Depuis trois ans, les victimes du père Preynat ont une conviction : l’archevêque de Lyon a « couvert » le père Preynat alors qu’il était au courant de ces agissements.
En d’autres termes, le cardinal Philippe Barbarin est accusé de ne pas avoir dénoncé le curé auprès de la justice française.
Le déroulement des faits sur la révélation de cette affaire de pédophilie semble leur donner raison (voir la chronologie en haut de l’article). C’est pourquoi ces victimes ont décidé de saisir directement la justice après qu’une enquête préliminaire pour non-dénonciation a été classée sans-suite par le procureur de la République de Lyon, en août 2016.
Le parquet de Lyon avait toutefois confirmé que les autorités diocésaines avaient eu connaissance de soupçons visant le père Preynat entre 2005 et 2010, mais que cette période était couverte par la prescription qui est de trois ans en matière de non-dénonciation.
En mai 2017, c’est une nouvelle procédure qui a été enclenchée par les victimes toujours au sujet de l’aspect non-dénonciation de l’affaire. Le diocèse de Lyon avait réagi dans un communiqué en déplorant « un acharnement qui se trompe de cible et qui disperse les énergies inutilement au regard de l’objectif commun : la lutte contre la pédophilie.»
Six membres de l’Eglise catholique au procès
Outre le cardinal Barbarin, sept membres de la hiérarchie de l’Église sont cités à comparaître par les plaignants de La Parole libérée, de subalterne de l’évêque de Lyon jusqu’à un membre du Vatican.
Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Luis Ladaria Ferrer, ne sera toutefois pas présent à l’audience. Le Vatican s’étant appuyé sur son immunité diplomatique pour ne pas qu’il se rende au tribunal correctionnel de Lyon.
Sollicité par le cardinal Barbarin, Luis Ladaria Ferrer avait demandé à l’évêque de Lyon de prendre contre le père Preynat « toutes les mesures disciplinaires adéquates, tout en évitant le scandale public ».
Le troisième évêque français dans une affaire de non-dénonciation de pédophilie
Le procès de l’évêque de Lyon est le troisième procès d’un haut responsable de l’Eglise catholique pour une affaire de non-dénonciation de crime pédophile.
En novembre dernier, l’ancien évêque d’Orléans André Fort a été condamné à huit mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs commis par un de ses subalternes. Ce prêtre, Pierre de Castelet, qui avait comparu lors du même procès, a été condamné à trois ans de prison dont un avec sursis pour agressions sexuelles sur mineurs.
L’abbé Pierre de Castelet, 69 ans, a été reconnu coupable d’attouchements sur des mineurs de 15 ans lors d’un camp organisé pendant l’été 1993, relate l’AFP. Quinze ans plus tard, l’un des participants, Olivier Savignac, adressait une lettre à l’évêché, affirmant avoir été victime d’attouchements.
L’évêque André Fort, en charge du diocèse d’Orléans de 2002 à 2010, n’avait pas transmis la lettre à la justice et s’était contenté d’éloigner le prêtre de tout contact avec les jeunes. Ce n’est qu’après l’arrivée du nouvel évêque, en 2010, que la justice a finalement été saisie.
En septembre 2001, l’évêque de Bayeux et Lissieux, Pierre Pican, a été condamné à trois mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé un prêtre coupable d’abus sexuels sur mineurs qui avait été condamné à dix-huit ans de prison un an plus tôt. C’était la première fois depuis la Révolution qu’une évêque français été condamné. Dans un « souci d’apaisement », il avait renoncé à faire appel.
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