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Pour Christophe, facteur interpellé par la police de Lyon, « ça a viré au cauchemar »

L’affaire du facteur, employé de La Poste, interpellé violemment en juin dernier par la police municipale de Lyon, a connu un nouvel épisode ce jeudi 15 novembre, avec la convocation devant le tribunal correctionnel.

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À l'appel du syndicat SUD Poste Rhône-Ain, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant le Palais de Justice de Lyon en soutien à Christophe P. © AD / Rue89Lyon.

Alors que l’audience a finalement été renvoyée, Christophe P., le postier mis en accusation, est apparu très las. Parmi son entourage et ses soutiens, on s’inquiète pour sa santé et, plus largement, pour l’avenir des conditions de travail des facteurs et livreurs.

Devant le Palais de justice, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées en signe de solidarité pour Christophe P. En dépit des sourires reconnaissants qu’il a adressé à ses soutiens, son entourage nous a fait part à plusieurs reprises de son inquiétude concernant de son état de santé.

L’un de ses collègues nous a dit :

« Personnellement, j’estime qu’il a toujours été très correct, très serviable. Il a été sacrément affecté, moralement, mais aussi physiquement. Il a perdu du poids. »

La vidéo de son interpellation avait fait des remous sur les réseaux sociaux. Le père de famille de 38 ans, poursuivi pour outrage à agent et violences volontaires, est sous la menace d’une double-peine. En plus de cette accusation qui donnera lieu à un procès en juin, La Poste a entamé une procédure disciplinaire à son encontre, sollicitant un licenciement pour faute grave.

« Il a toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête »

L’audience du procès étant finalement reportée, la décision de La Poste devrait attendre celle du tribunal. En cas de condamnation, Christophe P. risque donc, en plus des sanctions pénales, de perdre son emploi.

À l’appel du syndicat SUD Poste Rhône-Ain, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant le Palais de Justice de Lyon en soutien à Christophe P. ©AD/Rue89Lyon.

En obtenant le report du procès au 3 juin 2019, il s’est offert un maigre répit. Mais d’ici là, Christophe P. va devoir attendre dans l’incertitude. Incertitude dont s’est inquiété Xavier Bennegent, secrétaire départemental du syndicat SUD Poste Rhône-Ain :

« C’est un soulagement. C’est bien que le renvoi ait été accepté. Aujourd’hui, c’était le but. Mais il a toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête. C’est une situation hyper-angoissante pour lui. C’est incompréhensible. Tout part d’un fait d’une grande banalité, ça a viré au cauchemar. L’attente est longue. »

Depuis cet été, le facteur est en arrêt de travail à cause de son état de stress. Il n’a pas su dire quand il pourra reprendre. « Au plus tôt », a souhaité l’une de ses proches :

« Maintenant, il faut qu’il reprenne le travail. C’est important pour lui, psychologiquement. »

Le principal intéressé a confirmé, espérant bientôt pouvoir « reprendre, dans une autre agence postale », pour tourner la page. Dans un bref discours donné à la sortie du tribunal, le facteur a remercié les collègues et proches présents :

« Je suis content d’avoir eu ce soutien. J’espère m’en sortir ; je ne suis pas l’agresseur. »

« Ça va exposer les autres postiers »

Dans la foulée, il a aussi glissé quelques mots de solidarité à ses collègues :

« Il y a beaucoup d’autres postiers pour qui c’est difficile, il faut les soutenir. »

L’issue de l’affaire inquiète les syndicats, estimant qu’elle pourrait abîmer encore les conditions de travail des autres postiers. Maximilien Merle, secrétaire général de la CGT Postiers du Rhône, s’est indigné qu’un stationnement gênant donne lieu à de telles conséquences :

« S’il ne s’était pas garé là, La Poste lui aurait reproché de ne pas avoir fait son travail dans les temps. Ce qu’il a fait, on le fait tous les jours. Ce procès va exposer les autres postiers, qui sont formés comme ça. C’est l’organisation du travail qui est responsable. »

Michel Pinna, syndicaliste à la CNT, a souligné :

« Pour le stationnement, à Lyon, la règle est simple : si on respecte le code de la route, on ne se gare pas. »

Pour Jean-Octave Markus, de SUD Poste, le constat est tout aussi cinglant :

« Le credo de la Poste, c’est la productivité. Il y a des pressions fortes sur les livreurs et les distributeurs. Ils sont payés au nombre de colis. »

Le 3 juin prochain, le procès sera donc décisif pour l’avenir de Christophe P. et peut-être aussi d’une certaine façon pour celui de ses collègues facteurs.

La vidéo de l’interpellation, pour rappel, ci-après.


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