Alors que le GUD veut montrer un visage nationaliste et social, le groupuscule d’extrême droite est, une fois de plus, rattrapé par des affaires de violences (lire ici , là et encore là).
Lors de la rentrée scolaire, le 5 septembre dernier, le GUD, groupuscule d’extrême droite, souhaite faire parler de lui en collant affiches et autocollants mais aussi en distribuant des tracts devant le site de la Manufacture des tabacs de l’université Lyon 3.
En passant devant, le professeur de mathématiques exerçant en collège, François J. décide d’arracher quelques autocollants. Mal lui en a pris.
Deux militants du Groupe Union Défense (GUD) le suivent jusqu’à l’arrêt de métro Sans-Souci pour lui porter de violents coups de pieds et coups de poings.
Victoire V., témoin de la scène, avertit les forces de l’ordre immédiatement. Arrivée rapidement sur les lieux, la police interpelle deux individus non loin de la station de tramway.
Des accusations contestées par les prévenus
Nous avions rendu compte de cette énième agression du GUD. Huit mois après les faits, les deux hommes âgés de 25 ans ont comparu ce 1er juin devant la 7ème chambre du tribunal correctionnel de Lyon, une semaine après l’ouverture par ce groupuscule d’un squat dans le centre-ville de Lyon.
À la barre, deux individus lambda au casier vierge s’avancent. Alors que le GUD revendique Lyon 3 comme l’un des ses territoires, les deux prévenus n’ont rien d’étudiants. Depuis six mois, ils travaillent dans la même entreprise d’intérim. L’un est soudeur et vit encore chez sa mère.
Mathieu M. et Ludovic T ne portent aucun signe politique. Profil bas.
Le jour de l’agression, ce n’était pas la même. La présidente de la chambre, Bénédicte Masson, interpelle l’un d’eux :
« Derrière une vitre teintée, la témoin vous a reconnu grâce notamment à votre tee-shirt noir où un rat, symbole du GUD, figure dessus. »
Pourtant le prévenu Ludovic T., qui portait ce tee-shirt au rat noir, nie les faits :
« C’était facile de nous reconnaître, j’étais le seul au commissariat à porter un tee-shirt du GUD. Peut-être qu’il (en parlant du prof, ndlr) s’est fait agresser par des gens du GUD, mais ce n’était pas moi. On était une dizaine à porter ce tee-shirt, je ne vois pas pourquoi ce serait moi plus qu’un autre. »
L’autre prévenu, Mathieu M., conteste également ces accusations.
La victime, François J., est sûr d’avoir reconnu Mathieu M. avec « son gros tatouage sur le bras et son short ». Il précise :
« Dans les escaliers, Mathieu M. m’a bloqué et m’a demandé ce que j’avais contre le GUD, puis les coups ont commencé ».
Une agression qui, selon lui, est tombée au pire moment de l’année :
« Cette semaine de rentrée était très importante. Dans ma classe j’ai plusieurs élèves en situation de handicap et il fallait que je rattrape le retard accumulé après mon arrêt, suite à l’agression. Le retour à la vie professionnelle n’a pas été évident. »
« Le rat, ça fuit tout le temps »
L’avocat du prof de maths, Bertrand Sayn, prend la parole pour s’adresser directement aux prévenus. Il brandit une capture d’écran du compte Facebook de Ludovic T.
Y figurent des insultes comme « juif savon » et des « blagues » antisémites :
« Il a mis une photo de profil avec un savon avec dessiné une étoile de David. On trouve ce commentaire sur des savons qui « sortent juste du four. Le modèle exposé est Sarah ».
Ludovic T. rétorque que ce compte a été supprimé depuis. L’avocat de la victime finit par lui demander s’il fait partie du GUD. L’intéressé nie :
« Je ne fais pas partie du GUD. Mais je soutiens leurs idées ».
Tandis que la présidente déclare « avoir du mal à comprendre comment c’est possible », l’avocat Bertrand Sayn surenchérit :
« C’est marrant, le rat, ça fuit tout le temps. Et à chaque fois qu’un militant d’extrême droite est à la barre lors d’un procès, il renie toutes ses idéologies. C’est bizarre, non ? »
Six mois de prison
La procureure de la République pointe les nombreux éléments à charge présents dans le dossier : la déposition de la témoin et la description explicite des deux accusés établie par la victime. Dans son réquisitoire, elle souligne le « caractère unilatéralement agressif ». Et elle conclut :
« Je n’ai aucun doute sur le fait que Mathieu M. et Ludovic T. soient les auteurs de ces violences. »
Si Ludovic T. n’est pas représenté, Mathieu M. a accepté l’avocat commis office. Ce dernier essaie d’expliquer la proximité de son client avec le GUD et parle de l’enfance « difficile » du jeune homme :
« Il ne vivait qu’avec sa mère et sa sœur. Il se sentait seul et a trouvé des gens à Lyon. Il avait le désir de s’insérer dans un groupe. »
Les prévenus ont écopé de six mois de prison dont cinq avec sursis. Une peine qui rejoint les conclusions de la procureure puisqu’elle avait requis huit mois d’emprisonnement avec sursis.
1 000 euros devront être versés à François J. pour le préjudice subi.
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