On prend les mêmes et on recommence. A mi-mandat, il a donc fallu élire un nouveau président pour la Métropole de Lyon, à la suite du départ de Gérard Collomb au gouvernement.
Successeur adoubé, David Kimelfeld a obtenu 92 des voix sur 165 conseillers métropolitains. C’est le même score que celui réalisé par le maire de Lyon en 2014. Après un discours d’adieu de Gérard Collomb, le nouveau président de la Métropole a pris la parole. Une expression à retenir :
« Pour construire la Métropole de Lyon, il nous faut continuité et stabilité. »
Maintenir le système Collomb plutôt que l’ouverture aux « constructifs »
L’ancien 1er vice-président de la Métropole de Lyon n’avait aucun souci à se faire. Pour au moins deux raisons :
- L’échec de la droite aux élections législatives a plombé les ambitions des Républicains pour prendre la tête de la collectivité. Sévèrement battu, Philippe Cochet, le maire de Caluire et patron de la fédération LR du Rhône, n’a présenté qu’une candidature de témoignage, en la personne de la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon. Véronique Sarselli n’a recueilli que 40 voix, soit autant que le nombre de membres du groupe LR. Pour rappel, le sénateur-maire UMP François-Noël Buffet, avait totalisé 58 voix en 2014.
- Les socialistes ont décidé de maintenir leur soutien à David Kimelfeld, ancien 1er vice-président de la Métropole et patron de la fédération socialiste du Rhône. Il avait pourtant basculé en même temps que son patron Gérard Collomb dans le camp macroniste. Mais les socialistes n’ont pas souhaité, pour le moment, déterrer la hache de guerre. Répartis en deux groupes, les 10 Villeurbannais (« La Métropole Autrement ») et 32 autres (« socialistes et apparentés »), ils ont voté majoritairement pour David Kimelfeld. Il faut dire qu’un nombre conséquent d’entre eux se sont mis « En Marche ». Après avoir obtenu le même engagement sur un « socle de majorité inchangé », les sept écologistes ont voté en faveur de Kimelfeld et de son exécutif comme ils avaient voté Collomb en 2014.
Sous l’égide de son patron, David Kimelfeld aurait pu ouvrir son exécutif à des conseillers métropolitains LR et UDI « constructifs », à l’image de ce qui se passe au gouvernement et à l’Assemblée nationale.
Christophe Geourjon, le chef de file UDI, avait lancé des discussions mais elles n’ont pas été fructueuses. Ce dernier a alors préféré présenter sa candidature, également à classer au rang des témoignages avec ses dix voix récoltées. Tout comme la candidature du communiste Bernard Genin (9 voix sur les 10 que compte le groupe).
Le risque était grand pour le successeur de Gérard Collomb de faire entrer quelques Républicains et UDI. Les potentiels candidats n’étaient en effet pas suffisamment nombreux pour compenser le possible départ de certains socialistes (notamment les Villeurbannais) qui auraient certainement mal vécu l’entrée des Rep’ dans l’exécutif.
Les faiseurs de roi ont encore frappé
Maintenir les équilibres politiques en place voulait dire repasser un accord avec le groupe Synergies, qui rassemble 30 conseillers métropolitains, essentiellement les maires divers droite de l’ouest lyonnais.
Et comme en 2008 et 2014, ce groupe a fait basculer l’élection.
Cette fois-ci, le maire de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, Marc Grivel, était à la manoeuvre.
Depuis la nomination de Gérard Collomb au gouvernement, le président du groupe Synergies a fait monter les enchères. Au final, il a passé un accord avec Gérard Collomb et David Kimelfeld dans les jours qui ont précédé le vote de lundi. En six points, l’ancien et le nouveau président de la Métropole ont satisfait les demandes exprimées par Synergies :
- Un changement du mode électoral spécifique à la Métropole de Lyon. Tel que dicté par la loi MAPTAM, ce mode électoral fait disparaître la garantie pour les « petits maires » de l’ouest lyonnais d’être tous présents à la Métropole. Synergies aimerait bien le voir modifier rapidement avant l’élection de 2020 qui se fera pour la première fois au suffrage universel direct. Pour ces maires, un Gérard Collomb ministre de l’Intérieur est une assurance de voir déposer un amendement allant dans leur sens.
