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A Lyon, des manifestations contre la remise à la rue des sans-abri

Des dizaines de sans-abri pourraient être remis à la rue ce mardi 9 avril, avec la fermeture des premiers centres d’hébergement ouverts pour la période hivernale. Deux manifestations sont prévues pour s’opposer à cette politique d’hébergement qui n’assure pas une continuité dans la prise en charge des personnes.

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Plusieurs centaines de personnes sans-abri sont actuellement sans solution d'hébergement après avoir appelé le 115 à Lyon

Le 31 mars, c’était la fin de la trêve hivernale. Plusieurs acteurs de l’hébergement (Fondation Abbé Pierre, Fédération des acteurs de la solidarité…) ont alerté sur une remise en cause du droit à un hébergement particulièrement importante cette année.

Ce mardi 9 avril, à 8h du matin, le collectif des travailleurs sociaux de l’hébergement d’urgence appelle à un rassemblement devant l’ancienne caserne Chabal à Saint-Priest. Objectif : obtenir un sursis pour les familles hébergées qui pourraient être remises à la rue ce mardi.

Selon ce collectif, deux autres centres, l’ancien siège de la ligue de football à Villeurbanne et « le Chêne » à Bron pourraient également fermés leurs portes.

Mardi après-midi, c’est une autre manifestation qui est prévue. Toujours à l’initiative du même collectif. Le rendez-vous est fixé à 14h devant la Métropole de Lyon pour se rendre à la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS).

Dans son communiqué, le collectif « hébergement en danger » liste les difficultés actuelles :

– « le manque chronique de places d’hébergement et de logement : à Lyon, 6000 dossiers de demande d’hébergement et de logement sont en attente à la MVS (la Maison de la Veille Sociale, qui centralise ces demandes),
– « la remise en cause de l’inconditionnalité et de la continuité de l’accueil : avec la fin du plan froid, 200 personnes seront mises à la rue sans solution, et 330 personnes seront remises à la rue puis réorientées vers un centre de « mise à l’abri, pérenne » mais temporaire dès qu’elles ne correspondront plus aux critères. (…) Dans le Rhône, la volonté est affichée de ne plus permettre aux personnes en situation irrégulière d’accéder au parc de l’hébergement. Il s’agit d’une mesure discriminatoire et qui va a l’encontre des textes de loi (articles L.345-2-2 du CASF),
– « des conditions d’accueil indignes : Les personnes ayant eu accès à une place d’hébergement pendant l’hiver peuvent témoigner d’une dégradation drastique des conditions d’accueil »,
– « la déshumanisation de l’accueil : En juin 2019, la Maison de la Veille Sociale (MVS – l’organisme qui centralise les demandes d’hébergement pour le Rhône) va mettre fin à l’accueil physique des personnes qui s’y rendent pour renouveler ou actualiser leur demande ».

« 80% des sans-abri maintenus dans le dispositif »

Contactée par Rue89Lyon, la préfecture du Rhône, compétente en matière d’hébergement d’urgence, ne répond pas aux revendications du collectif, à savoir l’application de la loi. Et la préfecture ne fournit pas un « timing » des fermetures des centres d’hébergement. On sait juste que cela se fera « progressivement ».

Le porte-parole de la préfecture préfère insister sur les « efforts réalisés » :

« Sur les 879 personnes encore dans le dispositif hivernal, 80% seront maintenues dans le dispositif d’hébergement. En France, c’est rarissime ! »

En réalité, c’est 300 places dites « d’insertion » qui ont été dégagées pour les personnes en situation régulière.
 Pour les autres, c’est encore des critères de vulnérabilité qui vont s’appliquer : 330 places ont être créées pour une « mise à l’abri pérenne le temps de la vulnérabilité repérée ».

Les critères sont : « enfant de moins d’un an, problèmes de santé, femme enceinte de six mois, handicap ».

Soit un total de 630 places pour 879 personnes. Ceux et celles qui entrent dans aucune de ces deux catégories vont donc se retrouver à la rue.

« Notre objectif est constructif, affirme le porte-parole de la préfecture. On ne prétend pas régler le problème mais avancer ».

Les travailleurs sociaux réunis dans le collectif « hébergement en danger » remettent également en question la manière de faire :

« Les personnes devront sortir le matin avant 10h du [centre d’hébergement ouvert pour l’hiver] puis téléphoner elles-mêmes au 115 à 11h pour savoir si elles seront réorientées. Il est donc demandé à plus de 200 personnes de téléphoner au même moment au 115 pour connaître la suite de leur hébergement alors qu’elles se trouvaient une heure avant accompagnées de travailleurs et travailleuses sociales qui auraient pu leur donner cette information si la DDCS avait fait ce choix d’organisation ».

Avec ces grèves et manifestations successives, travailleurs sociaux et militants du droit au logement poussent pour que l’Etat mettent davantage de moyens et règlent le problème de ces personnes coincées dans les dispositifs d’urgence, parce que leur situation administrative ne leur permet pas d’accéder à du logement. D’où les demandes de régularisation qui commencent à émerger, notamment du côté de la Fondation Abbé Pierre.

La reprise des occupations d’écoles pour les enfants sans-abri ?

En attendant, les occupations d’écoles pourraient reprendre. Dans un communiqué, les représentants des parents d’élèves de l’écoles Berthelot (Lyon 7e) expose qu’une maman de l’école, enceinte de cinq mois, et ses deux enfants de un et trois ans, devait être sortie de l’ancienne caserne Chabal. On lui demande d’appeler le 115, expliquent-ils. Et d’annoncer :

« Nous n’accepterons pas que cette maman enceinte dorme dehors avec ses deux petits, si aucune solution ne lui est proposée par le 115 (pour le cas où elle arrive à les joindre). Nous ne pouvons nous résoudre à accepter ces situations intolérables, c’est pourquoi si besoin, nous dormirons avec eux dans l’école pour mettre tout le monde à l’abri des dangers de la rue ».

 


#Fin d'hiver

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