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La Métropole de Lyon en quête de vert

L’agglomération de Lyon lance son nouveau Plan local d’urbanisme, une feuille de route fondamentale qui prévoit les grands projets à venir et dessine son visage futur. La Métropole voudrait mettre en avant sa dimension « verte » et la préservation de zones agricoles et naturelles. Pourtant, elles continuent de diminuer.

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Le quartier de Carré de Soie en construction an août 2016, en arrière plan les grues du chantier du Biopôle à Villeurbanne. © BE/Rue89Lyon

« Rendre 700 hectares en espaces agricoles ». Voilà, entre autres, une des dispositions présentes dans le prochain PLU-H (Plan Local d’Urbanisme et de l’Habitat) de la Métropole de Lyon arrêté par les élus le 11 septembre dernier.

« Après déjà 1000 hectares déjà rendus à la nature », précisait même Michel Le Faou, vice-président en charge de l’Urbanisme, en séance plénière.

Ces 1000 hectares en question avaient été reclassés en zone naturelles et agricoles en 2005.

Dans sa feuille de route, la Métropole de Lyon entend jouer sur deux tableaux : l’ensemble des espaces naturels et agricoles à l’échelle de son territoire et sur des problématiques plus urbaines de « nature en ville ».

Dense, dense, dense

Parc Sergent Blandan.

Concernant le premier point, à l’échelle de son territoire, elle parle de « trames verte et bleue ». Il s’agit du maillage du réseau de cours d’eau, des espaces agricoles et naturels et de leurs écosystèmes particuliers.

La Métropole est souvent réduite à Lyon avec sa première couronne quasiment entièrement urbanisées. À l’échelle de la Métropole près de 52 % (en 2010) de son territoire n’est pas artificialisé (zones d’habitat ou d’activité économique) et 36 % est constitué d’espaces agricoles.

De ce point de vue, le PLU-H ne fait que traduire les orientations du schéma de cohérence territoriale et prévoit le maintien de l’équilibre quasi parfait entre espaces naturels et agricoles et espaces urbanisés. Au moins jusqu’en 2030. Le PLU-H prévoit ainsi d’augmenter globalement ces espaces naturels et agricoles de près de 3 %, sans plus de précision pour le moment.

La Métropole édicte par la suite des grands principes sans réels objectifs chiffrés. Il s’agira de

  • « garantir la vocation agricoles des terres concernées »,
  • d’assurer le bon fonctionnement de l’outil agricole,
  • d’accompagner les nouveaux modes de production » et « d’accompagner les projets ».

Du coup, pas de quoi choquer les élus écologistes de la Métropole de Lyon qui voteront le PLU-H.

« Bruno Charles (vice-président au Développement durable, biodiversité, trame verte et politique agricole, ndlr) a bien dit que redensifier la ville c’est garder, au niveau de la Métropole, plus de 50 % de surfaces agricoles et, dans la ville, des “corridors verts” et un maximum d’espaces verts », indiquait ainsi Pierre Hémon, vice-président aux mobilités.« 

De moins en moins de terres agricoles

Malgré ses intentions, jusqu’à présent, la diminution des terres naturelles et agricoles n’a cessé de se poursuivre dans la Métropole de Lyon, comme dans l’ensemble du Rhône. Dans une de ces dernières analyses, UrbaLyon l’agence d’urbanisme de Lyon, apporte des chiffres.

Entre 2000 et 2010 les espaces artificialisés, c’est-à-dire des terres occupées par de l’habitat ou de l’activité économique, ont augmenté de 4 %. Dans le détail cela donne :

  • 720 hectares d’espaces urbains supplémentaires
  • 697 hectares d’espaces dédiés à l’activité
  • 1217 hectares de terres agricoles en moins
  • 155 hectares d’espaces naturels en moins

La Métropole de Lyon ne fait pas mieux que l’ensemble du Rhône qui sur la même période a vu près de 3200 hectares s’artificialiser, surtout entre 2005 et 2010. Comme le note l’agence :

« c’est l’équivalent de trois communes du département ».

Qui précise :

« 93 % de ces sols étaient des terres agricoles dans l’agglomération de Lyon et 90 % dans le Rhône en 2000 ».

Les temps changent

Les terres agricoles ont été les premières « victimes ». Sur la période, la surface agricole utile des exploitations de la Métropole ont ainsi baissé de 8%. L’agence note notamment que « les communes les plus touchées par cette diminution sont celles proches de Lyon » avec des baisses constatées de près de 25% parfois.

