La jauge réputée de 20 000 personnes de la place Bellecour était largement atteinte.
Au coup de sifflet final, la fan zone de la place Bellecour à Lyon a pu exulter.
On était à #Lyon, on a pris la pluie, le vent et le stress mais à la fin… On est Champion Du Monde. pic.twitter.com/MTkK1VIQmu
— Fab Gordon (@FabG0rdon) July 15, 2018
Cette joie a été de courte durée. A peine tente minutes après la fin du match, la tentative d’incendie d’un camion anti-intrusion de la Ville de Lyon positionné rue de la Barre a déclenché plusieurs salves de grenades lacrymogènes.
C’est la raison avancée par la préfecture du Rhône pour expliquer les affrontements entre jeunes et forces de l’ordre au niveau de la place Bellecour puis de l’entrée de la rue de la Barre et enfin place Raspail, de l’autre côté du pont de la Guillotière.
Des canettes étaient envoyées par des jeunes sur la police qui répondait par des tirs de grenades lacrymogènes en nombre.
Vers 22h30 quai Gailleton, au niveau de la piscine du Rhône, nous avons assisté à une charge d’une vingtaine de membres de la BAC appuyés par autant de CRS. Cette charge a eu pour effet de faire refluer une centaine de jeunes.
Sur les quais du Rhône, à proximité de la place Raspail, les mêmes scènes de canettes versus lacrymo se sont reproduites mais à une plus faible intensité jusque vers minuit et un reflux vers la place Gabriel Péri.
Place des Terreaux, le cœur de la fête lyonnaise
Ailleurs dans le centre ville de Lyon, l’ambiance est restée beaucoup plus détendue.
Concert de klaxons sur les quais et les boulevards et, surtout, une foule immense qui déambulait dans les rues de la Presqu’île plus ou moins fermées à la circulation.
Alors que la place Bellecour avait été vidée, la place des Terreaux était remplie de monde.
Plusieurs dizaines de personnes s’étaient notamment perchées sur la fontaine Bartholdi fraîchement rénovée. Feux d’artifice improvisés, chants, embrassades, on célébrait la victoire.
Place des Jacobins, on constatait également quelques personnes dans la fontaine qui avait pourtant été grillagée.
Place Bellecour, quasi vides, plusieurs jeunes ramassaient les canettes de bières, pourtant interdites. « Après la fête, il faut trier », dixit l’un d’entre eux.
A une heure du coup d’envoi, la fan zone estampillée Coca-Cola remplie jusqu’à la queue du cheval de la place Bellecour #Lyon #FRACRO pic.twitter.com/B272IVTxtU
— Rue89Lyon (@Rue89Lyon) July 15, 2018
« Un dispositif d’ordre public conçu pour protéger le public et lui permettre de faire la fête »
[Mise à jour du lundi 16 juillet à 11h15] Dans un communiqué de presse délivré ce lundi matin, la préfecture du Rhône parle d’une « centaine de jeunes gens » qui « ont pris à partie les forces de l’ordre en lançant des projectiles et ont dégradé le mobilier urbain (panneau) et ont incendié des poubelles ».
Des commerces du centre-ville ont été « attaqués », précise la préfecture. Selon nos informations, il s’agit de Lacoste, rue Edouard Herriot, qui a été « dévalisé ». Le magasin de bijoux Baccarat et le Printemps ont subi des vols en vitrine.
« Les forces de l’ordre ont réussi à protéger d’autres magasins visés par les casseurs dont un magasin d’électroménager [Boulanger, ndlr] », poursuit le communiqué.
Le communiqué n’évoque pas les magasins de vêtements (Elle et moi et Espace Foot) du cours Gambetta (à la Guillotière, Lyon 7e) qui ont eu leurs vitrines brisées et ont subi des vols de plusieurs articles.
treize véhicules ont été incendiées et huit par propagation, notamment trois cours Gambetta.
30 personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, dont 18 pour « vols par effraction ».
Pour tenter de couper court aux polémiques, la préfecture du Rhône revient ensuite sur le dispositif d’ordre public « conçu pour protéger le public et lui permettre de faire la fête » :
« L’objectif des forces de l’ordre a en conséquence visé à le distinguer des casseurs, à disperser puis à interpeller ceux-ci. Il fallait éviter une panique au milieu de la foule ou de blesser des passants en intervenant directement sur les casseurs. Les forces de l’ordre ont aussi eu beaucoup de difficulté à avancer parmi la foule et la circulation automobile très denses, notamment sur les quais ».
Chose rare, la préfecture dévoile les effectifs engagés, à savoir « un escadron de gendarmes mobiles et des renforts de CRS qui ont complété le dispositif ». Au total, les membre des forces de l’ordre était au nombre de 360 « dans le cœur de ville durant la soirée ».
Et de préciser, toujours en pareilles circonstances, le nombre d’agents blessés : « onze policiers légèrement blessés ».
« Pourquoi avoir organisé une fan zone si on n’était pas capable de la sécuriser ? »
Sur Facebook, le maire (divers droite) du 2e arrondissement de Lyon s’est interrogé sur ce dispositif policier :
« Le centre de Lyon se réveille avec la gueule de bois ce matin : magasins pillés, vitrines gravées, voitures détériorées, poubelles incendiées, feux tricolores massacrés, stations de métro tagués.(…) Pourquoi avoir organisé une fan zone si on n’était pas capable de la sécuriser ? La facture sera très lourde pour le contribuable. »
Contactée lundi matin par l’AFP, la mairie centrale de Lyon n’a pas fait de commentaires sur la soirée.
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