Adressé à Acteurs de l’économie, qui lui a consacré récemment un portrait au vitriol (intégré dans un dossier sur la « fin de règne » de Gérard Collomb), le texte signé par Caroline Collomb a rédigé est un plaidoyer teinté de colère froide.
En devenant référente départementale du mouvement de la République en marche en octobre 2017, tandis que son époux avait pour sa part posé ses valises place Beauvau en mai 2017, Caroline Collomb avait suscité les critiques au niveau local.
Pas uniquement pour cette belle image de népotisme que pouvait légitimement renvoyer cette nomination au sein du parti présidentiel LREM, mais aussi parce que sa réputation de scalpeuse autoritaire et particulièrement influente auprès de son « baron local » de mari n’était plus à faire parmi les élus et militants lyonnais.
Puis le temps a passé. L’idylle avec Emmanuel Macron s’est achevée et Gérard Collomb a annoncé son départ du gouvernement, ou plutôt son retour à Lyon.
Pourquoi un tel choix ? Le ministre a clamé sa « passion » pour sa ville, dans une interview donnée au Figaro, puis l’a confirmée ensuite quai de la gare Lyon-Perrache. Il a rappelé son engagement local le plus sincère et le plus urgent. Tout cela devant composer la principale raison de ce départ précipité de Paris.
Très vite, les hypothèses sur les réelles raisons de sa décision ont fusé, ou fuité, dans la presse.
« Des raisons politiques qui appartiennent à Gérard Collomb »
Parmi elles, on a relevé :
- Une volonté de Caroline Collomb de le voir revenir aux affaires lyonnaises, dégénérant largement selon son point de vue avec, en effet, un lâchage en règle d’anciens proches.
- Une volonté de Gérard Collomb d’éclaircir la situation, après avoir annoncé sa candidature pour la mairie de Lyon en 2020, et afin de ne pas être accusé de mener campagne en étant ministre.
- Une manière pour Gérard Collomb de se détacher d’un gouvernement de plus en plus critiqué par les citoyens et de cette étiquette LREM, à la veille de ces élections locales de 2020.
- Un nez creux chez le même Gérard Collomb qui, en tant que ministre de l’Intérieur et personne la mieux renseignée de France, aurait vu le vent tourner et le mouvement des « gilets jaunes » pointer le bout de son nez.
- Une dispute avec « les Macron » et notamment avec Brigitte, très agacée de voir Gérard Collomb peu amène vis-à-vis de son président de mari, dans l’affaire Benalla qui venait d’exploser.
Sans aller jusque dans le détail d’une brouille entre les deux couples autrefois meilleurs amis, la dernière hypothèse qui concerne l’affaire Benalla est bien celle que Caroline Collomb évoque pour expliquer le retour de son mari à Lyon. Non, elle n’est pas la puppet master pas plus que l’intrigante que ses détracteurs décrivent dans la presse. Non, ce n’est pas elle qui a expressément demandé à « Gérard » de rentrer. Elle écrit, sans ciller :
« Je précise que Gérard Collomb a fait le choix de démissionner du gouvernement pour des raisons politiques qui lui appartiennent, notamment suite à l’affaire Benalla. »
Des raisons politiques, dit-elle. Caroline Collomb, en jouant franc-jeu, remet en cause le propos tenu officiellement au moment le plus chaud de cette séquence politique, marquée par le claquage de porte d’un ministre de l’Intérieur. Et cela lui permet surtout de sous-entendre que ce dossier dit « Benalla », toujours en cours et riche de rebondissements, a été géré depuis Paris de manière déplorable. Elle y ré-implique Emmanuel Macron et son premier cercle, l’air de rien.
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