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L’ « exclu » sans surprise : Étienne Blanc candidat LR à la mairie de Lyon en 2020

Décidément, Étienne Blanc est un pro de la com’. Après une conférence de presse lundi d’élus LR pour faire monter la mayonnaise, le premier vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé mercredi sa candidature. Il l’a fait via six entretiens dans les médias dont quatre « exclusifs ».

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Le premier vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Etienne Blanc à l'assemblée plénière du 9 février 2017 à l'hôtel de région à Lyon. ©Léo Germain/Rue89Lyon

Depuis plusieurs semaines, la candidature d’Étienne Blanc à la mairie de Lyon est un secret de polichinelle. Encore plus après la conférence de presse des élus Les Républicains de Lyon et de la Métropole ce lundi 22 octobre.

Il restait à savoir quand le premier vice-président de la Région et actuel maire de Divonne-les-Bains (riche commune de l’Ain dans le Pays de Gex) allaient annoncer sa candidature à la mairie de Lyon.

Il a décidé de se mettre à table mercredi, occupant le terrain médiatique pendant la première semaine des vacances de la Toussaint après l’excitation liée au retour de Gérard Collomb.

Question communication politique, il a beaucoup appris de son chef Laurent Wauquiez. Pas moins de quatre titres de presse ont annoncé l’officialisation de sa candidature « en exclusivité », interview d’Étienne Blanc à l’appui.

À 15h10, Lyon Capitale « annonce en exclusivité » qu’Étienne Blanc annoncera sa candidature « ce soir ou demain ».
À 17h19, l’entretien avec l’actuel vice-président est publié.

Entre-temps, Lyon Capitale s’est fait doubler dans la mise en ligne de l’interview que la rédaction a obtenue.

En effet, à 16h25, Le Figaro publie l’« INTERVIEW EXCLUSIVE » (sic) d’Étienne Blanc.

À 16h45, le site de l’hebdo Tribune de Lyon met en ligne « mon déjeuner avec Etienne Blanc » un entretien non moins exclusif où l’on apprend qu’« Étienne Blanc a choisi Tribune de Lyon pour annoncer sa candidature à la mairie de Lyon pour les prochaines municipales ».

A 17h, Le Progrès met en ligne trois questions à Étienne Blanc en avant-première de l’entretien qui doit être publié le lendemain jeudi.

La journée de mercredi se termine par TLM qui annonce dans un tweet un autre « EXCLUSIF » pour découvrir son interview dans l’émission Face-à-Face ».

Et ce jeudi 25 octobre à 8h, Lyon Mag publie sur son site Les Coulisses du Grand Lyon diffusé sur Jazz Radio un entretien avec un certain Étienne Blanc.

En moins de 24 heures, Étienne Blanc a fait diffuser pas moins de six entretiens annonçant sa candidature aux municipales de 2020. Belle performance.

Les bons mots d’Étienne Blanc

Naturellement, dans ces entretiens Étienne Blanc rabâche ses premières déclarations de campagne avec une grande habilité dans les variations lexicales.

1. « Je suis la bonne personne pour rassembler ».

Sur Lyon Mag, on apprend qu’Étienne Blanc a été poussé par « le besoin de la droite et du centre de constituer un grand rassemblement :

« Un certain nombre de membres de ces familles politiques ont pensé que j’étais celui qui pouvait le mieux rassembler ».

2. Il ne s’agit pas d’un parachutage

La droite lyonnaise traumatisée par celui de Dominique Perben en 2008, ne veut pas reproduire la même. Maire de Divonne-les-Bains (Ain) depuis 27 ans, homme fort de la la droite dans l’Ain, Étienne Blanc doit se défendre d’être un nouveau parachuté. Il le fait dans Le Progrès notamment :

« Depuis trois ans, je travaille quatre si ce n’est cinq jours par semaine à Lyon. Mon histoire personnelle et familiale est lyonnaise. Cette histoire de parachutage, alors que Lyon est une ville ouverte à l’international qui brasse des gens venus de partout, me paraît un débat dépassé. »

3. La Région Rhône-Alpes sous Charles Millon, ce n’était pas si mal

Lui qui a été dans la majorité de Charles Millon à la Région Rhône-Alpes entre 1992 et 1998 doit se défaire de ce passé sulfureux. De nombreux journalistes lyonnais se rappelant des heures de l’alliance entre la droite et le FN. Membre de l’UDF, Charles Millon avait été élu président du conseil régional grâce aux voix du parti frontiste.

