« Cette année, plus de la moitié des projets sont réalisés par des autrices » indique Mathieu Diez, directeur du Lyon BD Festival.
Une parité que l’on peut applaudir, d’autant plus qu’elle existe depuis le début, sans que l’organisation ne s’astreigne à des considérations genrées. Le festival est depuis toujours axé sur la jeune création, et la jeune génération compte beaucoup de femmes. Sandrine Deloffre, coordinatrice générale explique :
« C’est une problématique à laquelle on fait attention, par exemple nous avons travaillé avec HF Rhône-Alpes sur la place des autrices dans la BD, nous avons aussi créé l’exposition Héro(ïne)s il y quatre ans avec JC Deveney, qui questionne la place de la femme dans les personnages de bande-dessinée en inversant les genres. »
Les héros deviennent des héroïnes, les rôles et les situations s’inversent. Tintin devient Tintine, Gaston devient Gastonne, aux côtés de Supermeuf, la femme d’acier, Lucky Lucy qui se coltine un fiancé collant parce qu’elle lui a sauvé la peau et Coco Maltese qui voyage seule et s’en tire très bien.
Spirou est remplacé par Seccotine, personnage féminin récurrent dans la BD et détourne la couverture du tome 12, C’est du joli, où Spirou découpe au ciseau le maillot de bain très échancré de sa maîtresse, par une version C’est du lourd avec Seccotine qui découpe le maillot de son maître bodybuildé, renvoyant une image (d’homme objet et de petite fille obsédée) dérangeante alors que l’inverse ne l’est plus, tant on y est habitué…
Du Liban à Hedy Lamarr
« Cela dit, ce n’est pas une contrainte que l’on s’impose, on choisit juste des gens avec qui on a envie de travailler » précise Sandrine.
Comme Pénélope Bagieu, présente depuis les débuts du festival, qui a dessiné l’affiche cette année et recevra le Prix d’honneur de la Ville de Lyon lors de l’inauguration le 8 juin.
Elle présente aussi l’exposition Culottées, réalisée d’après les deux tomes de sa bande dessinée Les Culottées qui raconte en tout trente histoires de femmes « qui ne font que ce qu’elles veulent. »
La baseline est légère, mais l’on découvre surtout des femmes ayant accompli des exploits ou des découvertes importantes à l’échelle de l’humanité, que l’Histoire n’a pourtant pas retenu. Telles Hedy Lamarr, actrice et inventrice, dont on a retenu la beauté et sa capacité à crever l’écran mais beaucoup moins ses inventions scientifiques qui sont pourtant à l’origine du GPS et du Wifi.
Ou Phulan Devi, née en Inde dans une caste très défavorisée, mariée de force à dix ans, emprisonnée, qui devient reine des bandits puis membre du Parlement. Ou encore Nelly Bly, la première femme correspondante de guerre, la militante française Thérèse Clerc, l’artiste Bette Davis…
Parmi les projets présentés, on trouve Julie Rocheleau et son exposition Scaphandrier à cheval au Musée d’Art Contemporain, Lucie Castel qui a été envoyée pour un reportage dans le camps démantelé de Calais (lire en page 8), l’exposition Voisins sur la bande dessinée libanaise qui rassemble cinq autrices et auteurs libanais sous le commissariat de Raphaëlle Macaron.
Mais aussi Virginie Augustin qui présente une exposition de fan art réalisée par des étudiants en Art de l’ENAAI, le centre culturel d’Écully qui dédie une exposition à l’autrice Aurélie Neyret ou encore Sara Quod qui a illustré la bande dessinée L’art d’aimer au Musée Lugdunum.
Enfin, l’exposition Héro(ïne)s est reprise cette année avec des inédits :
« Nous avons reçu beaucoup de contributions spontanées après la première exposition. Puis nous l’avons traduite en allemand et en anglais pour la faire voyager et nous avons demandé à des auteurs sur place des illustrations, donc nous l’avons également enrichie de contributions allemandes et anglaises » explique Sandrine.
En attendant de faire le tour du monde, elle permet déjà de faire un bon tour de la question.
En savoir plus sur le site Lyon BD Festival
À l’Hôtel de Ville de Lyon et dans divers lieux à Lyon les samedi 9 et dimanche 10 juin 2018
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