La parole des femmes témoignant pour certaines à visage découvert y est franche et révélatrice. Ce film réalisé par Eric Quintin et Marie-Pierre Raimbault est visible sur Arte depuis ce lundi soir et ci-après. Après les scandales successifs liés à des crimes pédophiles en son sein, l’Eglise va devoir faire face à un nouvel épisode de révélations et de « parole libérée ».
Il concerne cette fois des femmes, laïques ou religieuses, consacrées (c’est-à-dire ayant prononcé des voeux perpétuels) ayant subi l’emprise de prêtres, des assauts de leur part, des agressions sexuelles ou des viols répétés.
Une grande partie du documentaire met en lumière les témoignages et accusations portant sur deux prêtres, le père Thomas Philippe ainsi que son frère cadet, le père Marie-Dominique Philippe. Le documentaire ne donne pas leur nom de famille mais il a été révélé dans des articles de presse et notamment par la revue catholique progressiste Golias en 2015.
Le père Marie-Dominique Philippe a fondé en 1975 une communauté spirituelle appelée « Famille Saint Jean », dans laquelle est donné un enseignement nommé « l’amour d’amitié ». Une interprétation de l’exégèse de Saint-Jean qui permet de mêler « spiritualité et sexualité ».
« On est dans une stratégie de viol, avec une instrumentalisation des évangiles de Saint-Jean », analyse Christian Terras.
« L’homélie de monseigneur Barbarin est hallucinante »
Avant cela, il est accusé par une femme d’avoir commis sur elle des abus, dès 1971. Il l’a ensuite confié à son grand frère, le père Thomas Philippe, qui a agi de la même manière avec cette victime alors âgée d’une vingtaine d’années.
Le père Marie-Dominique Philippe décède en 2006 et lui sont préparées des obsèques de grande tenue à Lyon, sous la houlette du cardinal Barbarin, le 2 septembre de cette année-là. La primatiale Saint-Jean est pleine à craquer, un écran géant à été installé à l’extérieur de la cathédrale. Marie-Dominique Philippe est qualifié de « saint homme » par l’évêque du diocèse de Lyon ; un mot du Pape spécialement rédigé pour l’occasion est lu.
Christian Terras, fondateur de la revue Golias qui a révélé les agissements au sein de la communauté « Famille Saint-Jean », déclare dans le film :
« Le télégramme du Vatican est hallucinant comme l’homélie de monseigneur Barbarin est hallucinante. »
Les témoignages des femmes, concernant Marie-Dominique Philippe, sont arrivés après son décès, mais la façon de fonctionner de la communauté spirituelle était connue au sein de l’Eglise. Qui a jeté un voile pudique sur les orientations choisies.
Dans ce documentaire, la question n’est pas tellement celle du voeu de chasteté formulé mais plutôt d’une domination masculine organisée pour abuser de femmes.
L’un des fondateurs lyonnais de l’association de victimes d’un prêtre pédophile (la Parole libérée) sera sur le plateau télé d’Arte à la suite de la diffusion du documentaire ce mardi soir.
Chargement des commentaires…