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Marcheurs multiples et monde économique impatient : les positions autour de l’A45 se durcissent

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté le week-end dernier pour protester contre le projet de l’A45, soutenu par le maire de Saint-Etienne et une partie du « monde économique ».

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Rassemblement contre l'A45 devant l'Hôtel de Région

Ecologie contre économie, le débat est souvent ainsi simplifié. 24 ans après les premières études, le projet autoroutier A45, qui doit relier Lyon et Saint-Etienne en doublant l’axe déjà existant, continue de diviser l’opinion.

Dimanche, près de 8000 personnes se sont rassemblées lors d’un « week-end festif » à Maurice sur Dargoire pour manifester leur opposition à la future autoroute. Et quelque 120 tracteurs se sont disposés dans un champ de telle sorte qu’ils ont écrit un gigantesque « Non A 45 », visible du ciel.

120 tracteurs se sont réunis dans un champ pour lutter contre le projet de l’A45. © Coordination des opposants à l’A45.

« On n’est pas tous contre l’A45 pour les mêmes raison »

En parallèle, une quarantaine de « marcheurs » ont rallié Lyon à pied depuis Saint-Etienne pour protester contre le projet d’infrastructure. Une marche qui s’est achevée par un rassemblement ce mardi soir devant l’Hôtel de Région.

Le point de rendez-vous qui n’était pas dépourvu d’une certaine symbolique selon Suzie, une marcheuse de 27 ans :

« Rien n’a été laissé au hasard. On a débuté la marche au pied du siège de la future métropole de Saint-Etienne, et on a fini ici, devant l’Hôtel de Région. Tous deux financeurs de l’A45, chacun à hauteur de 130 millions d’euros. C’est d’ailleurs Laurent Wauquiez qui a ressorti le projet des cartons. »

Tables rondes, concerts et projections de documentaires ont animé les soirées de cette semaine de marche. Le tout dans une ambiance qu’Anna et Marie, deux autres marcheuses, qualifient de « conviviale », avant de décrire :

« Il y a un certain pluralisme politique au sein de la marche. Les manifestants ont même pour beaucoup refusé la présence de tous les syndicats. »

Ce qui, pour Suzie, s’expliquerait simplement :

« On n’est pas tous contre l’A45 pour les mêmes raisons. »

Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant l’Hôtel de Région pour clore la marche de protestation contre l’A45. ©MD/Rue89Lyon

Le « monde économique » souligne l’urgence de l’infrastructure

Mais les fervents partisans du projet autoroutier ne l’entendent pas de cette oreille. Dans un courrier adressé au Président de la République Emmanuel Macron, le « monde économique » -c’est-à-dire la CCI, la CPME, la CMA ainsi que le MEDEF- souligne « l’urgence de réaliser cette infrastructure dans les plus brefs délais ».

Ce dernier ne manque pas de mettre en exergue « le caractère vétuste, dangereux, inadapté et saturé » de l’actuel axe autoroutier. Avant d’avancer que la construction de l’A45 permettrait de ramener à 48 kilomètres la distance entre les deux métropoles régionales.

Deux arguments que Suzie conteste :

« Il aurait tout à fait été possible de rénover l’A47, mais cela n’a pas été fait justement pour mettre en place l’A45. Quant à la distance, je n’y crois pas trop. Le tracé s’arrêterait à Brignais. Lorsqu’il y a du monde sur la route, on peut mettre facilement 30 minutes pour rejoindre Lyon depuis cette commune. »

Dans leur lettre, les chambres et syndicats d’entreprises tentent également de presser la ministre des Transports, Elisabeth Borne, en lui rappelant que les investisseurs ont été trouvés et qu’une déclaration d’utilité publique a été signée il y a déjà dix ans.

Le Conseil d’Etat valide, le ministre préfère prendre son temps

Le Conseil d’Etat a pourtant rendu, la semaine dernière, un premier avis favorable au contrat de concession accordé au géant Vinci. Sur les 1,2 milliard d’euros que le projet devrait coûter, un tiers devrait donc être pris en charge par l’entreprise de BTP. Le reste de la note étant réglé par l’Etat et les collectivités territoriales.

Nicolas Hulot ministre de la transition écologique et solidaire était en visite à Lyon lundi 26 juin. Compte Twitter du ministre.

Côté gouvernement, l’avis est moins tranché. Interpellé sur le sujet lors de sa visite à Lyon la semaine dernière, le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a préféré temporiser :

« Un par un, je vais prendre [les projets]. Evaluer d’abord la pertinence des arguments des uns et des autres. Evaluer aussi les situations juridiques parce qu’il y a des choses qui sont crantées, d’autres qui ne le sont pas. »

Et le ministre de rajouter :

« Laissez-moi juste le temps de me faire ma propre opinion et de recevoir les différents acteurs. »

Ils sont tous impatients de lui donner leur avis.


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