« Comme beaucoup d’autres, je regrette, depuis quelques mois, les dérives autoritaires et l’opacité de l’action de la référente de La République En Marche qui m’inquiètent et qui me semblent de plus en plus inconciliables et incompatibles avec l’esprit du mouvement citoyen que j’ai rejoint dès le printemps 2016. »
Jimmy Brumant met en cause, dans un courrier adressé au quartier général de la République en marche, à Paris, la gestion du mouvement dans le département par la référente qui a été choisie pour le département. Qui n’est autre que Caroline Collomb, l’épouse du maire de Lyon et ancien ministre de l’Intérieur.
Il ajoute également, très amer :
« Je tiens par ailleurs à […] signaler que de nombreux jeunes à Lyon et dans le Rhône ont subi de multiples pressions et intimidations de la part de l’entourage de la référente. »
C’est la méthode Collomb qu’il pointe clairement du doigt :
« Et je ne peux cautionner le climat détestable et déplorable qu’ils ont instauré depuis plusieurs mois pour nourrir des ambitions personnelles, en particulier à travers l’association « Prendre un temps d’avance » dont la porosité avec la gouvernance du mouvement dans le Rhône me semble dommageable. »
« Si on n’est pas à Lyon, impossible de comprendre ce qui s’y passe »
Jimmy Brumant a donc décidé de rédiger et de rendre public un courrier pour signifier son départ, mais certains, proches de Gérard Collomb, prétendent que le bureau des JAM lui aurait déjà demandé de partir quelques jours avant, pour « insuffisance ».
Le jeune chef d’entreprise dément en riant. Au sein des instances nationales des JAM, on indique également à Rue89Lyon que son bilan dans le Rhône est « très bon » et que rien ne lui est reproché.
Il reste l’un des acteurs du projet « jeunesse » de LREM, France 2030. Si sa plume est piquante, c’est parce qu’il s’agit de « révéler », explique Jimmy Brumant à Rue89Lyon. En résumant la situation :
« Si on n’est pas à Lyon, impossible de comprendre ce qui s’y passe ».
Depuis plusieurs mois, en effet, les critiques pleuvent sur la magistrate -dont on assure qu’elle a provoqué le départ précipité de Gérard Collomb de Beauvau pour retrouver la mairie de Lyon.
Un premier cercle de proches du maire, composé notamment de députés élus avec l’étiquette LREM, s’est éloigné, écoeuré par la manière au sein du mouvement local.
Plusieurs courriers ont été envoyés à Christophe Castaner (alors délégué général du parti gouvernemental), le premier dès le printemps 2018, puis un autre rendu tout à fait public en octobre de la même année, alertant à chaque fois sur des « dérives autoritaires » au sein de la direction du mouvement dans le Rhône et à Lyon.
Caroline Collomb : « C’est tellement facile de me faire porter toutes les responsabilités »
Depuis, rien ne va plus. Les articles de presse se multiplient, étrillant le couple Collomb. Chez Tribune (Acteurs de l’économie), c’est en feuilleton de cinq épisodes que l’on peut trouver ce récit, que nous faisons dans la presse locale depuis quelques temps déjà. Ici, il pose (pudiquement) la question : « Collomb, le combat de trop ? ». Et y répond en estimant que non seulement le maire de 72 ans n’a plus de vision pour Lyon mais en outre que Caroline Collomb est son « talon d’Achille ».
L’article du Monde, paru ce 20 février et signé Raphaëlle Bacquet, couronne d’une certaine façon cette séquence politico-médiatique avec un titre pas moins sobre : « A Lyon, les encombrants époux Collomb ». Encombrants pour le parti d’Emmanuel Macron. Reçue dans l’appartement de Gérard Collomb, la journaliste explique que l’ombre de Caroline « Rougé » (son nom non marital) plane sur leur échange.
C’est à Jean-Jack Queyranne, l’ex-président PS de la Région qui nourrit une grande rancoeur envers Caroline Collomb, que revient la palme de la description la plus acide à son sujet :
« Une intrigante. Aucun sens politique. Elle aurait pu incarner la face sociale ou écolo de Gérard Collomb, mais elle est dépourvue de la principale qualité pour faire de la politique : elle n’aime pas les gens. »
Caroline Collomb continue de refuser tout entretien avec la presse, expliquant par sms :
« C’est tellement facile de me faire porter toutes les responsabilités. Et puis une femme, jeune de surcroît, est le bouc émissaire idéal ».
Les instances nationales de LREM espèrent pouvoir calmer le jeu. Le contexte est digne d’une tragédie grecque : David Kimelfeld, actuel président de la Métropole de Lyon, s’est déclaré candidat à sa propre succession. Tandis que Gérard Collomb retrouverait bien ce fauteuil qu’il a lui-même chauffé longtemps et même fabriqué. Le parti va devoir décider qui bénéficiera de l’investiture officielle, des moyens qui vont avec, en annonçant d’ores et déjà vouloir éviter toute « dissidence ».
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