L’élection du nouveau maire apparaît comme une formalité, voire comme une passation de pouvoirs, pour autant les élus de Lyon devront passer par un vote au cours d’un conseil municipal extra-ordinaire réuni ce lundi soir. Dans les faits, Gérard Collomb a mené la danse. Son premier adjoint, Georges Képénékian, en charge de la Culture (et des Grands événements et des Droits des citoyens), enfilera les pantoufles du boss.
À plusieurs reprises, on pressentait puis on se plantait sur une éventuelle montée de Gérard Collomb à Paris, pour prendre un poste de ministre. À chaque fois, on se tournait vers les uns ou les autres au local, dans l’entourage du maire, pour demander qui prendrait le fauteuil convoité.
Parmi la poignée d’hommes (pas tellement de femmes dans la loterie), Georges Képénékian répondait :
« De toute façon, selon le protocole, c’est moi qui devrais assurer l’interim en tant que premier adjoint. »
Mais on sait qu’à Lyon, un Gérard Collomb est plus fort que n’importe quel protocole voire n’importe quelle règle établie.
Dans un contexte plus discret pendant lequel on lui avait demandé s’il y pensait en se rasant, l’adjoint à la Culture nous avait répondu :
« C’est compliqué de répondre à cette question. Si vous dîtes que vous avez envie, vous risquez de passer pour l’ambitieux à qui on ne veut faire plus qu’une chose : couper la tête. Si vous dîtes que vous n’avez pas envie, on vous dit que vous n’avez pas assez d’ambition. »
2020, année électrique
Un constat assez proche de la réalité pour quelqu’un qui, on n’en doute pas, pouvait en effet « y » penser en se rasant. Ici, à Lyon, ou bien là-bas, en Arménie, le pays de ses parents pour lequel Georges Képénékian n’a de cesse d’exprimer un grand attachement.
Après avoir été le directeur de campagne de Gérard Collomb qui briguait en 2008 un second mandat, le chirurgien urologue a accédé au dreaming-poste d’adjoint à la Culture. Gros cadeau offert après une campagne électorale faite sur du velours.
Dans l’opposition -mais pas uniquement- on pointe le fait que Georges Képénékian n’a pour autant jamais mené de liste et n’a donc jamais été désigné directement par les électeurs. D’autres, toujours dans à peu près tous les camps, estiment qu’il aura du boulot avant de remplacer dans les esprits Gérard Collomb. Qu’il aura une méthode ou un style Képénékian à inventer.
Le temps de voir venir. Quoi donc ? 2020. Date des prochaines élections municipales et… de la Métropole de Lyon, toute nouvelle entité territoriale conçue par Gérard Collomb, pour lui-même.
Georges Képénékian a conscience que les jeux se feront réellement en 2020. N’a-t-il que le rôle d’un chauffeur de place, qui recevra ses ordres depuis Beauvau (là où se trouve le futur-ex-mais-toujours-un-peu patron de Lyon) ?
Chaises musicales et Culture avec un grand Q
Gérard Collomb avait adoubé pour cette date un certain David Kimelfeld, imaginant pour lui-même la possibilité de conserver la présidence de la Métropole. Mais son départ pour Paris lui faisant abandonner ses deux mandats locaux, il a choisi le second homme pour ce dernier fauteuil. On vous a perdus ? Petit résumé des planifications politiques de Gérard Collomb :
- David Kimelfeld a été publiquement désigné comme le successeur de Gérard Collomb à la mairie de Lyon en 2020. Finalement, David Kimelfeld a remplacé Gérard Collomb à la présidence de la Métropole au début de ce mois de juillet 2017.
- Gérard Collomb n’avait aucun plan précis pour Georges Képénékian. Mais finalement, dans le contexte, Georges Képénékian fait l’affaire pour prendre sa succession à la mairie de Lyon et cela, dès ce 17 juillet 2017.
À savoir pour ceux qui voudraient parler de/écrire sur/ s’adresser à lui : il déteste qu’on l’appelle « Képé ». Ce que fait pourtant une petite foule de personnes informées ou non de cela. Désormais, peut-être le dira-t-il de façon plus ferme à la petite cour qui ne manquera pas de se former autour de lui, au moins quelque temps.
Georges Képénékian va savourer ce petit temps suspendu et changer de bureau. On avait visité celui qu’il avait investi en 2008 : des lapins PlayBoy argentés recouvraient le papier peint d’un des quatre murs ; ils avaient pour particularité d’avoir les oreilles coupées (l’œuvre d’un artiste local). Car le nouveau maire de Lyon aime la culture.
À ce sujet reste entière la question de son remplacement. Georges Képénékian laisse en effet vacant son bureau d’adjoint à la Culture, une fonction on ne peut plus prestigieuse à Lyon -dont le budget, même très resserré ces dernières années, reste le plus important de la ville.
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