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Pourquoi Laurent Wauquiez renonce à se présenter aux législatives en Haute-Loire

Non pas une candidate mais un « tandem » Valentin-Wauquiez

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Isabelle Valentin annonce sa candidature en Haute-Loire, avec Laurent Wauquiez en suppléant. Inversion des rôles. Photo FB d'I. Valentin.

« À un moment où les lumières des palais ministériels aveuglent les élus de peu de convictions, je veux redire toute ma fidélité à la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Les sirènes parisiennes ne guideront pas mon action politique. »

Laurent Wauquiez ne sera donc pas député en 2017. S’il a attendu ce vendredi 19 mai, date limite de dépôt des candidatures aux élections législatives 2017, c’est parce qu’il a longtemps tergiversé avant de faire ce choix.

Les « sirènes parisiennes » n’ont pas été si inaudibles à ses oreilles. Le président de Région a même laissé la porte grande ouverte à un retour à Paris, sur les bancs de l’opposition de l’Assemblée nationale, durant toute la période de l’élection présidentielle puis, encore après, pendant celle de la nomination des ministres au gouvernement d’Emmanuel Macron.

La loi interdisant désormais le cumul de certains mandats obligeait en effet Laurent Wauquiez, président d’Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2015, à faire un choix entre le conseil régional et l’Assemblée nationale (en cas de victoire aux législatives).

Les Républicains l’ont toutefois maintenu investi sur les documents de communication web -jusqu’à ce vendredi matin.

Jean-François Debat, président PS du groupe d’opposition à la Région, donne son analyse de cette séquence politique locale :

« L’épiphénomène du sort personnel de Laurent Wauquiez vient de se terminer. Il reste. Encore heureux ! Qu’il ne vienne pas nous parler du caractère sacré de la parole donnée car il aura tout de même hésité. Longtemps. Trop longtemps. Le simple fait qu’il ait hésité pendant presque deux mois à abandonner son poste de Président de Région démontre que, dans cette affaire, sa seule boussole aura été son intérêt personnel et non son engagement régional.

Fin du suspense, donc, qui fut savamment entretenu, avec un communiqué envoyé aux rédactions, ce vendredi, et une conférence de presse au Pertuis aux côtés d’Isabelle Valentin.

Pas question pour le président de Région de ne pas faire profiter à la candidate de son assise locale dans ce qu’on considère comme son fief (il a été élu député en 2012 avec près de 64% des voix).

C’est pourquoi sur le matériel de campagne, c’est davantage un duo qui se présente qu’une candidate. Le V et le W de leurs noms de famille sont entremêlés, et le slogan affiché au-dessus de la photo du couple politique est clair : « Valentin-Wauquiez, le tandem pour veiller sur la Haute-Loire ».

Si jamais Isabelle Valentin venait à démissionner de son mandat (en cas de victoire aux législatives), pour une raison ou une autre, Laurent Wauquiez, en tant que suppléant, se trouverait en position de redevenir député. La place est chauffée, en cas de besoin.

Ce n’est pas une candidate qui se présente sur la 1ère circo de Haute-Loire mais un ‘ »tandem ».

Que s’est-il passé sur la 1ère circo de Haute-Loire ?

Du côté de la République en Marche, mouvement de candidats partis en campagne pour donner une majorité présidentielle à Emmanuel Macron, on a un temps pensé à Jean-Noël Barrot pour la 1ère circo de Haute-Loire. Le conseiller départemental d’Yssingeaux en Haute-Loire, et membre du bureau exécutif national du Modem, a été l’un des artisans du rapprochement de son parti avec En Marche.

Il est aussi le fils de Jacques Barrot, né à Yssingeaux et figure de la pensée centriste française ou de la « démocratie chrétienne », qui occupa plusieurs fonctions ministérielles sous la présidence de Jacques Chirac.

La famille Barrot possède une implantation forte en Auvergne, ce qui aurait sérieusement pu compliquer la campagne d’un candidat Les Républicains. D’autant plus si l’on observe les résultats obtenus par Emmanuel Macron sur la circonscription concernée, lors de l’élection présidentielle, au premier comme au second tour (ci-après). Marine Le Pen arrive en tête au premier tour, talonnée par Emmanuel Macron qui, en revanche, distance assez largement la candidate FN au second tour.

Premier tour de la présidentielle 2017 – résultats 1ère circo de Haute-Loire

Le Pen : 24,94%
Macron : 23,22%
Fillon : 17,78%
Mélenchon : 17,55%
Dupont-Aignan : 6,31%
Hamon : 5,19%

Deuxième tour de la présidentielle 2017 – résultats 1ère circo de Haute-Loire

Macron : 61,64%
Le Pen : 38,36%

Finalement, Jean-Noël Barrot a été investi par la République en Marche dans les Yvelines. C’est Cécile Gallien, conseillère départementale en Haute-Loire et maire de la commune de Vorey-sur-Arzon, qui joue le rôle sur la 1ère circo de Haute-Loire. Elle avait déjà été candidate aux législatives 2007 sous l’étiquette Modem (consultez la liste complète des candidats sur la 1ère circo de Haute-Loire à la fin de cet article).

« Le ciment de la parole politique »

En dehors de la campagne (courte, jusqu’au 11 juin prochain) aux côtés d’Isabelle Valentin, Laurent Wauquiez a de nombreux autres chats à fouetter. Parmi eux, figure en pôle position la reconstruction de sa famille politique, en partie dévastée par l’échec de François Fillon et le siphonnage en règle auquel a procédé le mouvement En Marche ! d’Emmanuel Macron, à droite comme à gauche.

C’est dans ce contexte que Laurent Wauquiez a reçu de Marion Maréchal-Le-Pen le baiser du serpent. Dans un entretien donné à Valeurs actuelles, à l’occasion de son retrait momentané de la vie politique, l’ex-élue Front national et nièce de Marine Le Pen, a déclaré :

« On aurait des choses à faire avec Laurent Wauquiez. »

De quoi semer le trouble en période de reconstruction de la droite menée sur un champ de batailles internes. Les positions très radicales de Laurent Wauquiez, qu’il défend comme autant de « convictions », lui ont souvent valu d’être invité par les conseillers régionaux FN à rejoindre leur parti -sur le ton de l’humour.

Pour continuer à être légitime sur le plan national, le président de Région bénéficiera malgré tout de sa fonction à la tête (multiple et partagée pour l’heure) du parti Les Républicains pour conserver un propos national.

Et parmi les chats à fouetter, on compte aussi les affaires courantes de la Région puisque, d’une part :

« En 2015, j’ai souhaité me mettre au service de la nouvelle grande Région Auvergne-Rhône-Alpes pour lui donner toute la place qu’elle mérite », écrit Laurent Wauquiez dans son communiqué.
Et d’autre part :
« Le respect de la parole donnée est sacré. Il est le ciment de la parole politique. »
 C’est dit.

La liste des candidats sur la 1ère circonscription de Haute-Loire

Fabien Albertini – Front national

Gabriel Cardaire – Debout la France

Martine Dejean – France Insoumise

Fabrice Farison – Parti socialiste

Cécile Gallien – La République en Marche

Anne Lhermet – Europe Ecologie Les Verts

Michaël Masclet – Union Populaire Républicaine

Pierre Michallet – Lutte Ouvrière

Isabelle Valentin – Les Républicains

 


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