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A Lyon, l’assemblée des « gilets jaunes » penche à gauche

Annoncée par le groupe Facebook « Gilets Jaunes Lyon centre » et le site Rebellyon, la deuxième « assemblée populaire » de Lyon a réuni plus de 500 personnes, dans le froid, place Guichard ce lundi 7 janvier.

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La deuxième AG des "gilets jaunes" de Lyon à 22h, place Guichard, le 7 janvier. ©LB/Rue89Lyon

Comme pour la première AG du 17 décembre, c’est la grande salle syndicale qui avait été retenue. Mais à la suite d’un problème d’alarme incendie, la Ville de Lyon (propriétaire du bâtiment) a limité sa jauge à 300 personnes.

Les « gilets » étaient à peine assis dans la salle que, devant l’afflux de participants (entre 600 et 800 personnes selon les organisateurs au total), les administrateurs du groupe Facebook « Gilets Jaunes Lyon centre ont proposé que l’AG se tienne dehors, devant la Bourse du travail, c’est-à-dire, sur la place Guichard. Après un vote en faveur de la sortie, tout le monde est redescendu.

« Nuit Debout » en hiver

Il était 19h passé, il faisait froid. Si la saison avait été printanière, on se serait cru à Nuit Debout. Rappelez-vous. A Lyon, la place Guichard avait été occupée du 9 avril au 31 mai 2016. Les premiers soirs ont pu réunir plus de 1 000 personnes. Débats, ateliers, commissions, actions, Nuit Debout voulait « renouveler la manière de faire de la politique ». De manière horizontale, sans chef, ni porte-parole.

Autant de composantes que l’on retrouve peu ou prou dans le mouvement des « gilets jaunes » lyonnais quand il se fait « assemblée populaire ».

La parenté est assumée chez une partie des administrateurs de la page Facebook Lyon centre, qui ont organisé cette assemblée.

Warren, un étudiant de 23 ans, au micro de la sono portative, a ouvert les débats sur la place en annonçant le programme : d’abord un « travail en commissions » puis la présentation des travaux en assemblée plénière pour d’éventuelles prises de décision.

La consigne a été suivie malgré quelques réticences. Et les gens se sont répartis en quatre groupes : actions, communication, rendez-vous avec le préfet et revendications. Ces groupes ont parfois été divisés pour travailler sur les manifestations du samedi en particulier.

Après coup, Warren, qui a lui-même participé à Nuit Debout, nous a ré-expliqué le principe des commissions :

« Le but est que les gens continuent de se voir en dehors des AG pour continuer ce travail en commission. Les adresses mail ont été prises. Certains administrateurs pensent qu’on devrait s’inspirer davantage de Nuit Debout en créant notamment un forum sur Internet pour que les débats continuent. »

Revendications de gauche à voter

La plus importante commission était sans conteste celle portant sur les revendications, qui a rassemblé près de 150 personnes. Les organisateurs veulent s’inspirer de Toulouse où les « gilets jaunes » ont mis en place, en AG, un système de vote où l’on peut classer les choses par ordre d’importance, en notant pour chaque proposition un chiffre entre 0 et 10.

Mais lundi soir, dans le froid, on ne comptait plus que 200 personnes à 21h30, à l’heure de se regrouper en plénière et d’éventuellement passer aux votes.

Les administrateurs de la page Facebook ont donc annoncé que les revendications seraient votées au début de la prochaine AG, après, certainement, avoir été publiées sur la page du groupe.

Les propositions pré-sélectionnées en commission ont toutefois été rapidement égrenées au micro. Des revendications qui penchent à gauche : « abolition de la CSG », « sécurité sociale intégrale », « arrêt du démantèlement des services publics », « nationalisation de réseaux routiers » , « pour une Europe solidaire »…

Aucune revendication contre les migrants ou contre le « Pacte de Marrakech ». ou pour l’abrogation du mariage pour tous.