- Un assouplissement de la loi SRU : « ce qu’elle impose au niveau national ne convient pas aux petites communes qui ne peuvent pas répondre à ces exigences comme une grosse ville », nous expliquait Marc Grivel. Gérard Collomb s’est donc engagé à faire sauter l’obligation du minimum de 25% de logement sociaux dans les programmes immobiliers en 2025.
- Une refonte du plan de déplacement urbain. Pour passer, selon Marc Grivel « de l’étoile qui avantagerait le centre de la Métropole (Lyon + Villeurbanne) à la toile ».
- Une sortie rapide du Plan Local d’urbanisme (PLU).
- Le développement des actions concernant le climat et la pollution.
- Le renforcement des solidarités qui passe notamment pour Marc Grivel par l’augmentation des effectifs dans les Maison de la Métropole.
Un nouvel exécutif très Synergies
On l’aura compris, ce qui compte à très court terme pour le groupe Synergies, c’est la modification de la manière dont les futurs conseillers métropolitains vont être élus.
En la matière, les marges de manœuvre du législateur macroniste sont minces pour s’assurer qu’au moins un représentant par commune serait élu au conseil de Métropole en 2020.
Mais Marc Grivel assure que « trois hypothèses » sont à l’étude pour trouver une solution.
Et comme les promesses peuvent s’envoler mais que les postes restent, les élus Synergies ont été gâtés.
Afin de parachever cet accord conclu entre Collomb/Kimelfeld et Synergies, le groupe a obtenu davantage de postes de vice-présidents.
Jusque là, ils étaient quatre. Ils sont désormais six.
Surtout, Marc Grivel a été promu 1er vice-président de la Métropole.
Concernant les autres vice-présidents, il n’y a pas de changement d’importance, mise à part l’arrivée de l’adjointe au commerce de Lyon Fouziya Bouzerda (La République en Marche) au poste de 2ème vice-président.
Au total, sept nouveaux sont arrivés et cinq anciens sont partis.
On prend les mêmes et on repart jusqu’en 2020, on vous disait.
Aucune ouverture aux groupes d’opposition
Le renouveau aurait pu venir de la commission permanente. Ses membres perçoivent une indemnité mensuelle brute de 2444 euros contre 1312 euros pour les conseillers métropolitains de base (les vice-présidents sont à 2688 euros bruts). Ça crée des vocations. Jusque là, elle a été considérée par Gérard Collomb comme une sorte d’exécutif bis et lui a permis de récompenser les groupes politiques qui le soutiennent.
Les groupes Gram, LR, PCF et UDI avaient demandé une ouverture de cette commission permanente aux différents groupes politiques qui composent le conseil de Métropole.
Refus de David Kimelfeld.
Christophe Geourjon, chef du groupe UDI, a eu ce commentaire :
« Le changement, c’est pas pour maintenant. De fait, la commission permanente restera un bureau de la majorité ».
Le chef du groupe LR, Philippe Cochet, voulait, lui, une « ouverture » à la proportionnelle. Il a été refroidi de la même manière. Dans un communiqué titré « A Lyon, Gérard Collomb se réinvente marionnettiste », il a asséné :
« L’élection d’un nouveau président de la Métropole de Lyon était l’occasion d’apporter un renouveau du système politique incarné par Gérard Collomb depuis 16 ans. (…) Mais comme le chantera après-demain Céline Dion au Grand Stade : « On ne change pas, on met juste les costumes d’autres, et voilà ». »
Les 27 conseillers métropolitains composant cette commission (contre 23 précédemment) ont été élus un par un. La liste définitive a été constituée en début de soirée. Là encore, le groupe Synergies a été largement servi : onze membres contre sept jusque là.
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