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Qui sortira vainqueur de la baby shower dans la 7e circo du Rhône ?

Cette circonscription, qui regroupe notamment les villes de Rillieux-la-Pape, Vaulx-en-Velin et Bron, présente une issue parmi les plus incertaines des circos du Rhône. Trois des 18 candidats tiennent la corde et sont particulièrement jeunes.

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Alexandre Vincendet, élu maire de Rillieux à 30 ans, en 2014. ©Rue89Lyon

Dans un contexte de vague macroniste annoncée, le député sortant socialiste se présente alors que le candidat de la France insoumise compte bien surfer sur la dynamique Jean-Luc Mélenchon, arrivé ici en tête au premier tour de la présidentielle avec 26,56% des voix.

La gauche trop divisée pour régner

La 7e circonscription du Rhône fait partie des trois espoirs de la gauche d’Emmanuel Macron pour l’élection d’un député, vu les scores réalisés par Jean-Luc Mélenchon. Mais ici comme ailleurs en France et dans le Rhône, la gauche part divisée.

La responsabilité en revient à la France insoumise, le mouvement mélenchoniste, comme nous l’expliquions dans un précédent article.

Andréa Kotarac, l’un de ses représentants dans le Rhône et candidat âgé de 28 ans dans la 7e circonscription, se montrait très clair :

« On rejette la tambouille. Et les Français ne veulent plus de l’addition d’étiquettes. Ça ne marche pas. À la présidentielle, PS et EELV ont passé plus de temps à dire qu’ils étaient ensemble qu’à développer leur propre programme »

La France insoumise (FI) ne négociant qu’« au niveau national », tous les espoirs d’accords locaux se sont envolés.

Résultat, outre Andréa Kotarac, le PCF, très implanté à Vaulx-en-Velin surtout, présente Paul Boghossian. Plus surprenant encore d’un point de vue local, le mouvement de la France insoumise ne s’est pas entendu avec Pierre-Didier Tchétché-Apéa, « candidat citoyen » investi par EELV, qui est pourtant, selon le représentant de la France insoumise, très proche de son mouvement :

« Pierre-Didier est totalement compatible avec ce que nous portons. J’ai travaillé avec lui et il m’a soutenu lors des élections régionales. Je crois qu’il a senti qu’il avait raté quelque chose. »

Le son de cloche n’est pas tout à fait le même du côté de ce militant vaudais des années 1990, co-fondateur du mouvement Force Citoyenne Populaire.

« J’ai voté Mélenchon et je ne le regrette pas. Mais je regrette le parachutage de gens qui n’ont pas d’histoire avec le territoire (en parlant d’Andréa Kotarac, ndlr). Cette vision très verticale de la politique prend en otage les voix des quartiers populaires alors que, paradoxalement, la France insoumise entend soutenir des initiatives issues des quartiers populaires. »

Les adversaires de Pierre-Didier Tchétché-Apéa soulignent qu’il travaille désormais à Grenoble et qu’il n’est pas le mieux placé pour parler de parachutage.

Dans ce contexte de division, le candidat de la France insoumise, Andréa Kotarac, a sorti la grosse artillerie. Il forme un ticket avec Sophie Charrier, la fille de Maurice Charrier, l’emblématique maire de Vaulx-en-Velin de 1985 à 2009, qui lui a apporté officiellement son soutien. Et c’est dans cette commune de l’Est lyonnais que Jean-Luc Mélenchon est venu soutenir ses candidats du Rhône.

Sophie Charrier et Andréa Kotarac, côte à côte sur la photo officielle de campagne. ©DR

Un candidat PS « ni, ni »

S’il y en a un qui n’a même pas tenté une discussion avec la France insoumise, c’est bien le candidat PS. Renaud Gauquelin est également le député sortant puisqu’il a pris la suite d’Hélène Geoffroy quand la maire de Vaulx-en-Velin (élue en 2014) est devenue secrétaire d’Etat à la politique de la ville en mars 2016.

Il se présente comme « ni frondeur, ni godillot » ou bien encore « ni soumis, ni insoumis ».
Pour lui, le principal problème du quinquennat Hollande relève de la « communication » :

« Trop de choses ont été passées sous silence, comme le « droit au répit » ou le CICE qui est aussi possible pour les associations de l’économie sociale et solidaire. Les gens ne se rappellent que les hausses d’impôts du début de mandat ».

Il regrette une « candidature Hollande » qui aurait été bien meilleure que ce « mauvais » candidat de Benoît Hamon.

Cet ancien maire de Rillieux-la-Pape a été battu aux municipales de 2014 par Alexandre Vincendet (LR), lui-aussi candidat aux législatives. Il a surtout perdu à cause des guerres internes au PS local. Et les divisions restent vivaces en 2017.

Renaud Gauquelin (lunettes rouges) en campagne. Capture d’écran Facebook

Anissa Khedher, (enfin) une figure du renouveau de la République en marche

Dans la perspective de déroute annoncée du PS, de division de la gauche et de vague macroniste, la candidate inconnue de la République en marche commence à y croire. Dans l’agglomération lyonnaise, Anissa Khedher est la figure de proue du renouveau de la vie politique souhaité par Emmanuel Macron mais qui n’a pas franchement été au rendez-vous sur les terres de Gérard Collomb.

