D’abord, le Musée des Tissus, sauvé pour la com’ mais pas vraiment dans les faits. Ensuite, la présentation du livre blanc pour une politique culturelle régionale, manquant de réelles propositions (d’ailleurs, Laurent Wauquiez ne s’est pas déplacé et a laissé sa vice-présidente Florence Verney-Carron s’en charger).
Et dans la foulée, retour de Laurent Wauquiez en personne pour dévoiler devant la presse sa nouvelle marotte : un focus sur les 50 sites régionaux qui font l’Histoire de France.
Ou, vu autrement, une plongée dans la grande querelle actuelle de l’Histoire. M. Wauquiez a tranché, pour lui l’Histoire c’est le retour à Ernest Lavisse et son enseignement doit se conformer à un grand roman national au parfum identitaire, tel qu’une partie de la droite et de l’extrême-droite l’entendent :
« Qu’est-ce que notre histoire ? S’interroger sur nos origines, notre identité, sur les moments qui ont fait la France et les lieux qui en incarnent son passé est devenu pour certains une transgression, presque un interdit. Cela doit cesser. »
On s’étonne ainsi moins du soutien appuyé de Stéphane Bern au sujet de Musée des Tissus : le très consensuel présenteur de télévision, devenu récemment le M. Patrimoine d’Emmanuel Macron, défend cette même idée orientée de l’Histoire, dénoncée par l’historien Nicolas Offenstadt :
« [il se sert] de sa visibilité médiatique pour mettre en avant un discours politique clairement réactionnaire. »
Vieilles pierres et conseiller de l’ombre
Dans son communiqué, Laurent Wauquiez l’exprime tout aussi clairement :
« Notre jeunesse mérite de savoir pour qui ses ancêtres se sont battus, pourquoi ils ont bâti ces églises, ces châteaux, ces viaducs et façonné ainsi nos vallées. Connaître son histoire, c’est marquer un premier pas, et non des moindres, vers la construction de l’identité de la région. »
Concrètement, les habitants pourront voter pour choisir leurs lieux favoris (comme le Monastère de Brou, en photo) qui feront partie d’un circuit valorisé par la Région (quelques financements pour des projets éducatifs, un onglet sur l’appli régionale…).
Les vieilles pierres sont donc mises en avant, la création un peu moins : Le Progrès l’a révélé dans son édition du 25 octobre, l’Opéra de Lyon va de son côté voir sa subvention amputée de 294 000€, soit 10% de la somme accordée jusque-là, qui sera donc pour 2018 d’un montant de 2,5 M€. Comme d’habitude, peu d’explications et de dialogue suite à cette baisse brutale que le principal intéressé, Serge Dorny, a appris par voix de presse.
D’un côté, l’on se défend d’avoir voulu sanctionner le directeur pour ses notes de frais jugées exorbitantes (13 000€ par mois selon l’audit réalisé par la Ville de Lyon cet été, que le quotidien local s’est procuré). De l’autre, on glisse que si, bien sûr, c’est lié et c’est une sanction. Le conseil d’administration de l’Opéra continue de faire confiance à Serge Dorny, même si ses frais seront désormais plus soigneusement encadrés.
Enfin, le site Les Jours a parlé lui aussi du fonctionnement parfois arbitraire ou flou des attributions de subventions dans le domaine culturel : où l’on apprend qu’Ange Sitbon, embauché par la Région en avril 2016 et « conseiller de l’ombre de Laurent Wauquiez », décide avec son propre cabinet des attributions de certaines subventions de festivals mais disposerait aussi d’un fond d’intervention culturelle doté d’un million d’euros, voté en mars dernier, afin d’arbitrer favorablement pour les manifestations n’entrant pas dans les critères définis, surtout celles organisées par les mairies amies du président.
Rien à voir avec du clientélisme, bien entendu.
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