Sautez de joie, les zazous de Radio Meuh viendront passer des disques à Lyon, à l’invitation du Café Sillon et de Rue89Lyon, ce dimanche 6 mai.
Philippe Thevenet est le fondateur et le programmateur de cette webradio savoyarde écoutée partout en France et au succès grandissant. On a discuté avec lui de programmation musicale, de saucisses et de Michael Jackson.
ouvez-vous nous parler d’un souvenir musical fondateur, de l’enfance ou de l’adolescence ?
Philippe Thevenet : J’ai grandi à la Clusaz. C’est un peu bateau comme souvenir, mais c’était le clip « Thriller » de Michael Jackson, qui passé sur MTV. Le clip m’a emballé de suite. Entre la mise en scène, la musique et le scénario… ça a été un clip exceptionnel pour nous, à l’époque. Et même ça m’avait fait un peu flipper, gamin (rires).
Philippe Thevenet descendra de sa montagne ce dimanche 6 mai avec un acolyte de Radio Meuh, afin d’ambiancer un peu l’avenue Jean-Jaurès (Lyon 7è). Ce sera la « sausage on stage« , programmée au et par le Café Sillon et Rue89Lyon dans le cadre du programme Extra! de Nuits Sonores. De 12h à 20h, saucisses du monde (recettes de fou, exclusives, par Mathieu Rostaing Tayard, bières du Mont Salève). Faîtes-nous signe sur les réseaux sociaux, pour qu’il y en ait suffisamment pour tout le monde !
« Le concert qui m’a le plus marqué ? Rage Against Machine à Belfort, pour la tournée de leur premier album »
Qu’écoutiez-vous à 20 ans ?
J’ai écouté pas mal de pop-rock-folk, des choses comme Neil Young et Bob Dylan. J’ai dérivé après sur la pop plus alternative (Radiohead) et la scène grunge (Nirvana, Pearl Jam, Mudhoney).
Quel concert vous a le plus marqué ?
C’était Rage Against Machine à Belfort, pour la tournée de leur premier album, « Rage Against Machine ».
Que rêviez-vous de faire comme métier, enfant ? Comment en êtes-vous venus à la radio ?
J’ai toujours voulu faire quelque chose autour de la musique, depuis très jeune. J’ai commencé en faisant mes compil’, dans un esprit « selector ».
C’était un doux rêve de bosser dans ce milieu, sans savoir précisément dans quelle branche. Au final cela s’est fait par hasard, c’est après une idée de Radio FM à la Clusaz -mais trop compliquée, qu’on a attendu que le streaming se démocratise pour lancer notre propre radio.
« Une grosse partie de mes recherches musicales se font sur internet. C’est là que ça se passe. »
Parlons un peu de Radio Meuh, justement. Vous avez une programmation musicale très éclectique, de la funk au groove, en passant par l’électro, mais peu d’artistes émergents ou très contemporains dans votre sélection. Comment se font les choix et le rythme de la prog’ ? Comment concevez-vous votre discothèque ?
Je suis curieux de tout, à la base, mais c’est vrai que cela concerne surtout ce qu’il y a dans la veine groove-électro-world. Je fais des playlists en fonction de la journée. Le matin, ça va être cool et le soir plus péchu et dansant. C’est une trame globale, je ne la respecte pas toujours au millimètre. Il y a des playlists établies pour la journée ou le soir et d’autres un peu plus flexibles.
Désormais, on reçoit les news des labels, mais on ne mise pas tout sur la nouveauté, ce n’est pas le principal. Ce sont des compil’ qui m’amènent à un artiste puis à des mixes de DJ. Une grosse partie de mes recherches se font sur internet. C’est là que ça se passe. Quand tu cherches quelque chose, cela t’amène toujours vers autre chose. Ce sont des recherches régulières, permanentes.
« On fait les choses sans se prendre au sérieux. Ça donne un vrai côté local à la radio. »
Le nom de Radio Meuh, c’est une référence à votre région ? Le festival de Radio Meuh, au final c’est un peu les Transmusicales savoyardes ? L’avenir semble radieux pour ce type d’événements, très ancrés sur leur territoire, promouvant une culture locale notamment. C’est ce que vous défendez ?
