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Un prêtre de la Drôme demande publiquement la démission du cardinal Barbarin

Pierre Vignon, prêtre dans le diocèse de Valence, a écrit une lettre au cardinal Barbarin. Il l’a rendue publique, accompagnée d’une pétition. Il dit ne pas vouloir être « complice » et lui demande de démissionner « dans les plus brefs délais ».

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Ce n’est pas la première fois qu’un prêtre se montre virulent à l’égard du cardinal Barbarin, accusé d’avoir notamment couvert des actes de pédophilie du père Preynat dans la région de Lyon commis dans les années 1980 et 1990.

En avril 2016, le cardinal lyonnais avait rassemblé les prêtres du diocèse de Lyon suite à la révélation de l’affaire. En privé, dans un premier temps, l’un d’entre eux victime d’actes pédophiles par le passé avait fustigé devant ses pairs et l’intéressé l’attitude du cardinal. Il l’accusait de ne pas réagir de façon proportionnée et de ne pas montrer assez de compassion et d’écoute à l’égard des victimes. Sa prise de parole avait été rendue publique par la suite quelques jours plus tard par France 3. 

Il ne demandait toutefois pas clairement la démission du cardinal Barbarin. Ce qu’a fait quelques mois plus tard un prêtre, Patrick Royannais, en novembre 2016 sur son blog. C’est ce que fait cette fois encore de façon directe le père Pierre Vignon.

Prêtre dans le diocèse de Valence (Drôme), il assure avoir averti en privé le cardinal Barbarin de sa position. Il l’a rendue publique mardi 21 août, accompagnée d’une pétition demandant la démission dans les plus brefs délais du primat des Gaules :

« Je vous demande donc publiquement et sans détour de donner votre démission de cardinal et d’archevêque de Lyon dans les plus brefs délais. Vous auriez dû la remettre après votre lapsus « Grâce à Dieu, les faits sont prescrits ». Je n’insisterai pas sur vos trois reculades pour la connaissance des faits criminels commis par Bernard Preynat ni sur votre attentisme à prendre des décisions. Je n’insisterai pas davantage sur le fait que Bernard Preynat est toujours prêtre et qu’il n’a reçu aucune condamnation sous quelque forme que ce soit », écrit-il notamment.

Une demande de démission guidée par l’appel du Pape

Ce n’est pas directement le père Vignon qui a mis en ligne la pétition sur le site dédié change.org. Il s’agit notamment de François Devaux, président de La Parole Libérée, association regroupant des victimes déclarées du père Preynat et qui soutient la démarche et la demande du prêtre. Après que l’enquête préliminaire pour non-dénonciation des faits ait été classée sans suite par le parquet en août 2016, l’association avait directement saisi la justice en mai 2017. Ce qui vaut au cardinal Barbarin d’être dans l’attente d’un procès. Prévu pour avril 2018 puis repoussé à janvier 2019, il devrait l’être de nouveau.

Son appel à la démission du cardinal Barbarin, s’inscrit selon lui dans la suite logique de la récente lettre du Pape François au « Peuple de Dieu ». Suite aux nouvelles et récentes révélations d’actes de pédophilie par des prêtres aux États-Unis, le Pape a appelé les croyants à se mobiliser pour lutter contre les crimes pédophiles. Pour le père Vignon, cet appel du Pape l’oblige à demander publiquement la démission du cardinal Barbarin.

Il dit ne pas vouloir « être complice » et insiste :

« Vous avez reconnu vous-même des erreurs de gestion. Pourquoi resteriez-vous indéfiniment en place après les avoir commises ? »

« Est-ce que la France doit renvoyer des cardinaux ? La question se pose »

Le cardinal Barbarin n’a pas officiellement réagi. L’archevêché de Lyon a fait savoir que la démarche du père Vignon n’était « pas une bonne idée parce qu’elle blesse ».

Au micro de France Inter, Mgr Olivier Ribadeau Dumas, secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques de France, n’a pas condamné directement le cardinal Barbarin. Il a toutefois affirmé que le renvoi de d’évêques et de cardinaux aux Etats-Unis accusés d’avoir fermé les yeux sur des cas de pédophilie n’était pas impossible en France :

« Il y a eu un renvoi de cardinaux il y a dix jours aux États-Unis. Est-ce que la France doit renvoyer des cardinaux ? La question se pose ».

De son côté, interrogé par Libération, le père Vignon persiste. Il dit avoir le « sentiment d’avoir fait son devoir » et appelle à en finir avec « la culture de la couverture dans l’Eglise ».


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