Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

« Visible / Invisible : le Musée de l’histoire de l’immigration devant le fait colonial »

Marianne Amar est responsable de la recherche au Musée national de l’histoire de l’immigration

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.

Marianne Amar, la responsable de la recherche au Musée national de l’histoire de l’immigration. ©DR



Elle est l’une des invité-e-s des « Écritures post-coloniales », un événement notamment organisé par la Villa Gillet et le TNP les 2 et 3 février. Nous publions les contributions de quelques intervenant-e-s.

C’est un musée hanté par le colonial. Depuis dix ans, le Musée national de l’histoire de l’immigration, installé dans l’ancien Musée des colonies construit en 1931, écrit le passé en tenant un équilibre précaire entre le trop plein de visibilité du lieu et le silence qui recouvre – en partie – les migrations coloniales et post-coloniales.
En 2007, l’institution avait cru pouvoir balayer d’un geste la puissance du bâtiment : le Musée finirait par en renverser la signification. Mais le renversement n’a pas eu lieu. L’institution vit, au contraire, dans l’inquiétude permanente d’être recouverte par ces lieux qu’elle ne parvient pas à habiter, à la fois trop proche et irréductiblement différente.

« Le patrimoine de la nation ne doit pas, pour autant, demeurer intouchable »


Les polémiques ont été si nombreuses à jalonner la courte histoire de ce musée, qu’on en a oublié certaines évidences. Que l’histoire de l’immigration coloniale et post-coloniale se noue à l’intersection du passé impérial de la France et de l’histoire des migrations – toutes, sans exclusive ni hiérarchie – et qu’il est possible d’en déplier tranquillement, en historienne, les héritages respectifs. Qu’installer un musée des migrations dans un bâtiment patrimonial avec le statut de musée national – soit le plus haut niveau de reconnaissance de la République – ne condamne pas à en rester sidéré.

Inaliénable, le patrimoine de la nation ne doit pas, pour autant, demeurer intouchable. Et enfin, puisqu’il s’agit de réfléchir à l’exposition du fait colonial, il convient de penser ce musée comme un paradoxe.

Comment tenir ensemble le bâtiment et le musée, soit deux manières contradictoires de faire lien avec le monde ? Comment rendre visible une histoire largement faite d’invisibilité sociale, traversée de silences qui sont parfois une forme de résistance ? Comment exposer, révéler le hors champ de cette histoire, sans le recouvrir d’images qui ressortent des représentations et des stéréotypes ? Comment, en fin de compte, inventer une pratique muséale qui conduit à ouvrir les yeux pour regarder autrement ?

Marianne Amar, la responsable de la recherche au Musée national de l’histoire de l’immigration. ©DR

>> Intertitre par Rue89Lyon
>> Exposer le fait colonial. Débat avec les historiens Michel Pierre, Marianne Amar et Martine Gosselink. Vendredi 2 février à 18h30 au Théâtre National Populaire de Villeurbanne. Une rencontre animée par Cédric Lesec, directeur des relations extérieures et de la diffusion du Musée des Confluences.


#Migrants

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Partager
Plus d'options
Quitter la version mobile