Ce vendredi matin, Philippe Carry a découvert une dizaine d’impacts dans la vitrine de son horlogerie, rue Juiverie, dans le quartier du Vieux Lyon.
Pour « l’horloger de Saint-Paul » comme pour les autorités municipales, il ne fait aucun doute, la responsabilité de cet acte est à chercher du côté des groupuscules d’extrême droite qui veulent faire du Vieux Lyon leur fief. Pas seulement les identitaires, mais aussi les nationalistes du GUD ou du PNF. Ces mouvements ont tous des locaux dans le quartier (lire la liste ici).
En première ligne sur la question, les associations culturelles du Vieux Lyon, la MJC et la Maison des passages, sont régulièrement la cible des groupuscules. Intimidations physiques, dégradations et collages d’autocollants.
Nous le racontions dans notre article Le Vieux Lyon ne veut pas devenir « Facho land » (saison 2).
Mercredi 29 mars, quelques heures après la publication de cet article, Philippe Carry avait reçu la visite d’une personne qui s’est présentée comme travaillant au « Point d’encrage », le salon de tatouage voisin piloté par le dirigeant du GUD Logan Djian.
Cette personne avait fait le chemin jusqu’à la boutique de la rue Juiverie pour lui reprocher d’avoir « parlé à un journaliste ».
Suite à ce même article, notre journaliste Laurent Burlet avait également été menacé.
Début septembre, un entretien avec Philippe Carry est paru dans le mensuel Mag2Lyon. Toujours au sujet de l’implantation de l’extrême droite. Quelques jours plus tard, il y a ces impacts.
Premier communiqué de la Ville de Lyon
Jusqu’à la dégradation de sa vitrine, « l’horloger de Saint-Paul » n’avait pas reçu plus de menaces.
Pour la Ville de Lyon, l’analyse est donc claire :
« Cet acte de vandalisme particulièrement brutal signe manifestement une volonté d’escalade de groupuscules d’extrême-droite à Lyon ».
L’arrivée de Georges Képénékian dans le fauteuil de maire signifie-t-elle un changement de cap sur le sujet de l’extrême droite ?
C’est en effet la première fois que la Ville de Lyon (donc le cabinet du maire) « condamne avec la plus grande fermeté » ce genre d’acte alors que la Maison des passages (pour ne citer que cet exemple) a déjà connu pareil vandalisme.
Cela s’est fait par voie de communiqué de presse. Et Jean-Dominique Durand, l’adjoint au patrimoine « s’est rendu sur place pour apporter son soutien, avec les élus de l’arrondissement ». C’est encore écrit dans le communiqué de presse. Lequel précise :
« La Ville de Lyon prendra immédiatement des mesures pour augmenter la vigilance dans ce secteur ».
Auparavant, il n’y avait que l’adjoint à la sécurité de la Ville de Lyon et les élus du 5ème arrondissement qui montaient au créneau. Le maire d’alors, Gérard Collomb, brillait par son absence.
Le maire de Lyon en première ligne
« C’est la première fois que le maire de Lyon s’implique sur cette question. C’est très bien. Ce qui m’est arrivé est inadmissible. Car on me reproche toujours d’avoir répondu à un journaliste. On s’en prend donc à la liberté d’expression. Ce qu’il y a parmi de plus précieux dans la démocratie. »
Ainsi réagissait « l’horloger de Saint-Paul », ce vendredi après-midi.
Suite à la dégradation de sa vitrine, Georges Képénékian a appelé Philippe Carry pour l’assurer que l’on était dans le « temps de l’action ».
Selon l’horloger, la politique municipale va s’articuler autour de trois axes pour lesquels il a eu des engagements de la Ville :
- Les autocollants des groupuscules qui se sont multipliés dans le Vieux Lyon depuis la fin du mois d’août – notamment autour de sa boutique – vont être nettoyés. Le conseil de quartier devrait être associé à cette action.
- Une « cellule de veille » devrait être mise en place au niveau de l’Hôtel de ville pour sensibiliser les propriétaires à ne pas louer leurs locaux à l’extrême droite. Depuis ce printemps, selon la mairie, les services municipaux ont déjà permis de dissuader trois propriétaires qui avaient été approchés par le GUD pour transférer leur local militant de Saint-Just au Vieux Lyon.
- La Ville de Lyon réfléchit autour de la « mise en récit du patrimoine ». Aucune idée n’est encore arrêtée. Les associations culturelles devraient être associées à la démarche. Cela pourrait être un événement festif, un film, une exposition photo.
Ces axes de travail avaient été décidés à la fin du mois de mars, suite à une première réunion avec les acteurs du quartier remobilisés sur le sujet (dont Philippe Carry).
A cette époque Georges Képénékian était 1er adjoint en charge de la culture. C’est lui et l’adjoint à la sécurité, Jean-Yves Sécheresse, qui les avaient reçus.
Le successeur de Gérard Collomb semble donc accorder plus d’importance à cette question que son prédécesseur. A suivre.
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