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Anne Muxel : « La radicalité d’opinion ne suppose pas forcément la radicalité en actes »

Anne Muxel est directrice de recherches en sociologie et sciences politiques au Cevipof (CNRS/Sciences Po). Ses travaux se focalisent sur la compréhension des relations entre les individus et la politique à travers les attitudes et les comportements. Dans cette tribune, elle aborde la question de la radicalité politique.

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Anne Muxel - photo du Cevipof. DR

Elle est l’une des invité-e-s de « La Chose Publique », un festival des idées organisé par La Villa Gilet et Res Publica, qui se décline en une série de rencontres et de débats du 15 au 24 novembre 2018.

Rue89Lyon en est partenaire et publie les contributions des auteurs et autrices que vous pourrez rencontrer en novembre. Si vous ne pouvez pas assister aux soirées de débat, vous avez l’occasion de leur poser vos questions par l’intermédiaire d’un journaliste de la rédaction (via un formulaire ci-après, en fin d’article).

La chercheuse Anne Muxel interviendra le 20 novembre dans un débat intitulé « Quelles sont les sources de la radicalité ? ». Photo DR

« Qu’entend-on par « radicalité politique » ? La notion n’est pas facile à définir. Elle recoupe des phénomènes différents et suppose de définir une graduation des opinions comme des actions qualifiées de radicales.

L’étymologie du mot « radical » renvoie à « racine » en latin (radix), désignant quelque chose qui n’est pas transformé. En ce sens, ce qui est radical est ce qui est premier, sans compromis possible, sans l’interférence de médiations.

Ainsi la radicalité en matière politique s’oppose-t-elle, dans ses principes comme dans ses actions, à l’ordre conventionnel de la représentation politique. Elle suppose une posture de contestation profonde et de rupture. Elle autorise la transgression, jusqu’à l’ultime recours à la violence et sa justification.

« La radicalité en actes suppose des actions concrètes »

Mais il faut s’interroger sur la délimitation de son périmètre d’expressions et d’actions, sur les facteurs explicatifs auxquels elle est associée, enfin sur ses implications dans les transformations des usages contemporains de la citoyenneté démocratique.

La radicalité d’opinion s’exprime dans le registre des valeurs et des croyances, mais aussi sur le terrain électoral, au travers des votes pour des forces ou des leaders extrémistes, tandis que la radicalité en actes suppose des actions concrètes pouvant se déployer dans un cadre légal, par exemple le fait de participer à une manifestation ou s’engager dans des organisations radicales, ou illégal par exemple commettre des actions violentes ou des dégradations de biens publics ou privés, pouvant culminer en intensité jusqu’au terrorisme.

La radicalité d’opinion est bien sûr beaucoup plus répandue que la radicalité en actes. Seule une minorité d’individus prend part à des actions politiques violentes ou subversives. Avoir des idées radicales ne suppose donc pas d’adopter des comportements radicaux ni d’être radicalisé dans le registre de l’action. »

« Quelles sont les sources de la radicalité ? », avec Jean Birnbaum, Farhad Khosrokhavar, Olivier Galland, Anne Muxel, modération par Julie Gacon (France Culture). Le 20 novembre à 21h, à l’Université Catholique de Lyon, 10 Place des Archives, Lyon 2ème.

> Titre et intertitre sont de Rue89Lyon.


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