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[Micro-trottoir] En banlieue de Lyon, le « grand débat national » peine à convaincre

[SONS] Qui se sent vraiment concerné par le voeu d’Emmanuel Macron de mobiliser, de « débattre » pour trouver une issue au (long) épisode « gilets jaunes » ? Si beaucoup semblent apprécier ce regain d’attention soudain pour la parole populaire, d’autres se montrent méfiants voire défaitistes face à cette consultation et ce « grand débat national ». Reportage sur les marchés de Caluire, Rillieux-la-Pape et Villeurbanne.

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Sur le marché de Vénissieux, un samedi matin de janvier. ©LBB

« Je n’y participerai pas, à ce grand débat. C’est une fumisterie, un enfumage », tonne un retraité, hors micro, dès qu’est abordé le thème du grand débat national.

Cet avis peu nuancé a donné le ton et nous a permis de nous rendre compte des craintes d’une partie de la population au sein des quartiers les plus populaires, en banlieue de Lyon. Là où les observateurs disent que le mouvement des « gilets jaunes » est absent, tout comme l’intérêt pour un « débat national ».

A Villeurbanne comme à Rillieux, beaucoup de doutes

« Je suis allé sur le site pour voir la forme que ça prendrait, mais je m’y suis pas intéressé plus que ça. Je me dis qu’il faudrait que je fasse quelque chose mais dans la réalité je ne suis pas sûr d’agir », nous dit l’un des passants.

Il met en doute la capacité du gouvernement à écouter et à comprendre ses interlocuteurs dans un paysage d’idées morcelés.

Un autre habitant, jeune quadragénaire et travailleur indépendant, se plaint surtout de la mauvaise utilisation de ses taxes et autres cotisations sociales :

« Je pense que le problème ne date pas d’hier. On paye beaucoup de taxes pour des services publics et j’en suis fier car j’ai la chance de travailler. Je ne râle pas pour ça, je râle car elles sont mal utilisées. Je comprends le mouvement des gilets jaunes, oui. »

Dans les quartiers plus chics, on doute également

A Caluire, les doutes persistent mais concernent la manière dont seront exploitées les doléances des Français une fois récoltées. La question posée est « comment satisfaire un maximum de personnes sans frustrer ou laisser tomber les autres ? »

La première personne rencontrée est une retraitée qui se plaint des faibles retraites, alors même qu’elle estime que cette tranche de la population participe ou a participé « de façon importante » au système de solidarité.

Vénissieux, ville muette

Du côté du marché des Minguettes à Venissieux, le contact avec quelques uns de habitants sur cette question n’a pas vraiment abouti à des échanges. Liminaires. Tous et toutes déclinent poliment les demandes d’interviews et filent en tirant leur cadis.

Sur le marché de Vénissieux, un samedi matin de janvier. ©LBB

Une forme de malaise est palpable rien qu’en évoquant le grand débat et le gouvernement. Lors de l’élection présidentielle de 2017, la ville a enregistré un taux d’abstention de 36,5% au deuxième tour. Le député Yves Blein (LREM) a récolté 69% des voix face au FN mais 71% des habitants se sont abstenus. 

Les tentatives d’Emmanuel Macron de se réconcilier avec jeunesse et résidents des quartiers populaires ne font pas mouche là où nous sommes allés.

Les conclusions de cette consultation seront rendues publiques à la mi-avril dans une synthèse des consultations réalisées par la commission nationale du débat public. Les citoyens ont toutefois, si jamais ils et elles le souhaitent, jusqu’au 15 mars pour se faire entendre. 

 

 

 

 


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Photo : Damien Mounia / Lyon Bondy Blog

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