Dans le Rhône et les départements voisins, neuf mosquées gérées par l’organisation turque régionale de la Confédération Islamique Millî Görüş de Lyon (CIMG) participeront pour la première fois à ces journées du patrimoine, placée sous le signe du « partage ».
Les journées européennes du patrimoine sont de tradition très fournies en Auvergne-Rhône-Alpes, cette année avec 2965 animations et 541 premières participations. C’est dans le cadre de ce week-end organisé par le ministère de la culture que neuf mosquées sur les 15 gérées par la Confédération Islamique Millî Görüş de Lyon (CIMG) ouvriront leurs portes à des visiteurs pas nécessairement habitués des lieux.
C’est une première à plusieurs titres. Jusque là, les grandes mosquées de Paris et Lyon étaient l’un des rares lieux de culte musulman à participer à ces Journées européennes du patrimoine.
« Depuis 20 ans », nous affirme Kamel Kabtane en ce qui concerne la mosquée de Lyon.
Cette nouvelle participation de mosquées aux « JEP » ne concerne que les lieux de culte de la communauté turque et uniquement dans la région de Lyon.
Outre la mosquée de Vénissieux, on trouve celles de Villefranche, de Villefontaine ou de Vienne (voir la liste à la fin de l’article). L’immense majorité des mosquées qui accueillent essentiellement les musulmans originaires d’Afrique du Nord ne participent pas aux Journées européennes du patrimoine.
« Contrairement aux mosquées turques, ce sont souvent de petits lieux de cultes », suggère Kamel Kabtane pour tenter d’expliquer ce contraste.
« Une démarche contre les idées reçues et les amalgames sur l’islam »
Dans le cadre des journées du patrimoine les neuf mosquées participantes de la CIMG prévoient d’organiser plusieurs visites par petits groupes. Avec un programme en plusieurs étapes :
- L’accueil des visiteurs : petite collation ( pâtisseries , boisson, thé , café …)
- La présentation de la mosquée, des termes généraux sur l’islam
- Une consultation de documents et brochures sur l’islam
- Une visite guidée de la mosquée
- Questions / Réponses : discussions
Pour le responsable de la communication de la CIMG de Lyon, ces visites sont un bon moyen de mieux faire connaître l’Islam et le « cadre d’une mosquée ».
Il précise qu’il s’agit également d’une démarche s’inscrivant dans « la lutte contre les idées reçues et les amalgames » :
« Cette initiative a pour but de favoriser le dialogue inter-religieux, de mettre un terme aux préjugés et aux craintes. »
C’est aussi dans cette optique que l’association organise depuis quatre ans sur le plan européen les journées « bonjour je suis musulman ». Une action de rue pendant laquelle les passants sont invités au « dialogue » avec plusieurs musulmans, dans le but de répondre à des questions ou simplement d’échanger autour de thématiques religieuses.
A Lyon, cette action s’était déroulée le 24 mars dernier aux alentours de la place Bellecour et de la Part-Dieu.
Le mouvement Millî Görüş à l’œuvre
Développé d’abord en Allemagne après sa fondation en Turquie en 1969 par Necmettin Erbakan, le mouvement Millî Görüş œuvre pour la communauté musulmane à travers le monde avec un encrage particulier en Europe. En France, la Confédération Islamique Millî Görüş de Lyon (CIMG) est membre du Conseil français du culte musulman (CFCM). Elle gère environ 70 mosquées, compte plusieurs dizaines de milliers de membres et porte notamment le projet de la plus grande mosquée d’Europe à Strasbourg.
Pour Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon, l’intégration de ces mosquées aux journées du patrimoine est un « signe positif » :
« Cela prouve qu’il y a une volonté de s’ouvrir alors que jusqu’à présent les mosquées turques étaient à l’écart ».
Certains observateurs dénoncent régulièrement ses liens étroits avec l’actuel gouvernement turc.
«Certaines mosquées n’hésitent pas à mener des campagnes de soutien politique», affirme même un ancien responsable d’association dans Libération.
Infréquentable sous les gouvernements kémalistes car faisant la promotion d’un islam politique, le Millî Görüş est devenu progressivement partenaire de la Diyanet, le puissant service turc des affaires religieuses, avec, au-delà de la question religieuse, un objectif commun : maintenir la diaspora dans une identité turque (Lire l’article de Rue89 Strasbourg sur le sujet).
La CIMG de son côté se défend de toute proximité avec l’AKP, le parti du président Erdogan.
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