C’est fier comme un paon que l’élu Les Républicains nous a fait faire le tour du propriétaire.
Pour Dorian, Nassim et Kentin, le codage, c’est 50 heures par semaine. Elles sont dispatchées sur des sessions tardives voire carrément de nuits blanches. Comme son modèle parisien, l’école 42, l’école 101 à Lyon « libèrent » les enseignements : pas de prof, pas d’emploi du temps, pas de note.
À la place, des défis à relever collectivement, en s’appuyant sur des cours en ligne, des aides sur les forums ou à trouver chez le voisin de table.
Une façon d’appréhender les apprentissages plutôt moderne, voire progressiste, pour user d’un mot dont Laurent Wauquiez ne raffole pas. Mais le président de Région passe outre bien des réticences lorsqu’il s’agit de son campus. L’idée de pouvoir afficher un « 100% » d’embauches à l’issue d’un passage à 101 requiert bien des pouvoirs.
Celui notamment de faire dire au candidat à la présidence du parti Les Républicains, tenant d’une ligne politique très radicale, ce type de choses :
« On s’est posé la question de rendre cette école payante. Vraiment. Pour des raisons évidentes de budget, etc. Mais non. On tient à ce qu’elle soit ouverte à tous. Là haut [il pointe le doigt vers les salles de classe, à l’étage], il y a des gens issus de tous les milieux. Parfois pas favorisés du tout. Des gens qui n’ont pas eu de fées penchées sur leur berceau. À ceux-là, on a voulu dire que c’est possible. »
Le fonctionnement de l’école 101, sur le campus numérique qui accueille six autres écoles, équivaut à un budget de 3,5 millions d’euros par an, financé par la Région. Et d’ajouter :
« On n’est pas dans la reproduction des élites. Là, c’est la relance de l’ascenseur social ».
Rien de moins. Laurent Wauquiez espère que ce vivier de jeunes (de 18 à 30 ans) têtes disponibles au tout-numérique irriguera le tissu économique régional et toutes ses entreprises en quête urgente de transition.
D’ailleurs, ce lundi matin, le raout de Laurent Wauquiez n’a mis en avant aucune personnalité de l’éducation nationale mais plutôt ce que Lyon compte de grosses huiles dans le champ économique, entreprise et famille Mérieux représentée, Olivier Ginon de GL Events, François Turcas (CGPME), etc.
« Ils sortent tous avec un job »
Dorian, 19 ans, a obtenu son bac sans difficulté mais ne se voyait pas intégrer un IUT ou une faculté scientifique, avec « beaucoup de maths, de physique, où ça bourrine ». Son voisin estime justement que les mathématiques manquent peut-être au contenu d’un établissement comme 101.
« Si tu veux faire de l’algorithmie, il y a des kilos de cours sur le net », oppose-t-on à ce dernier.
Tous montrent un gros enthousiasme et n’imaginent pas, pour le moment, une baisse de régime. Les projets doivent être menés à bien, le chemin est donc tracé.
Sur son écran, Nassim nous montre une arborescence de projets, soit une constellation de points/sujets qu’il devra aborder pendant son cursus. Le programme est floqué « 42 », comme tous les outils utilisés dans les locaux de Lyon. Dorian, Kentin et Nassim font partie des 120 élèves de cette toute première promo.
Ils évoquent avec une forme d’admiration mais aussi de distance à maintenir avec le fonctionnement parisien. Ils louent un réseau toutefois, qui mêle la crème (l’école 42, avec HEC et les Gobelins).
« Trois ans, ça me semble être le minimum pour tout voir. Je ne vois pas comment je peux mettre moins de temps », estime Nassim.
Et pourtant, certains quitteront sans doute l’école au bout de quelques mois.
« On sait que tous ceux qui sont sortis de l’école 42 ont eu un job. Parfois même avant d’avoir fini la totalité du cursus : ils sont embauchés avant, par exemple par l’entreprise dans laquelle ils font l’un des deux stages obligatoires. »
Le campus numérique 101 doit déménager à Charbonnières-les-bains, sur l’ancien site du conseil régional. Gros chantier de rénovation là-bas, enjeu foncier considérable pour la Région qui espère y envoyer en 2020 près de 3000 élèves.
Pour le moment, le campus se trouve à Confluence, à trois pas du conseil régional. Hors de question d’attendre 2020 pour lancer la machine. C’est en effet, pour Laurent Wauquiez, l’un des rares projets politiques qu’il a porté dès son acte de candidature à voir enfin le jour, sans même trop d’emphase en termes de communication.
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