Oui, parce que La Clusaz, c’est le pays du reblochon. Et il y a pas mal de vaches autour de nous. Puis c’est à notre image : on fait les choses sans se prendre au sérieux. Ça donne un vrai côté local à la radio.
Le festival a été conçu dans l’idée d’avoir toujours de nouveaux projets et de concrétiser un événement important à la Clusaz.
Au début, c’est parti comme un délire, on s’est associé avec des copains du Grand Bornant, la station à côté de la Clusaz, qui sont dans la production. La combinaison de nos deux équipes a bien marché et on a continué. Maintenant, on est à la sixième édition.
On n’est pas autant dans la découverte que les Transmusicales de Rennes. Mais c’est vrai que l’on ne peut pas se permettre d’avoir de grosse têtes d’affiches, on a une jauge limitée et on n’a pas un gros budget.
Nous sommes plus à la recherche de la petite perle qui va percer, ou du groupe qui tourne régulièrement mais dont on n’entend pas (encore) parler. Oui, en partie, on défend cette identité locale parce qu’on a le plaisir d’accueillir des auditeurs chez nous, à La Clusaz.
Radio Meuh reste et restera toujours à la Clusaz ?
Toujours, je ne sais pas, mais en tout cas on est ancré ici, on y habite. Ça fait partie de l’esprit, je nous vois mal aller à Paris.
« Souvent les gens disent que Radio Meuh met tout le monde d’accord »
Aujourd’hui vous êtes écoutés partout en France, et dans différents endroits : dans des salons de coiffure, chez des disquaires, dans des épiceries… Comment expliquez vous qu’un panel si hétéroclite vous écoute ? Qu’est ce que ça fait d’être plus écoutés que des radios tels que Nova ou France Musique ? Pourquoi avez-vous autant de succès d’après vous ?
Je pense que le fait qu’il n’y ait pas de pub plait à pas mal de gens. On a su trouver à travers nos programmations un équilibre, entre à la fois du old school et des nouveautés. Je fais toujours attention que ce soit une musique que tu puisses écouter en fond, mais si tu y fais attention, le morceau peut te faire vibrer. Je souhaite que ce soit une bonne radio d’ambiance, c’est pour ça que j’ai vite laissé tomber le rock et la pop.
Maintenant on s’y fait, on sait qu’on a du succès, il faut l’assumer et ne pas perdre notre audience. Je pense que notre succès vient de l’image de la radio. Avec un peu de chance, on est arrivé au bon moment et notre musique convient à tout le monde. Souvent les gens disent que Radio Meuh met tout le monde d’accord.
C’était important pour vous de créer une radio, purement musicale et sans bla-bla, ou vous aviez juste la flemme de faire une émission ?
Déjà on ne savait pas faire, je n’étais pas de la radio. C’est notre créneau maintenant, les gens viennent pour ça. Ils mettent play et la musique coule toute seule.
Cela vous arrive-t-il de mettre un coup de projecteur sur des artistes de la région savoyarde plutôt que sur des artistes déjà connus nationalement ?
On ne le fait pas assez, même des artistes émergents français. C’est un peu par manque de temps, on ne peut pas tout faire.
« On est en train de travailler sur un projet plus ambitieux pour embaucher quelqu’un »
Qui compose l’équipe de Radio Meuh ? Pouvez-vous vivre désormais de votre activité de web radio ?
Pour l’instant personne n’est embauché, on est trois à vivre de nos prestations de DJ. On est en train de travailler sur un projet plus ambitieux pour embaucher quelqu’un.
Vous êtes les « fantômas » de l’univers web radio, pourquoi cette discrétion ? Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Je pense que cela vient de ma personnalité. Des fois, on montre nos visages, mais je cherche à ne pas trop me montrer, ce petit côté mystérieux, je veux le garder.
On aimerait restructurer notre radio et surtout notre modèle économique, vu qu’il n’y en a jamais vraiment eu, pour proposer plus de projets aux auditeurs avec des supports vidéos et des retransmissions en direct.
Si vous étiez un plat, pourriez-vous être une saucisse (vu qu’on va en manger pour la “sausage on stage” ce dimanche 6 mai au Café Sillon) ?
Oui, car chez nous on a les diots, qu’on vend d’ailleurs à foison pendant notre festival.
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