Le PRG Thierry Braillard s’est assez tôt déclaré candidat aux législatives, se revendiquant de « la majorité présidentielle », sans avoir pourtant obtenu l’investiture d’En Marche !. Il avait rejoint dès la campagne présidentielle le mouvement d’Emmanuel Macron, allant à l’encontre de l’accord de son parti avec le PS de Benoît Hamon.
Le voilà finalement été écarté. C’est sur Twitter et via un communiqué acide que l’ex-secrétaire d’État a non seulement annoncé son retrait de la campagne mais aussi de la vie publique (sic) :
J’ai décidé de renoncer à me présenter aux législatives et je me mets en retrait de la vie publique. Merci à tous ceux qui m’ont soutenu. pic.twitter.com/61Vj78ig5J
— Thierry Braillard (@Th_Braillard) May 15, 2017
Il dénonce :
« Le non-respect de la parole donnée, les guérillas menées et petites intrigues qui ne correspondent guère à l’idée que je me fais de la politique ».
Et poursuit :
« J’ai cru, en apportant mon soutien au candidat En Marche ! Emmanuel Macron, que l’un des premiers objectifs était la rénovation profonde de la vie politique et le rassemblement des progressistes. »
Sans que le doute soit permis, Thierry Braillard fait référence à son éviction fomentée par Gérard Collomb et son épouse Caroline, avec laquelle l’ex-secrétaire d’État entretient des relations exécrables. Son texte montre que, officiellement, il voudrait sortir de la situation par le haut… Et sauver la face :
« La division des forces de progrès et la tournure que prend la campagne sont mortifères, et pourraient conduire in fine à l’élection de la candidate de la droite dure et conservatrice dans cette circonscription pourtant ancrée à gauche. Je ne souhaite pas ajouter à ces divisions. »
« Méthodes violentes de guérilla »
Si l’article que vous lisez consacre une place conséquente à un non-candidat, c’est parce que cet avis de décès politique montre à quel point la 1ère circo est le terrain de matches spectaculaires et de rapports sanglants.
Le candidat EELV aux législatives en 2017, sur cette circo, Bertrand Artigny, rappelle que son parti avait fait les frais en 2012 des coups bas et autres méthodes de campagne employées par… Thierry Braillard et Gérard Collomb :
« Dans une certaine mesure, [Thierry Braillard] paye le lourd prix des égarements stratégiques qui l’ont fait élire en 2012 dans des conditions que nombre de militants socialistes et écologistes de la 1ère circonscription se souviennent avec amertume. En dénonçant les « méthodes violentes de guerilla » à son encontre, Thierry Braillard semble oublier que ce sont ces mêmes méthodes qui lui ont permis d’être élu en 2012 face à l’écologiste Philippe Meirieu ».
En 2012, Gérard Collomb avait en effet porté la candidature de Thierry Braillard alors que le PS avait laissé la circo à un candidat écologiste selon un accord national signé avec EELV. La campagne avait été particulièrement dure et intense. Voire « sale », rappellent ceux qui l’ont vécue de l’intérieur.
Plus tard, nommé au gouvernement (ce qui lui a valu de quitter son mandat de député), Thierry Braillard a très vite voulu prendre son indépendance politique d’un point de vue local, parlant même assez ouvertement d’ambitions portant sur la mairie de Lyon.
De quoi énerver le maire de la ville, qui n’est pas du genre à obéir aux injonctions (pour désigner un dauphin).
Thierry Braillard fait les frais de sa rupture avec celui qui reste patron en son fief, Gérard Collomb.
Ce retrait ne peut donc que satisfaire Thomas Rudigoz, maire centriste (qui fût MoDem mais que l’on peut qualifier de « collombiste ») du 5è arrondissement, qui a été porté par Gérard Collomb pour faire partie des candidats En Marche.
Ce mardi, Thomas Rudigoz la jouait consensuel, en « saluant la décision de Thierry Braillard ». Une vraie « chute », une « situation pas évidente », mais bien méritée estiment -en off- les proches de Gérard Collomb.