Durant la dernière décennie les terres agricoles ont ainsi reculé de 4 %, les espaces naturels de 1 % sur le territoire du SCOT de l’agglomération lyonnaise. Malgré une tendance toujours à la baisse, ces chiffres seraient plutôt positifs.

« La tendance, comme au niveau national, est à la décélération de l’artificialisation des terres agricoles et naturelles. Il faut continuer en ce sens», nous indique une géographe.

Les territoires ne devraient pas changer de visage

Les directions fixées par ce texte qui sera adopté dans un an environ semblent aller dans le bon sens. Va-t-il bouleverser et verdir le visage de Lyon et de la Métropole ? Cela dépendra certainement des territoires de la Métropole.

La volonté de ce PLU-H est, selon Michel Le Faou, « de densifier » l’urbanisation de la Métropole pour répondre à la pression démographique (150 000 habitants supplémentaires sur la période). Il l’indique lui-même, les terres agricoles et naturelles récupérées à l’urbanisation ne se trouveront pas à Lyon ni dans sa proche banlieue mais dans les Monts-d’Or et le Val-de-Saône. Il indiquait ainsi qu’il restait, à l’échelle de la Métropole, 1600 hectares à urbaniser jusqu’en 2035.

Michel Le Faou, ancien directeur de la Sacvl, vice-président à la Métropole de Lyon en charge de l’urbanisme – successeur d’Olivier Brachet à la Métropole de Lyon © Pierre Maier/Rue89Lyon

Lyon et sa proche banlieue sont déjà très « artificialisés ». Les grands équilibres, entre un cœur de Métropole très urbanisé et des zones agricoles situées pour l’essentiel à l’est et au nord de l’agglomération lyonnaise, ne seront pas bouleversés.

À l’échelle du Rhône ce n’est d’ailleurs par la Métropole de Lyon qui s’est le plus urbanisée en proportion durant la dernière décennie. Parce qu’il y a logiquement de moins en moins de terres à « artificialiser ».

Selon les chiffres d’UrbaLyon, les espaces artificialisés ont ainsi augmenté de 8 % sur le périmètre du SCOT du Beaujolais, de 9 % sur celui des Monts du Lyonnais ou encore de 6 % dans l’Ouest Lyonnais contre 4 % pour la Métropole. La Métropole de Lyon a ainsi davantage artificialisé des sols pour les destiner à de l’activité économique (43%) que les autres territoires du département plutôt orientés vers le logement.

Dans le même temps, en comparaison, le territoire des Monts du Lyonnais orientait près de 80% de cette surface artificialisée à de l’espace urbain. C’est ce territoire qui consacre le plus d’espace au logement par nouvel habitant : un peu plus de 500m2 contre moins de 100m2 pour l’agglomération de Lyon. L’étalement urbain se perçoit donc davantage sur ces territoires plus ruraux du département qu’à l’intérieur de la Métropole.

La « nature en ville », une ambition pas vraiment radicale ?

Le toit du centre commercial de la Part-Dieu va être transformé en espace vert et accueillir des commerces. © BE/Rue89Lyon

La Métropole entend également jouer sur un second tableau : la « nature en ville ». L’objectif est notamment de mettre en place des dispositifs et de créer des espaces pour lutter contre les effets en ville du réchauffement climatique. Le futur PLU-H prévoit ainsi :

  • d’augmenter de 762 hectares la surface des espaces boisés
  • d’augmenter l’obligation de pleine terre des projets de construction pouvant aller jusqu’à 50 % précise le texte. Cela signifie que pour les futurs projets immobiliers devront laisser plus d’espaces verts sur la parcelle construite. Mais cela n’arrivera pas en cœur de ville où le coefficient sera de 15 à 20%
  • 1452 hectares supplémentaires d’espaces végétalisés à valoriser
  • 252 hectares supplémentaires d’espaces de plantations protégés sur le domaine public.

Reste à voir désormais comment toutes ces dispositions et ces volumes seront déclinés dans chaque commune et secteur de la Métropole.

Les élus ont-ils pris suffisamment la mesure des enjeux ?

« Ils sont plus vigilants. Pour de bonnes ou mauvaises raisons.  Soit par réelle prise de conscience des enjeux environnementaux ou simplement parce qu’ils voient qu’ils ne sont pas en capacité d’accueillir de nouvelles constructions sur leurs territoires », conclut notre géographe.


#Agriculture

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