Contactée par Rue89Lyon, elle se présente ainsi :

« J’ai 37 ans, je suis née aux Minguettes et j’ai grandi aux UC à Bron. Mes parents sont d’origine tunisienne. Je suis un pur produit de l’école de la République ».

« Cadre infirmier » aux urgences du Vinatier, elle insiste sur le mot-clé : « société civile ». Et elle ajoute :

« J’ai été conseillère municipale déléguée au handicap de 2008 à 2014 à Bron, sous le mandat d’Annie Guillemot. Mais je n’ai jamais eu de carte d’un parti politique ».

29ème sur la liste conduite par la maire de Bron en 2014, elle n’a pas été réélue au conseil municipal.
Cette expérience politique suffit à Alexandre Vincendet pour, malgré tout, la considérer comme « socialiste ».

En lien avec son parcours, Anissa Khedher décline le programme d’Emmanuel Macron en matière d’éducation dans les quartiers populaires ou de « sécurité quotidienne ».

« Insuffisant », juge Pierre-Didier Tchétché-Apéa qui lui dispute la place de candidat issu d’une cité :

« Dans le programme d’Emmanuel Macron, il n’y a rien sur une réforme radicale de la politique de la Ville. C’est inquiétant alors que tous les indicateurs de ces quartiers sont au rouge. »

L’une des photos officielles d’Anissa Khedher, candidate La République en marche dans la 7ème circonscription du Rhône. ©DR

La droite peut y croire (un tout petit peu)

Les 16,82% réalisés par François Fillon dans la circonscription n’engagent pas à l’optimisme pour la droite.

Le candidat, maire de Rillieux-la-Pape, peut tout de même y croire un tout petit peu. Alexandre Vincendet peut raisonnablement espérer une deuxième place du fait des divisions de la gauche.
Mais pas de troisième place. L’abstention est beaucoup trop élevée dans cette circonscription. Un candidat aura donc de grandes difficultés à réunir les 12,5% des inscrits et à se qualifier pour le second tour.

Maire depuis trois ans de Rillieux, Alexandre Vincendet justifie sa candidature par le « besoin de faire sauter des verrous législatifs » et rêve d’une modification de la loi du non-cumul. Il n’a donc pas annoncé qu’il abandonnera son mandat de maire s’il est élu. Un beau numéro d’équilibriste :

« Je défends la règle de deux mandats et/ou fonction par personnes car il faut continuer à avoir les mains dans le cambouis. »

Même si les cambriolages ont augmenté à Rillieux en 2016, il s’appuie sur son bilan en matière de sécurité (« la baisse de la délinquance ») pour mener campagne afin de « réarmer la France sur un plan sécuritaire comme économique ».

L’ambitieux maire de Rillieux fait de son jeune âge (33 ans) un nouvel argument de campagne pour incarner le fameux « renouvellement ».

Mais dans la catégorie des jeunes, il est certainement le plus expérimenté puisqu’il a été collaborateur de Jean-François Copé et ensuite du député-maire de Caluire, Philippe Cochet, de 2010 à 2014.

Le renouveau en matière politique est toujours relatif.

Alexandre Vincendet, élu maire de Rillieux à 30 ans, en 2014. ©Rue89Lyon

Les candidats aux législatives 2017 sur la 7e circonscription :

Renaud Gauquelin (Parti socialiste)
Anissa Khedher (République en marche)
Alexandre Vincendet (Les Républicains)
Andrea Kotarac (France insoumise)
Jean-Marie Nicolas (Front national)
Paul Boghossian (Parti communiste français)
Pierre-Didier Tché-Tché Apéa (Europe Écologie Les Verts)
Thomas Spreux (Lutte Ouvrière)
Daniel Albout (Debout la France)
Florence Perrier (UPR)
Djamal Mokran (Mouvement 100 %)
Nassira Boucherit (UDI)
Yalcin Ayvali (Parti Égalité Justice)
Constance Berge (Parti Chrétien Démocrate)
Agnès Haasser (Parti Pirate)
Noëlle Pélerins (Parti animaliste)
Daouda Ouattara (Divers droite)
Ferdi Ylmaz

Les résultats du 1er tour de la présidentielle sur la 7e circonscription (en % des suffrages exprimés)

Jean-Luc Mélenchon 26,56%
Emmanuel Macron 24,25%
Marine Le Pen 17,42%
François Fillon 16,82%
Benoît Hamon 7,5%
Nicolas Dupont-Aignan 3,73%
François Asselineau 1,42%
Philippe Poutou 0,96%
Jean Lassalle 0,64%
Nathalie Arthaud 0,53%
Jacques Cheminade 0,17%

Abstention 30,23% des inscrits
Vote blanc 1,38% des votants

Les résultats du deuxième tour sur la 7e circonscription

Emmanuel Macron 73,35%
Marine Le Pen 26,65%

Abstention 32,66% des inscrits
Vote blanc 7,11% des votants


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