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« Huit ans après la catastrophe nucléaire, quelles perspectives à Fukushima ? »

L’Ecole urbaine de Lyon propose une série de débats et de conférences intitulées « Les Mercredis de l’anthropocène », qui auront lieu aux Halles du Faubourg (Lyon 7è). Rue89Lyon en est partenaire et publie à ce titre les tribunes de certain.e.s des invité.e.s et intervenant.e.s.

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« Huit ans après la catastrophe nucléaire, quelles perspectives à Fukushima ? »

Nous publions ci-après le texte de Marie Augendre, géographe, maître de conférence à l’Université Lumière Lyon 2 et membre du Laboratoire Environnement Ville et Société. Celui-ci nous éclaire sur l’avenir de la ville de Fukushima, 8 ans après la catastrophe naturelle et nucléaire.

Pour les 8 ans de 1F

Le 11 mars 2011, un demi-million de Japonais étaient forcés de quitter leur habitation, suite à la catastrophe qui a commencé par un séisme et un tsunami de grande magnitude, et s’est doublée d’un accident nucléaire comparable à celui de Tchernobyl.

Sur les 165 000 personnes contraintes d’évacuer durablement les territoires contaminés par l’iode et les césiums radioactifs, plusieurs dizaines de milliers ne sont toujours pas rentrées chez elles, huit ans après le début de la crise.

Guérite de contrôle à l’entrée de la zone de retour difficile. Des plaques de plomb (en bleu) limitent l’exposition de l’employé qui vérifie les autorisations des véhicules et ouvre le portail. Commune de Namie, département de Fukushima, 2 novembre 2016. © Marie Augendre

Un retour de la population difficile à estimer

Le nombre exact de ces habitants est difficile à comptabiliser : Il reste 43 000 déplacés forcés, qui ne peuvent pas rentrer chez eux dans la zone dite « de retour difficile« . Ceux qui habitaient dans des communes qui ont été réouvertes ne sont plus comptabilisés en tant qu’évacués, qu’ils soient effectivement revenus ou non.

Enfin, le nombre de personnes « auto-déplacées » qui ont quitté un environnement qu’elles considéraient individuellement comme trop contaminé, en dehors des zones évacuées officiellement, ne font l’objet d ‘aucune statistique officielle. Certaines personnes ne souhaitent d’ailleurs pas du tout être identifiées comme des déplacés en lien avec l’accident.

La réduction progressive de la zone interdite, autour de la centrale 1F, est justifiée par d’importants travaux de décontamination menés dans les communes évacuées, ainsi qu’une centaine d’autres du département de Fukushima ou en dehors de celui-ci, où la contamination initiale dépassait 1 millisievert (mSv) par an (il s’agit d’un seuil d’exposition du corps humain aux rayonnements ionisants artificiels (hors motif médical), retenu à l’échelle internationale pour identifier le risque maximum admissible pour la population générale.

Depuis l’accident, la valeur du seuil retenu pour rouvrir les zones évacuées est passée à 20 mSv/an au Japon).

Ces travaux sont partout considérés comme achevés à l’exception de la zone de « retour difficile » et de quelques kilomètres carrés de « zones spéciales de reconstruction et de revitalisation » à Futaba et Ôkuma, les deux communes mitoyennes de la centrale.

Ainsi, si certaines zones restent trop contaminées pour autoriser un retour des habitants jusqu’à 2022 au moins, aucune commune n’est nommément abandonnée par les autorités de manière définitive.

Ces chiffres sont à mettre en regard de la démographie du pays qui perd 3 à 400 000 habitants par an depuis une décennie. En 2018, la baisse a atteint 450 000 personnes, en raison d’un solde naturel très négatif, non compensé par l’assouplissement timide de la réglementation vis-à-vis des travailleurs étrangers.

Suite à la levée des ordres d’évacuation, une minorité d’habitants est revenue, avec un vieillissement sensible de la population. Dans les communes voisines de la zone de retour difficile, réouvertes à partir de juin 2016, seulement 5 à 20 % de la population de 2011 était revenue en 2018. La proportion passe à 40-70% au-delà, où la réouverture est intervenue à partir de 2014.

Des efforts pour redonner vie au territoire qui interrogent

Dans ce contexte démographique déprimé, l’insistance manifeste pour faire revenir les activités et populations près de la centrale en cours de démantèlement, pourtant toujours vulnérable aux séismes et aux typhons, interpelle.

Elle s’est traduite, en effet, par de nombreuses initiatives : réouverture, en 2017, des dernières zones évacuées sauf celles de « retour difficile », les plus contaminées ; fin des indemnisations pour les évacués en 2018 ; subventions pour la production d’énergie renouvelable ; publicité ostensible pour les denrées alimentaires locales, délocalisation d’une partie des épreuves des JO2020 (baseball) dans la préfecture de Fukushima, et départ du relais de la flamme olympique du complexe sportif situé à 20 km de 1F qui a, de 2011 à 2018, servi de base de vie aux ouvriers travaillant à la centrale…

Le casse-tête de la décontamination

Les travaux de décontamination génèrent des déchets qui contribuent à la dispersion secondaire des radionucléides. Les forêts, impossibles à décontaminer, pourraient être rasées et transformées en copeaux pour alimenter des usines de biomasse ; les sols contaminés remplissent des millions de grands sacs empilés dans des sites temporaires, avant un entreposage près de la centrale.

Après une période fixée par le gouvernement à trente ans pour que la radioactivité s’atténue (une durée qui correspond à la période ou demi-vie du Césium 137), une partie de ces déchets pourrait être recyclée comme matériau de construction d’infrastructures, ou enterrée.

Les déchets organiques sont incinérés pour réduire les volumes ; leurs cendres et les boues d’épuration restent en attente.

Titre et intertitres sont de Rue89Lyon.

« Flecon bags » / sacs de déchets contaminés entreposés en forêt, commune de Hirono – RN 399, département de Fukushima, 30 octobre 2016. ©Marie Augendre

La conférence d’Imanaka Tetsuji sera donnée le mercredi 10 avril 2019 dans le cadre des Mercredis de l’Anthropocène. Elle sera traduite consécutivement en français. 

 

 

 

 


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