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Lyon fait sa psychanalyse, une expo sur le divan aux musées Gadagne

Désormais, même les villes ont droit à une psychanalyse. Une troupe d’artistes a regardé dans la tête de notre cité et scruté son histoire. Et cela donne l’exposition temporaire « Lyon sur le divan » aux musées Gadagne.

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Lyon fait sa psychanalyse, une expo sur le divan aux musées Gadagne

Et si la ville était psychanalysée ? C’est ce à quoi les membres de l’ANPU (agence nationale de psychanalyse urbaine) en blouse blanche ont convié les Lyonnais, en installant des chaises longues dans l’espace public ces derniers mois.

Cette troupe d’artistes, qui suit un protocole très précis édicté par leurs soins, a fait le portrait chinois de cette cité. Où il s’avère qu’elle a deux parents aux caractères diamétralement opposés (Rhône et Saône) et que son projet (être capitale des Gaules) est lourd à porter.

Il n’y a là aucune révélation, mais une manière de mieux s’introduire dans l’histoire de Lyon, de façon artistique et très personnifiée au point qu’une équipe de scénographes a inventé un corps métallique qui traverse les différents espaces d’exposition.

Perspective de l’agrandissement de la Presqu’île, gravure sur cuivre, d’après un dessin de Jean-Baptiste Lallemand, 1776 © musées Gadagne

À chaque partie : compte-rendu de ces séances de psychanalyse en son et en vidéo avec schémas dessinés dans les nerfs de ce corps et, sur les murs en face, des analyses plus classiques mais toujours passionnantes de l’évolution de cette ville et la manière dont les habitants l’ont modelée.

Au commencement donc : sa croissance. Elle est étayée par des cartes, déjà vues mais jamais trop montrées, qui disent comment peu à peu Lyon a conquis les à-côtés de l’eau grâce à Antoine-Michel Perrache qui souhaitait l’étendre au sud et Jacques-Antoine Morand à l’est (les Brotteaux).

Des plans d’époque aux photos de parkings tristes, les phases de l’histoire s’entrechoquent et là, comme dans les trois autres espaces, le public est invité à participer. En l’occurrence choisir si demain, il préfère que Lyon s’étire ou s’étale.

Recoudre les quartiers

Ensuite, la ville a dû « coudre » ses nouveaux quartiers. On redécouvre comment les pentes de la Croix-Rousse se sont raccordées à la Presqu’île et de quelle manière (ficelle, tunnel) ; comment on a échappé à un bis du château Sans-Souci, avec ses jardins en terrasse jusqu’aux Terreaux ! Ainsi, Lyon a grandi, s’est unifiée, les habitants se sont exprimés (ceux de la Croix-Rousse contre les démolitions hâtives) et s’est étendue.

Mais une croissance ne peut se faire qu’en bonne forme : c’est ainsi que la troisième partie est consacrée à la santé des Lyonnais, plongés jusque dans les années 30 dans une insalubrité à laquelle Édouard Herriot va mettre fin avec la construction de l’hôpital qui porte aujourd’hui son nom, dont on peut voir des plans expliquant les 2km souterrains reliant les bâtiments.

Il fait par ailleurs détruire l’hôpital vétuste de la Charité, dont il ne reste que le clocher et une incitation à boire sain,  « mère de toutes les vertus » comme en atteste une affiche instructive et drôle sur l’eau potable exposée au-dessus d’une fontaine Bayard.

Cette hygiénisation (qui dans le même temps s’impose à Villeurbanne avec les Gratte-ciel) passe aussi par Tony Garnier, qui a défaut de réaliser ses utopies, bâtit le quartier des États-Unis, dont quelques habitants témoignent dans une vidéo.

Deux gares indigestes

Après avoir réglé ses problèmes internes, Lyon s’est attaqué à son image et c’est un grand moment que de consulter les cartes postales des années 70 (les centres commerciaux, hall de gare, autoroute) de cette ville que Louis Pradel voulait sans feu rouge !

L’expo est nourrie de ces documents d’époque, sans non plus en être gavée, au risque d’instruire un énième procès à ce maire, roi du tout-béton dans une période qui l’était tout autant. Tout est digeste dans cette expo, grâce notamment à deux œuvres picturales de Jean Couty.

L’effort de « rajeunissement » a été ciblé sur les gares car « la circulation c’est la vie ! ». Mais si René Gagès a toujours défendu son hub à Perrache, Charles Delfante a vite fait son auto-critique de la Part-Dieu « accumulation de tunnels sans joie dans lesquels on s’emmerdera au point qu’il faudra passer très vite ».

Au cours de l’évolution de la cité, il a fallu enfouir quelques excroissances comme les prisons Saint-Luc-Saint-Paul (à voir, les photos et dessins d’Ernest Pignon Ernest) ou de vieilles usines à Confluence dont des pièces (éponges, un sucre de la Sucrière en 1925) fabriquées dans cette zone sont exposées, comme des reliques des temps antiques !

Reste désormais à inventer Lyon 2117 en s’inspirant peut-être de la végétalisation que le néerlandais Luc Schuiten avait dessiné il y a déjà quelques années.

Lyon sur le divan
Aux musées Gadagne jusqu’au 17 juin
+ nombreuses conférences, visites urbaines…

Crédit Photo : Perspective de l’agrandissement de la Presqu’île, gravure sur cuivre, d’après un dessin de Jean-Baptiste Lallemand, 1776 © musées Gadagne

Par Nadja Pobel, à lire sur le petit-bulletin.fr


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