Revenu dans l’exécutif régional aux côtés de Laurent Wauquiez, l’actuel premier vice-président explique, par exemple dans Lyon Capitale, qu’il a travaillé avec Charles Millon comme des élus centristes l’on également fait. Il cite même l’ancien président socialiste de Rhône-Alpes. Tout ça pour dire que la Région sous Charles Millon, ce n’est pas ce qu’on en a dit :

« Oui j’ai travaillé avec Charles Millon, comme de nombreux autres élus de ma génération : Anne-Marie Comparini, Thierry Cornillet. J’ai entendu Jean-Jack Queyranne dire que Charles Millon avait été un grand président de région. Il a été le premier à récupérer la compétence TER. Il a inventé le chèque sport. On dit qu’il a passé un accord avec le FN. Si le FN avait eu un vice-président, une représentation dans un lycée, une présidence de commission, j’aurais immédiatement démissionné. Mes convictions parlent pour moi : je suis un Européen, je développe des partenariats avec nos voisins européens à la région. Je veux être jugé sur les actes que j’ai posés dans ma vie politique ».

4. Par rapport à Laurent Wauquiez, il veut se recentrer

Bras droit du très droitier Laurent Wauquiez, Étienne Blanc doit le faire oublier pour conquérir une ville dont les électeurs penchent historiquement au centre-droit. « Lui c’est lui, moi, c’est moi », dit-il à Tribune et dans Le Figaro :

« Laurent et moi n’avons pas le même tempérament, pas la même histoire, pas les mêmes positionnements mais il sera évidemment à mes côtés ».

5. Décongestion de la ville et lutte contre le gaspillage

Deux grands axes de sa campagne ont été déclinés. « La lutte contre le gaspillage pour investir davantage » et « décongestionner la ville » car pour lui « la concentration urbaine fait qu’il y a plus de pollution et plus d’insécurité » (Lyon Capitale). Sur les rapports de cause à effet entre densification urbaine et insécurité, on n’en saura pas plus.

En revanche, Étienne Blanc promet de « mettre en œuvre un grand plan d’infrastructures et de services pour décongestionner la ville » (Le Figaro). Il veut plus d’investissement en matière de ferroviaire. Cela tombe bien, il s’agit d’une compétence régionale.

Il veut également plus d’autoroutes et se déclare favorable au bouclage du périphérique (le TOP devenu « Anneau des sciences »).

Mais son « grand projet » demeure « la question de la transition climatique », déclare-t-il à Tribune de Lyon. Bref, il lui reste du travail pour expliquer l’articulation de tout cela. Attention au grand écart.

Il n’oublie pas qu’il est également « européen » et « libéral » et propose de couper (encore) dans les dépenses de fonctionnement, à l’image de ce qu’il fait à la Région, notamment avec la formation des chômeurs.

« Il faut donc engager une lutte drastique contre le gaspillage comme nous l’avons fait à la région. La ville et la métropole ne peuvent pas répondre aujourd’hui aux besoins d’investissement. » (dans Lyon Capitale)

6. Il ne fait pas campagne pour la Métropole mais…

Étienne Blanc affirme la main sur le cœur qu’il n’y a que la Ville de Lyon qui l’intéresse. Mais il fera quand même campagne sur des thématiques qui sont du niveau de la Métropole.

C’est en troisième position dans ses axes de campagnes quand il déclare au Figaro mais aussi à Tribune de Lyon, qu’il n’a pas une « conception centralisée de la Métropole ». Il fait ainsi un appel du pied aux « petits maires » de droite de l’ouest lyonnais regroupés au sein du groupe Synergies qui viennent de s’allier à des élus centristes et d’autres divers droite en prévision des élections de 2020.

De ce fait, il entretient la confusion dans la tête des électeurs en exposant, notamment dans Tribune de Lyon, que, pour conquérir la Métropole « le préalable c’est la Ville ». Le préalable est peut-être politique mais sur le plan institutionnel, pour la première fois en 2020, il y a aura un scrutin différent pour élire directement les conseillers de Métropole.

Le premier vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Etienne Blanc à l’assemblée plénière du 9 février 2017 à l’hôtel de région à Lyon. ©Léo Germain/Rue89Lyon

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