Gilles Pollet : « Productivité, efficacité… L’Etat est-il une entreprise comme les autres ? »

Spécialiste des politiques publiques, il s’interroge : « L’Etat est-il une entreprise comme les autres ? »

Gilles Pollet est l’un des invité-e-s de « La Chose Publique », un festival des idées organisé par La Villa Gillet et Res Publica, qui se décline en une série de rencontres et de débats du 15 au 24 novembre 2018.

Rue89Lyon en est partenaire et publie les contributions des auteurs et autrices que vous pourrez rencontrer en novembre. Si vous ne pouvez pas assister aux soirées de débat, vous avez l’occasion de leur poser vos questions par l’intermédiaire d’un journaliste de la rédaction (via un formulaire ci-après, en fin d’article).

« L’Etat est-il une entreprise comme les autres ? Je pense qu’il y a deux façons très différentes mais complémentaires de penser cette question. 

Dans un premier temps, on peut légitimement penser que les questions de productivité, d’efficacité, de performance, voire même de compétitivité ne sont pas forcément inadaptées au monde de l’action publique et aux organisations étatiques.

Si l’on considère l’Etat comme une configuration d’organisations complexes, au sens de la sociologie des organisations, les concepts et notions qui viennent de l’analyse du fonctionnement des firmes et entreprises privées, peuvent sans doute être plus ou moins adaptées aux organisations publiques.

À travers des analyses et expertises utilisant les outils et problématiques des sciences de gestion et de management, on va ainsi raisonner en termes d’efficacité, d’efficience, de qualité de service, d’agilité, de performance, d’évaluation et d’adaptation aux buts recherchés par l’Etat et les administrations publiques, comme le fait par exemple le « New Public Management ».

L’Etat, son histoire et sa démocratie

D’un autre côté, et j’insiste bien sur le fait que ce n’est pas fatalement contradictoire, l’Etat n’est pas une organisation, ni une institution, tout à fait comme les autres. Et cela pour trois raisons essentielles, me semble-t-il.

Tout d’abord parce les actions et régulations émanant de la sphère étatique sont profondément liées à un système politico-administratif qui a sa propre histoire, sa culture, ses temporalité (les élections), sa tradition, ses référentiels, ses usages et enjeux spécifiques, etc.

Ensuite du fait qu’à l’inverse d’une entreprise, personne n’est le véritable propriétaire de l’Etat qui représente une sorte de bien commun.

Enfin, parce que ce qui différencie fondamentalement une organisation publique d’une organisation privée, c’est que la première est supposée agir toujours, en démocratie, en fonction d’un impératif d’intérêt général. Encore faut-il s’entendre sur la définition-même de ce dernier ! »

L’État est-il une entreprise comme les autres ? Avec Bertille Bayart, Thibault Le Texier (lisez sa contribution sur Rue89Lyon), Gilles Pollet, avec à la modération Raphaël Bourgois (France Culture, AOC). À 21h, à l’Institution des Chartreux, 58 Rue Pierre Dupont, Lyon 1er.

> Titre et intertitres sont de Rue89Lyon.