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À Vaulx-en-Velin, après l’occupation de l’école, une marche pour les familles SDF

« Pas d’enfants à la rue ». Ce jeudi 15 juin, une marche était organisée à Vaulx-en-Velin pour soutenir dix familles SDF et demander à la mairie la réquisition de logements vides. 

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Marche pour les familles sans logement organisée par le collectif "Jamais sans toit" jeudi 15 juin à Vaulx-en-Velin. ©HH/Rue89Lyon

A l’origine de cette manif qui a rassemblé une centaine de personnes, toujours le collectif de parents et de profs « Jamais sans toit » qui essaye de trouver des solutions pour les enfants scolarisés SDF et leur famille.

Ce jeudi après-midi sous un soleil de plomb, on pouvait entendre les slogans sur le droit à l’hébergement dans les rues de Vaulx en-Velin. Partis de l’école Grandclément vers 15h45, parents, enseignants et une poignée d’enfants ont défilé jusqu’à l’hôtel de ville vaudais.

La raison de cette manifestation est récurrente. Depuis leur exclusion du Centre d’accueil pour demandeur d’asile (CADA), au début du mois de mars, trois familles sont à la rue.

Ces familles d’origines kosovare et nigériane ont toutes été déboutées de leur demande d’asile. Mais elles ont entamé des recours.

Leurs enfants sont scolarisés à l’école primaire Grandclément. Ce sont deux couples ayant respectivement deux enfants, ainsi qu’une femme seule avec deux enfants également. Et c’est autour de l’école que la solidarité s’est organisée pour les héberger.

Une mobilisation d’école, d’année en année

Depuis mars, ces familles sont soutenues à Vaulx-en-Velin par plusieurs habitants et professeurs.

Afin de trouver une solution d’hébergement à ces familles, le collectif « Jamais sans toit » a fait appel à la mairie de Vaulx-en-Velin. Pas de réponse. Mélanie Cabrera, une des parents d’élèves, raconte la suite  :

« On a alors tenté d’occuper le gymnase Roux de l’école Grandclément fin mars. Mais la mairie a envoyé la police municipale pour nous interdire l’entrée des locaux. Ils ont bloqué les portes et nous ont dit de repartir. Nous n’avions pas réservé de nuits d’hôtels pour les familles, on a dû les accueillir chez certains habitants de Vaulx-en-Velin. »

À partir du 2 mai, parents et enseignants ont commencé à occuper les locaux de l’école pour héberger les familles. Jusqu’à ce jour.

Guy Marsande, 52 ans, enseignant à l’école Grandclément :

« Je fais partie du personnel de l’école qui leur ouvre les portes le soir, qui passe la nuit avec eux et qui les laisse le matin à 7h. On fait ça du lundi soir au vendredi matin, et le week-end, ils sont à l’hôtel, financé par les dons récoltés par le collectif. »

Il y avait déjà eu une situation identique l’année dernière.

« Il restait pas mal de fonds recueilli », explique Mélanie Cabrera. Ça nous a permis de leur payer les premières nuits à l’hôtel. Puis on a organisé toute une série de goûters et de repas pour. »

Marche pour les familles sans logement organisée par le collectif « Jamais sans toit » jeudi 15 juin à Vaulx-en-Velin. ©HH/Rue89Lyon

D’autres familles à la rue, à la suite de la fin du plan froid

L’école Grandclément n’est pas la seule concernée. Au collège Henri Barbusse de Vaulx-en-Velin, trois familles d’origines albanaise, serbe et kosovare ont aussi été remises à la rue à partir du 5 juin, à la suite de la fin du plan froid.

Enseignant au collège Barbusse et membre du collectif « Jamais sans toit », Mickaël Goyot déplore cette situation :

« C’est inacceptable car il y a des solutions. Il y a un T3 ou un T4 qui pourrait accueillir toutes les familles. C’est un logement de fonction qui est libre au collège Barbusse. Et à moins de 50 mètres de la mairie, il y a un ancien hôtel qui est vide depuis un an et demi et a été racheté par la mairie. Elle peut faire quelque chose, mais, comme d’habitude, elle rejette la faute sur la préfecture. Il faut qu’il y ait une volonté politique de tout le monde. »

Deux autres familles sont à la rue : l’une à l’école Gagarine, l’autre à l’école Wallon. Enfin, un père dort dehors avec ses deux enfants, issus de la crèche Croizat.

Peur de « l’appel d’air »

Arrivés un peu avant 17h à la mairie, plusieurs membres du collectif « Jamais sans toit » ainsi que des professeurs et parents d’élèves ont occupé l’intérieur du bâtiment.

Quinze minutes plus tard, une délégation de cinq personnes a pu rencontrer l’adjoint délégué à la « citoyenneté et aux échanges solidaires » (sic), Ahmed Chekhab. L’objectif était de demander la mise à disposition de ces locaux vacants.

Membre de la délégation, Mélanie Cabrera est ressortie « en colère » même si elle s’attendait à ce genre de rendez-vous :

« La mise à disposition des logements vacants ne peut être envisagée selon la mairie car cela provoquerait le fameux « appel d’air » que ne peut contenir la commune. De plus, il a été indiqué avec insistance, que la Ville a fait sa part de travail avec l’accueil du village mobile ces trois dernières années. »

La gestion du collège Barbusse relevant de la Métropole de Lyon, le sujet n’a été qu’évoqué durant l’audience. De plus, la mairie a assuré au collectif que l’hôtel Kyriad était « trop insalubre et inadapté ».

Des banderoles sur lesquelles était notamment inscrit « Pas d’élèves à la rue » défilaient pendant la manifestation ©HH/Rue89Lyon

Les « intimidations » de la mairie de Vaulx-en-Velin

Outre la demande de réquisition de logements vides, l’objectif de cette mobilisation était de dénoncer certaines pratiques de la municipalité socialiste. Plusieurs professeurs accusent en effet la mairie d’ »intimider » les enseignants qui participent à l’occupation de l’école Grandclément.

« Pour dormir à l’école, il faut désactiver une alarme. Avant, le code était commun pour tous, alors que maintenant, il est nominatif afin de savoir précisément qui désactive l’alarme pour pouvoir taper sur les doigts des enseignants engagés », avance Mélanie Cabrera.

Convoqué à l’IEN (Inspecteur de l’Education Nationale) pour dire aux enseignants d’arrêter d’accueillir des familles à l’école, Guy Marsande avoue continuer cette action tant que des solutions ne sont pas trouvées.

Malgré cette convocation, l’instituteur ne se sent pas « menacé » :

« Que l’on sache qui nous sommes n’est pas un problème, on assume. À mon niveau, je ne me sens ni harcelé, ni menacé. Et même si mes collègues ne réagissent pas tous de la même façon, on reste assez serein car on n’a pas l’impression de faire de mal. »

La mairie de Vaulx-en-Velin affirme de son côté que la situation ne fait pas partie de ses prérogatives, assure Mélanie Cabrera. Même son de cloche pour la préfecture :

« La mairie et la préfecture se renvoient la balle ».

Une audience collective avec toutes les écoles concernées doit avoir lieu le jeudi 22 juin à la préfecture du Rhône avec Xavier Inglebert, préfet délégué à l’égalité des chances.

Contactée par Rue89Lyon, la mairie de Vaulx-en-Velin n’a pas donné suite.


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