de police l’attendaient. Il a levé les bras en l’air dès qu’il les a vues. »
Une manière de prendre la parole qui n’est pas du goût de son successeur place Beauvau :
« J’appelle chacun à respecter le temps de l’enquête. Le temps n’est pas aux commentaires, elle est à l’investigation, à la police. »
Pour le procureur de la République de Paris, Castaner et Collomb parlent trop
Ce mardi matin, au micro de CNews, le ministre de l’Intérieur a été plus clair, en conseillant au maire de Lyon ne de « jamais trop parler ».
Christophe Castaner : « Gérard Collomb m’a adressé un conseil, celui de ne jamais trop parler. Il avait raison » pic.twitter.com/iURz2ypupZ
— CNEWS (@CNEWS) May 28, 2019
Mais Christophe Castaner s’est lui-même mis dans la peau du procureur de la République de Paris en déclarant notamment, toujours sur CNews :
« L’enquête se poursuit, avec des éléments suffisamment caractéristiques pour que, à l’heure où je vous parle, je n’ai pas de doute sur le fait nous avons actuellement en détention le responsable de cet acte qui aurait pu tuer».
Un peu plus tard dans la matinée de mardi, c’est le porte-parole du ministère de la justice qui a repris Gérard Collomb sur Twitter.
Donc dorénavant le Maire d’une ville peut faire le point sur une enquête criminelle en cours, donner les avancées et le résultat des investigations dans les médias. Il faut qu’on pense à préciser dans le Code de procédure pénale que le maire dirige la police et fait la com.
— Youssef Badr (@porte_parole_MJ) 28 mai 2019
Après la chancellerie, c’est le procureur de la République de Paris qui a donné, entre les lignes, des mauvais point à l’ex-ministre de l’Intérieur mais aussi à l’actuel.
Rémy Heitz, dans un court communiqué, rappelle que l’enquête est « couverte par le secret » :
« En application de l’article 11 du code de procédure pénale, il est le seul à pouvoir rendre publics des éléments objectifs tirés de la procédure ne comportant aucune appréciation sur le bien-fondé des charges retenues contre les personnes mises en cause ».
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