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Le périph’ lyonnais à 70 km/h (1/2) : quels effets sur la pollution de l’air ?

Lundi 29 avril, la limitation de vitesse sur le boulevard périphérique lyonnais va passer de 90 km/h à 70 km/h. Si la Métropole de Lyon vante une mesure écologique, son impact réel sur la pollution de l’air semble être à relativiser.

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Périphérique-UC1

Fini les 90 km/h… Dans quelques jours, les Lyonnais devront lever le pied sur le boulevard périphérique. La vitesse maximale passera à 70 km/h. La mesure s’appliquera à tout le boulevard Laurent Bonnevay, au périphérique nord ainsi que sur les 25 km de l’A6/A7 qui séparent la porte de Valvert de Saint-Fons.

Réduire la vitesse sur le périph’ de Lyon pour moins polluer

Pour faire passer la pilule auprès des automobilistes rarement disposés à réduire leur vitesse, la Métropole de Lyon évoque la réduction des nuisances sonores « pour les habitants et habitantes des 30 000 logements situés le long du boulevard » et la sécurité routière.

Mais la collectivité, propriétaire de l’infrastructure routière, mise principalement sur la réduction des niveaux de pollution de l’air. Annoncée le 25 septembre dernier, cette décision s’inscrit dans le cadre du Plan Oxygène qui comprend également la création d’une « zone à faibles émissions » et  la transformation des 16 km de l’autoroute A6/A7 en « boulevard urbain apaisé ».

Le président de la Métropole, David Kimelfeld, justifiait alors cette décision en mettant en avant une « politique volontariste » pour lutter contre la pollution :

« Qualité de l’air oblige : la vitesse maximale sur le boulevard périphérique de Lyon passera de 90 km/h à 70 km/h pour réduire la pollution ».

Cette communication ne s’arrête pas aux discours politique. Dans une FAQ publiée sur son site, la Métropole de Lyon affirme :

« Rouler moins vite, c’est émettre moins de polluant. Lorsque l’on baisse la vitesse de circulation, cela a un effet significatif sur les émissions de dioxyde d’azote (NO2). C’est l’un des principaux polluants que l’on retrouve pendant les épisodes de pollution de l’air. »

– 2% et – 4% sur les principaux polluants suivis

Atmo Auvergne-Rhône-Alpes a été associé à cette décision. Nous avons interrogé Claire Labartette, référente territoriale pour Lyon de l’organisme en charge du suivi de la qualité de l’air. Selon elle, la nouvelle limitation de vitesse entrainerait une légère baisse d’émission de dioxyde d’azote et de particules fines :

« L’étude prévisionnelle qu’on a réalisée montre une diminution des émissions de 2% pour les particules fines (PM10) et de 4% pour le dioxyde d’azote (NO2). »

Elle tient à ajouter :

« Ça peut sembler être des taux plutôt bas, mais toute amélioration est bonne à prendre surtout dans cette zone ultra-touchée par le dioxyde d’azote. »

La vue sur le périphérique depuis un des balcons de l’UC1, certainement l’un des immeubles de Bron le plus proche du périph’. Cette barre HLM est promise à la démolition.

Les autoroutes urbaines font exploser les compteurs de la pollution

Un simple regard aux cartes ci-dessous, représentant la concentration moyenne en 2018 de dioxyde d’azote et de particules fines dans l’agglomération lyonnaise, permet de constater que les zones proches des grandes voiries sont les plus exposées à ce polluant.

La concentration de dioxyde d’azote (à gauche) et de particules fines (à droite) dans l’agglomération lyonnaise. Capture d’écran de visuels tirés du bilan 2018 sur la qualité de l’air réalisé par ATMO Auvergne-Rhône-Alpes.

Les – 2% pour les émissions de particules fines et les – 4% pour le dioxyde d’azote annoncés sont à rapprocher des concentrations moyenne relevées en 2018 par la station « Lyon Périphérique » d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes :

  • Un taux de dioxyde d’azote de 66,3μg par m3 (supérieure au seuil sanitaire de l’OMS et à la valeur limite réglementaire de l’Union européenne s’élevant à 40μg/m3).
  • Un taux de particules fines (PM10) de 22,4μg par m(seuil sanitaire de l’OMS : 20μg/m3, valeur limite réglementaire de l’UE : 40μg/m3)

Atmo Auvergne-Rhône-Alpes précise que, dépendantes de facteurs imprévisibles météorologiques, les concentrations de polluants dans l’air, sont impossibles à prévoir.

Autre point d’incertitude : le ralentissement des véhicules pourrait entrainer une congestion du trafic routier et donc une pollution supplémentaire. Mais Claire Labartette se veut rassurante :

« Il y a déjà eu des cas où la diminution de la vitesse légale provoque des phases d’accélération et de décélération mais dans le cas de cette mesure, on est plutôt dans une fluidification de la circulation. »

Pour connaître l’effet de la mesure, l’exécutif de la Métropole s’est engagé à publier un bilan après un an de mise en place.

Claire Labartette d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes conclut :

« Il faut que cette mesure s’accompagne d’une réduction du nombre de voitures en circulation, d’une amélioration du parc automobile et du développement de l’éco-conduite. »


#écologie

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