Bureau élargi du FN à Lyon pour entériner son nouveau nom, future école de Marion Maréchal-Le Pen, activité du Bastion Social (ex-GUD)… Lyon s’est retrouvée en bonne place dans les médias nationaux récemment et de nouveau dépeinte comme la « capitale de l’extrême droite ».
Une formule rapide et percutante. Mais qui décrit malgré tout une réalité : historique ou d’opportunité, Lyon est une place forte de l’extrême droite en France. Un grande variété de groupuscules d’extrême droite sont implantés dans la ville et ses alentours.
Et notamment dans le quartier du Vieux Lyon.
Le Vieux Lyon, un choix d’implantation pour l’extrême droite radicale
Parmi les médias nationaux à s’être intéressés à cet enracinement de l’extrême droite radicale, on compte la radio France Culture pour son « Magazine de la rédaction« . Une émission à laquelle a participé Laurent Burlet de Rue89Lyon (à réécouter ci-après).
La radio publique a tendu le micro à certains acteurs du quartier pour ce numéro intitulé « Le Vieux Lyon face à l’ultra-droite ». Du côté des opposants aux groupuscules d’extrême droite, Philippe Carry alias « L’horloger de Saint-Paul » dont la boutique a été caillassée, ou encore Franck Adrien de la Maison des passages, elle aussi plusieurs fois visée.
Si pour eux le choix du quartier par certains groupuscules d’extrême droite a pu se faire par hasard, ils tentent désormais de lui donner un sens. A travers son aspect historique et moyen-âgeux notamment qui le relie aux « racines de la France ».
De l’autre côté, Romain Espino, actuel porte-parole de la section lyonnaise de Génération Identitaire, expose la logique de leurs actions avant tout médiatiques et de l’intérêt pour son organisation de s’implanter dans un quartier historique « aux traditions fortes ».
Autre groupuscule, nationaliste cette fois, implanté dans le quartier depuis peu : le Bastion Social. Issu du GUD (Groupe Union Défense) et lancé depuis Lyon par Steven Bissuel, il fait depuis parler de lui notamment depuis l’ouverture de son local, Le Pavillon Noir, dans le quartier.
Il essaime quelques sections dans d’autres villes françaises (Chambéry, Strasbourg ou Marseille) mais certains de ses membres dont le chef directement sont aussi soupçonnées d’avoir participé à une expédition punitive lors d’un concert identifié anti-fasciste non loin de leur local dans le 5e arrondissement. Il est depuis mis en examen et interdit de 5e arrondissement entre 22h et 6h du matin.
L’association du capitalisme et du « lobby sioniste »
Interrogé par le journaliste de France Culture sur ses positions politiques et celles de son organisation, Steven Bissuel évoque ce qui mine notamment la France selon lui : l’immigration et le « lobby sioniste ».
« (…) L’immigration profite à qui ? Au grand patronat et au capitalisme, au détriment des nationaux historiques (…). Il ne faut pas oublier non plus, et c’est quelque chose de très visible, qu’il existe un lobby sioniste en France. Ça c’est une évidence totale, c’est une évidence qui est reconnue et c’est une évidence contre laquelle nous on se bat. »
Invité à être plus précis, le chef du Bastion Social insiste tout en restant sur cette frontière ténue entre « lobby sioniste » et « lobby juif ». Tout en jouant avec cette image traditionnelle de « l’ennemi de l’intérieur » au service d’intérêts étrangers.
Journaliste : Sioniste ou juif ?
Steven Bissuel : « C’est le lobby sioniste en France. Et c’est l’application finalement d’une politisation du judaïsme. La chose étant c’est qu’il ne peut pas y avoir une logique de lobby au sein de la France puisque les lobbies réagissent à des intérêts privés, personnels et souvent extra-nationaux. Si le lobby sioniste a une forte influence en France, il n’est pas dans l’intérêt des Français ni des Européens, il est dans les intérêts étrangers à savoir les intérêts israéliens. (…) »
Le cliché du « juif et de l’argent »
Lorsqu’il est interrogé sur sa position concernant un « lobby catholique », le dirigeant du Bastion Social semble alors décrire en creux ce qui caractérise pour lui le « lobby sioniste ». Avec ce qui est pour lui une « politisation du judaïsme », il semble jouer avec le cliché du « juif et de l’argent » :
« Journaliste : Le lobby catholique ne vous dérange pas ?
Steven Bissuel : Ah, je ne savais pas que le lobby catholique était, je ne sais pas, dans la finance internationale, avait des rôles de « banksters », avait un rôle de sapage (sic) total des intérêts nationaux en France. Je ne suis pas au courant, peut-être que vous pourrez éclaircir ce point. »
En 2015, il avait été mis en examen pour « apologie de crime contre l’humanité » et « provocation à la haine raciale ». À l’occasion du 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz, il avait publié sur le site et le compte Twitter du GUD un message une illustration qui se veut une étiquette de la boisson Oasis à l’ananas détournée avec l’inscription « arbeit macht frei ». Ce dessin évoque le jeu de mots entre Shoah et Ananas déjà opéré par l’humoriste Dieudonné.
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