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Martial Passi, le maire PCF qui « fait comme à Givors »

Dans un contexte de « moralisation de la vie publique et politique », le maire PCF de Givors, Martial Passi, comparaissait vendredi 16 juin devant le tribunal correctionnel de Lyon en compagnie de sa soeur, Muriel Goux, pour les chefs d’accusation de prise illégale d’intérêts et recel. Il ne s’agit pas là de la première affaire pour l’édile givordin qui traîne déjà plusieurs casseroles.

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Martial Passi


Contacté par Rue89Lyon, le secrétaire fédéral du PCF, Raphaël Debu, a confirmé que le parti maintenait son soutien au maire de Givors malgré les scandales que ce-dernier accumule et a déclaré :

« Vu comme les choses se sont déroulées, cela ressemble à un règlement de compte politique. L’arsenal juridique peut devenir un outil pour certains. [… ] Si le tribunal juge qu’il est coupable, nous nous réunirons pour en discuter. »

En pleine période de moralisation de la vie publique, les affaires du maire communiste givordin prennent un tour particulier. À la tête de la ville depuis 1993 après que Camille Vallin lui a remis l’écharpe de maire, Martial Passi collectionne aujourd’hui les casquettes : vice-président du Grand Lyon en charge des déplacements, vice-président de l’Association des Maires de France (AMF), président délégué du Syndicat Mixte des Transports pour le Rhône et l’Agglomération Lyonnaise (Sytral) et ancien conseiller général de 1998 à 2015.

« Un processus de recrutement bidon »

Il comparaissait vendredi 16 juin avec sa soeur, Muriel Goux, devant le tribunal correctionnel de Lyon pour des faits susceptibles de constituer des délits de prise illégale d’intérêts pour le premier et de recel de prise illégale d’intérêts pour la seconde.

En cause, la nomination en janvier 2014 de la soeur du maire au poste de directrice générale des services (DGS) en janvier 2014 selon un processus de recrutement que le procureur qualifie de « bidon », voire de « mascarade ». Une enquête préliminaire avait été ouverte en août 2015.

Martial Passi était visé par une enquête préliminaire en août 2015. DR.

Cette affaire fait d’autant plus polémique que Muriel Goux, qui était déjà directrice de son cabinet, n’a pas le droit de cumuler cette fonction avec celle de DGS.

Le procureur a requis 8 mois de prison avec sursis, 15 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité à l’encontre de Martial Passi. Quant à sa soeur, le parquet a requis 5 mois de prison avec sursis, 8000 euros d’amende ainsi que cinq ans d’interdiction d’exercice de la fonction publique.

La décision de justice doit être rendue par le tribunal correctionnel le 6 juillet prochain.

Un remboursement par-ci, un remboursement par-là

Martial Passi a déjà été inquiété à maintes reprises par le flou qui entoure ses notes de frais. En janvier 2017, Mohamed Boudjellaba, élu municipal DVG, avait dénoncé les frais de représentation du maire.

Dans la longue liste figurent des notes de restaurants le jour de la Saint-Valentin, l’achat de bouteilles de vin dans la cave de sa belle fille dans laquelle travaille son fils, ou encore… des jouets. Martial Passi dispose également de 50 euros par week-end qu’il peut utiliser selon son bon vouloir lors des manifestations de sa commune, et se faire rembourser sans justificatif.

D’après Le Progrès, Mohamed Boudjellaba a porté plainte contre X pour vérifier si ses dépenses « sont compatibles avec l’intérêt de la commune. » Le maire s’estime, quant à lui, « dans son droit ».

Mohamed Boudjellaba a porté plainte contre X pour faire examiner les frais de représentation de Martial Passi. Capture d’écran Youtube.

Plus récemment, le site Médiacités a publié un article selon lequel le Martial Passi aurait jonglé avec ses fonctions pour se faire rembourser deux fois les mêmes frais. Exemple, lorsque l’édile de 60 ans s’est rendu à l’entrée au Panthéon de quatre figures de la résistance le 27 mai 2015. L’AMF lui a remboursé le transport ainsi que la nuit à l’hôtel. Mais, surprise, à la date du 28 mai une somme identique au prix de la nuit a été versée, cette fois-ci par la mairie de Givors.

Les frais de représentation sont votés et fixés par le conseil municipal qui, dans certaines villes françaises, peut décider de ne pas en accorder. A Givors, ces-derniers s’élèvent à 10 512 euros. Un plafond que le maire a dépassé de quelque 4000 euros, rien qu’en 2015.

Pour se défendre, le service presse du maire avance que les doublons sont de simples erreurs qui auraient été corrigées fin 2016. Questionnée par Médiacités, son équipe a renchéri :

« Tout ce qui est dépensé en plus est payé par le maire. »

Givors, championne des affaires

Dans un article paru en mars 2017, Le Progrès précisait que le conseil municipal était confronté à 26 recours devant le tribunal administratif, dont 60 % intentés par l’opposition municipale. Président de l’association des contribuables et élu LR à Givors, Alain Pelosato fait partie des plaignants et a même eu matière à écrire un livreLes Affaires Givordines, qui met au jour certaines casseroles que traîne Martial Passi depuis plusieurs années.

En 2008, Martial Passi a bénéficié « d’avantages illégaux » en achetant auprès de la mairie des clichés pour ses tracts électoraux bien en deçà du véritable prix. Le tribunal administratif et le Conseil d’Etat avaient alors bien constaté les irrégularités de campagne, mais ne les ont pas sanctionnées. Et la liste des dossiers noirs établie par l’élu d’opposition est encore longue.

Avec Martial Passi, la locution lyonnaise bien connue « faire comme à Givors » – qui signifie « agir au gré de ses envies quitte à faire fi des règles » – prend son sens.


#Givors

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