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Affrontements avant le match OL-CSKA : quatre hooligans lyonnais devant la justice

Mercredi 30 mai, quatre hooligans ont comparu devant le tribunal de grande instance de Lyon. Ils ont participé aux affrontements précédant le match de Ligue Europa entre l’Olympique Lyonnais et le CSKA Moscou en mars dernier. L’un d’entre eux, proche « des mouvances identitaires », est suspecté d’avoir porté des coups à un policier à terre.

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Nouveau palais de justice. Férvier 2017. Lyon ©Léo Germain/Rue89Lyon

Ce qui a étonné la cour au moment de présenter les prévenus, ce sont leurs profils incompatibles de prime abord avec ce qui leur est reproché. Soupçonnés pour trois d’entre eux d’avoir jeté des projectiles contre les forces de l’ordre le 15 mars dernier et d’avoir porté des coups à un policier pour le dernier, tous semblent bien insérés socialement.

Trois d’entre eux ont la vingtaine, les cheveux courts, et portent des jeans sombres et des basket passe-partout. Ils habitent des bourgades de la région lyonnaise.

Ils travaillent en tant que mécanicien, pâtissier et peintre en bâtiment, et gardent pendant la séance un calme gêné par la présence du côté des parties civiles du policier lynché ce jour là.

« Des ouvrages qui le rapprochent de mouvances identitaires »

Le quatrième, Jean-Marie K. 37 ans, est auto-entrepreneur dans le bâtiment. Grand, imposant, sa carrure contraste avec celles des trois autres prévenus. Bien qu’il ne perde pas la face, son inquiétude ne fait aucun doute, dans un procès où il est le plus gravement mis en cause. Il a été filmé par les caméras de surveillance du stade à proximité du policier à terre.

Sa compagne travaille en tant que responsable commerciale au sein d’une multinationale et perçoit des revenus confortables. Lors de la perquisition de son domicile, « des lectures et des ouvrages qui le rapprochent de mouvances identitaires » sont retrouvés chez lui.

« Je suis tombé au sol, et ils se sont acharnés sur moi »

Jean-Marie K. admet avoir caillassé la police. Il remet toutefois en cause sa participation au lynchage du membre de la BAC antiterroriste.

Pour lui, c’est même tout l’inverse :

« En voyant ce qu’il se passait, je me suis placé au dessus du policier pour le protéger des coups qui pleuvaient. Je suis venu l’aider, je ne l’ai pas frappé.

– En fait, vous étiez le sauveur ? », ironise la présidente du tribunal.

Pourtant, le témoignage du policier victime de ce lynchage vient contredire sa version des faits. Bien que l’agent, cinquantenaire, ait une longue expérience des violences visant la police, il dit être choqué de ce qui s’est passé ce soir là. Quand on l’interroge sur les évènements, il se lève et raconte :

« Après quelques minutes de jets de projectiles, j’ai vu un homme vêtu d’un blouson noir dire « faut y aller », et un grand nombre d’entre eux se sont approchés. En reculant, je suis tombé au sol, et ils se sont acharnés sur moi. Jusqu’à ce que quelqu’un habillé en blanc intervienne et leur dise d’arrêter. J’ai perdu connaissance et mes souvenirs de cette soirée sont confus, mais je suis certain que celui qui m’a secouru était vêtu de blanc, et n’avait pas la carrure de monsieur K. »

« Je portais une capuche pour ne pas être reconnu »

L’un des jeunes dit fréquenter le virage Nord du stade de l’OL, les trois autres dont Jean-Marie K., le virage Sud. Un secteur du stade connu pour accueillir des supporters lyonnais liés à différents groupuscules d’extrême droite radicale. Dans ce virage, le groupe Mezza Lyon, proche des groupes identitaires avait notamment fait parler de lui en brandissant une banderole anti-migrants. Ce sont des supporters du virage Sud proches des identitaires et des nationalistes qui encadraient le rassemblement, il y a trois ans, d’ultras unis pour l’occasion pour dénoncer la répression policière. 

Pour déterminer si leur participation aux évènements était préméditée, la présidente du tribunal s’attarde sur leurs tenues.

« Que portiez-vous se soir là, en arrivant au stade ? Demande-t-elle à Jean-Marie K.

– Un jean et un pull à capuche…

– Et pourquoi ?

– Pour ne pas être reconnu…

– (À un autre prévenu) Quant à vous, vous étiez tête nue…

– Oui, je n’avais rien prévu de tout ça. Je portais une veste de l’équipe de France.

– Et pourtant, on vous voit jeter votre canette !

– C’est vrai, je le reconnais. En arrivant, je n’étais pas avec les autres, mais j’ai reçu des gaz tirés sur la foule. Ça m’a énervé, et j’ai jeté ma canette avant de rentrer dans le stade. »

18 mois de prison ferme requis contre Jean-Marie K.

La défense des trois prévenus les plus jeunes souligne qu’ils n’ont participé « qu’à une des deux phases de l’action, les jets de projectiles, pas aux coups portés contre le policier ». Le procureur a retenu contre les quatre prévenus leur appartenance au sein du groupe qui a commis ces violences. Il a requis contre eux une peine de 18 mois d’emprisonnement dont six avec sursis ainsi que trois ans d’interdiction de stade.

La réquisition à l’encontre de Jean-Marie K. a été plus sévère encore : 18 mois ferme sans aucun sursis et une interdiction de stade de 3 ans. Il encourt donc une peine similaire à celle prononcée contre Romain B. premier hooligan condamné précédemment pour avoir frappé le policier à terre ce soir là.

Par ailleurs, le club de l’Olympique Lyonnais était une nouvelle fois aux abonnés absents du côté des parties civiles. Contrairement à ce qu’il a toujours affirmé dans sa communication officielle depuis les graves incidents survenus le soir du match.

Le club est d’ailleurs toujours dans l’attente d’une condamnation de la part de l’UEFA. L’organisation du foot européen avait déclenché une enquête disciplinaire suite à ces incidents avant le match contre le club moscovite durant lequel une banderole aux signes SS et une agression raciste avaient également été rapportées.

Le délibéré du jugement concernent les quatre hooligans lyonnais sera rendu lors d’une audience le 28 juin au civil, au cours de laquelle seront fixés les dédommagements accordés aux policiers blessés.


#CSKA moscou

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