Au contraire, lors des débats en « commission revendications », c’est une prise de parole contre “les identitaires dans les cortèges » qui a été acclamée. Depuis le début du mouvement, les différents groupuscules d’extrême droite radicale sont plus ou moins présents lors de chaque manifestation du samedi.

On se souvient notamment d’un cortège de « gilets jaunes » le 8 décembre à Saint-Jean (Lyon 5è) qui avait donné lieu au déploiement d’une banderole par des militants de Génération identitaire contre le « Pacte de Marrakech ».

La deuxième AG des « gilets jaunes » de Lyon à 21h30, place Guichard, le 7 janvier. ©LB/Rue89Lyon

Contre le fait de « condamner » les casseurs

Alors qu’au même moment, le Premier ministre Edouard Philippe annonçait sur TF1 une prochaine « loi anti-casseurs », quelques propositions ont fait l’objet d’un vote lors de cette deuxième assemblée des « gilets jaunes » de Lyon.

L’AG ou plutôt les 200 personnes qui sont restées malgré le froid se sont majoritairement prononcées « contre la condamnation des casseurs » et contre « la déclaration des manifs en préfecture ».
La proposition de créer un service d’ordre a également été rejetée.

En revanche, la question de l’organisation des manifestations a été l’un des rares points à faire l’objet d’une présentation. Il a été essentiellement question du prochain rendez-vous, donné ce samedi 12 janvier.

A 10h du matin, départ de Fourvière puis un traditionnel autre départ depuis la place Bellecour -mais cette fois-ci plutôt autour de 13h pour marcher à la Guillotière, où une AG contre la gentrification du quartier intitulée « la Guillotière n’est pas à vendre » (qui n’a rien à voir avec le mouvement des « gilets jaunes »).

A 14h également, une marche au départ de Gerland doit avoir lieu en mémoire des « blessés et morts » du mouvement.

La question de la fin de ces manifestations et de la répression a également été discutée. L’un des rapporteurs du groupe « action » a proposé que les cortèges ne reviennent pas à Bellecour où, « dès que la nuit tombe, c’est le tir au pigeon ». Et de proposer de terminer « dans un supermarché ou une gare ». Il n’y a pas eu de vote.

Idem, il n’y a pas eu de vote ou de débat sur le discours porté auprès du préfet avec lequel les « gilets jaunes » du Rhône ont rendez-vous ce vendredi. Une commission s’est réunie sur le sujet. Christophe, un plombier au chômage de 38 ans, en faisait partie. Il a résumé le propos qui pourrait être tenu au préfet :

« Même si la manifestation n’est pas déclarée, on doit pouvoir manifester et se disperser paisiblement sans se faire gazer, ni charger systématiquement. »

Il regrettait également qu’il n’ait pas été décidé le principe d’avoir des « meneurs » pour conduire ces manifs du samedi qui sont parfois plus dirigées par la police que par les manifestants eux-mêmes.

Encore 200 personnes à 22h30

Il était 22h30 quand l’AG s’est définitivement terminée. Il y avait encore 200 personnes dans l’assistance et une poignée de policiers qui les surveillaient de loin.

Une assistance composée, au moins au début, d’une majorité de tête blanche.
On croisait des militants politiques du NPA ou de la France insoumise dont un administrateur du groupe Facebook.

Il y avait également quelques syndicalistes de Solidaires. Mais aucune figure de la CGT.
Une prochaine AG doit se tenir. Mais la date n’a pas été encore choisie, ni le lieu. Ce sera le choix des administrateurs de la page.

Il faudra trouver autre chose que la Bourse du travail.

« Cette deuxième AG a été un succès, avançait Warren. On a montré que les gens se bougeaient malgré le froid. Désormais, il faut chercher un endroit, si possible une salle, pour accueillir 800 personnes. »

Quelques ambitions de faire durer et de gonfler la masse, donc.


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