Il n’a pas attendu de voir son ex-maire et président de Métropole se lancer dans un texte de loi anti-migrants pour être critique à l’égard de Gérard Collomb. Olivier Brachet, ancien vice-président de la Métropole de Lyon, s’est fendu d’un texte incendiaire, écrit au sujet du ministre de l’Intérieur et diffusé sur sa page Facebook :
« J’ai été vice président de Gérard Collomb , j’ai démissionné en 2015 en désaccord profond. Aujourd’hui il me fait honte.
J’ai hésité à écrire cela pour ne pas personnaliser, mais je constate qu’à Lyon tout le monde se tait. Alors je veux dire aujourd’hui mon profond écœurement et signer pour que les désaccords s’expriment en osant mettre son nom en face de ce qui à Lyon ne se fait plus en raison d’une véritable omerta et la peur de représailles. »
« J’ai honte aussi. Merci de l’écrire en toutes lettres. »
Olivier Brachet a longtemps été le monsieur « solidarité » de Gérard Collomb. Une caution humaniste que le maire de Lyon avait intelligemment utilisée et placée à la direction de sa campagne, en amont de sa réélection pour un troisième mandat, en 2014.
Une idylle qui a pris fin avec fracas. Olivier Brachet n’a pas attendu un an pour claquer la porte de la collectivité, furieux de ne pas voir sa délégation « logement, habitat et la politique de la ville » mieux dotée et mieux prise en compte dans la politique générale de la Métropole.
Son texte a été relayé, notamment par ceux qui furent eux aussi aux côtés de Gérard Collomb dès sa prise de pouvoir sur le territoire en 2001 puis en 2008, lors de l’entérinement de son ancrage local. La socialiste Cécile Michaux, qui n’a jamais craint de dire publiquement ce qu’elle pensait de la politique du maire de la ville, répond :
« J’ai honte aussi. Merci de l’écrire en toutes lettres. »
Une majorité des voix qui s’élèvent avait pris ses distances bien avant l’adoption de ce texte de loi et bien avant la propulsion de Gérard Collomb au sein du gouvernement.
Dans les commentaires, les défenseurs de l’ancien maire de Lyon se manifestent pour rappeler une politique sociale dont Gérard Collomb n’a de cesse de dire qu’elle a fait son « modèle lyonnais » :
« Comme chaque lyonnais je sais tout ce que Gérard Collomb a fait de cette ville au cours de ses mandats successifs, notamment pour la mobilité et la mixité entre les quartiers », écrit une militante.
« Copier-coller de Lyon à Beauvau »
Un autre texte a été largement partagé, regrettant une « méthode lyonnaise » mise en application au niveau national. C’est celui de Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement, qui fût élue en 2001 sur les listes de Gérard Collomb, avant de se détourner de son mentor.
Première opposante à Lyon à la gauche de Gérard Collomb, elle a pour projet depuis quelques années déjà de « fédérer les déçus » du maire, se voyant bien en haut de l’affiche en 2020 (ce qui pour l’heure reste incertain, puisqu’elle fait face à une crise politique la remettant en cause dans son propre mouvement).
A partir de la réaction tardive de Gérard Collomb au barrage « anti-migrants » mis en place par des militants d’extrême droite (Génération identitaire) dans les Hautes-Alpes, la maire d’arrondissement décrit un processus. Elle estime que le ministre de l’Intérieur est en tout point fidèle aux propos qu’il tenait lorsqu’il était maire de Lyon :
« En renvoyant dos-à-dos, dans son communiqué de presse du 22 avril 2018, une extrême-droite raciste, xénophobe et fascisante et des militants des droits humains, Gérard Collomb renouvelle un écart verbal dont il est coutumier : en mai 2017, en séance publique du Conseil municipal de Lyon, il comparait déjà opposition de gauche démocratiquement élue et activistes des Brigades Rouges ou de la Fraction Armée Rouge.Aussi caricaturaux soient-ils, ces propos sèment la confusion et mettent sur le même plan des engagements et des valeurs que pourtant tout oppose.Ce copier-coller de Lyon à Beauvau doit alerter tous les défenseurs des droits fondamentaux et, plus généralement, tous celles et ceux qui n’acceptent pas l’amalgame entre l’idéologie xénophobe et les valeurs de la solidarité ».
Amnesty a qualifié la loi « asile et immigration », qui doit encore faire un passage devant le Sénat, de « texte dangereux » (mettant en place un doublement du temps de rétention, la rétention des enfants ou encore la sanction des actes de solidarité avec les migrants).
Elle a aussi créé un précédent chez les députés de la majorité puisqu’une partie du groupe LREM a affiché pour la première fois un désaccord avec une proposition de loi issue du gouvernement.
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