Pour la candidate Anne Lorne, moustache et autorité
La candidate Les Républicains, Anne Lorne, quant à elle, a lancé sa campagne il y a de nombreuses semaines déjà.
Elle aussi émerge d’une bagarre assez dure, qui a mis à terre un autre homme politique lyonnais, l’élu Les Républicains Michel Havard. Ce dernier a payé cher son juppéisme : Laurent Wauquiez, à la manoeuvre à Lyon pour les investitures Les Républicains, lui a sans surprise préféré Anne Lorne pour mener campagne sur cette 1ère circo. Il l’a aussi placée dans son équipe d’élus au conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes.
Elle correspond davantage à la droite que Laurent Wauquiez prône : plus dure. Bien qu’elle n’aime pas qu’on déroule sans cesse cette partie de son CV, on rappellera qu’Anne Lorne a été la porte-parole régionale du mouvement anti-mariage gay La Manif pour tous et qu’elle fait partie des lobbyistes de Sens commun, artisans de l’ascension de François Fillon (avant le #gate qui s’est abattu sur son couple).
Elle a présenté il y a quelques jours son suppléant, une personnalité relativement connue sur le territoire, Patrick Carlioz, surnommé le Dr Moustache pour en posséder une assez remarquable. Lui écrit à propos d’elle :
« Anne Lorne est une femme jeune et dynamique qui incarne, à mes yeux, le renouvellement de la vie politique. Nous partageons des valeurs essentielles comme l’autorité et la liberté d’entreprendre qui est à reconstruire à l’école en priorité et au cœur de l’action publique. »
L’autorité apparaît comme une ligne fondamentale dans le propos du duo, tout comme « le droit à la sécurité et à la tranquillité ». Ou encore, chez Anne Lorne spécialement qui nous en avait touché deux mots lorsqu’on lui avait tiré le portrait, la promotion d’ « une écologie réelle où l’homme aura toute sa place car tout est lié ».
Balle au centre et sur la gauche
Thomas Rudigoz se sent plutôt en confiance, dans cette configuration. Pour lui, l’électorat du 5è arrondissement et du territoire global de la 1ère circo est plutôt au centre et Anne Lorne représenterait « quelque chose de politiquement trop dur ».
Une candidate UDI, Djida Tazdaït, qui avait rejoint Michel Havard pour sa campagne municipale de 2014, voudrait aussi jouer la carte centriste.
Il n’aura toutefois pas échappé au candidat de la France insoumise, Elliot Aubin, élu du 1er arrondissement, que Jean-Luc Mélenchon est arrivé en deuxième position du 1er tour de la présidentielle, avec plus de 23% des voix. Emmanuel Macron y a malgré tout réalisé six point supplémentaires (retrouvez les résultats de tous les candidats à la présidentielle ci-après).
La liste des candidats sur la #circo6901
• Anne Lorne (Les Républicains)
• Thomas Rudigoz (République en marche)
• Djida Tazdaït (UDI)
• Bertrand Artigny (Europe Écologie Les Verts)
• Julien Giraudo (Parti Communiste Français)
• Elliott Aubin (France Insoumise)
• Maguy Girerd (Debout la France)
• Tiffany Joncour (Front National)
• Jean-François Coche (UPR)
• Nicole Moller (Mouvement 100%)
Résultat législatives 2012 (second tour)
Thierry Braillard (PRG) 53,78 %
Michel Havard (UMP) 46,22%
Résultats du 1er tour de l’élection présidentielle dans la 1ère circonscription du Rhône
Emmanuel Macron 29,82%
Jean-Luc Mélenchon 23,55%
François Fillon 20,06%
Marine Le Pen 11,47%
Benoît Hamon 8,61%
Nicolas Dupont-Aignan 3,25%
Jean Lassalle 0,72%
Philippe Poutou 0,87%
François Asselineau 1,02%
Nathalie Arthaud 0,44%
Jacques Cheminade 0,2%
Abstention (% inscrits) 20,88%
Vote blanc (% votants) 1,37%
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