Ce samedi 8 avril, Nicolas Dupont-Aignan tient meeting au centre des congrès de Lyon et nous y sommes. Sur le côté droit de la scène, au dernier rang, Maxime s’est installé pour voir celui qui lui « donne énormément d’espoir ». Bermuda vert olive et veste en jeans sur un t-shirt, ce jeune chef d’entreprise de 31 ans est venu seul. On lorgne sur la chaise à ses côtés.
« Oui, installez-vous. Malheureusement je n’attends personne, je n’ai pas réussi à convaincre des amis de venir avec moi. »
Pourtant, il assure que les constats et les diagnostics sont plutôt partagés autour de lui.
Il a grandi dans une famille de dentistes. Un milieu aisé qui a « forcément orienté [ses] idées ». Arrivé de Paris il y a six mois où il travaillait comme acheteur dans l’agro-alimentaire, après une école de commerce, il a monté son entreprise à Lyon. Il veut fabriquer des frites haut de gamme.
« C’est un produit français, glisse-t-il. Je cherche des investisseurs pour de la vente à emporter, dans le Vieux Lyon notamment. »
Une « révélation » en entendant Nicolas Dupont-Aignan
Il regrette que ses parents soient aujourd’hui « un peu déconnectés » de la politique et de la campagne présidentielle. Il accepte mal aussi que parmi ses amis « beaucoup se désintéressent du scrutin » et aillent « voter Fillon sans conviction, prisonniers du vote utile ».
Pour lui, impossible de voter pour le candidat des Républicains. Ses récentes affaires mais surtout ses cinq ans en tant que premier ministre pèsent dans son choix.
« Il est responsable aussi de la situation actuelle. Et je suis sûr qu’avec lui il y aura encore plus de pauvres et plus de riches, l’écart va se creuser. Il ne résoudra rien.»
En 2007 et en 2012, il a pourtant voté pour Nicolas Sarkozy. Mais il y a un an et demi environ, en entendant Nicolas Dupont-Aignan, il a eu « une révélation ».
Le vrai clivage pour lui porte sur l’Europe. Dans son cercle on juge Nicolas Dupont-Aignan trop eurosceptique. Maxime, lui, l’assume. Il n’a jamais vraiment été très « pro-européen ». Il déroule son discours :
« L’Europe ne nous fait pas du bien. Les pays de l’Europe de l’Est se développent mais c’est à notre détriment, il y a le problème des travailleurs détachés, je vois des agriculteurs qui se suicident… Moi je suis attaché à notre souveraineté. »
Il est favorable à la sortie de l’Union Européenne que propose le candidat de Debout la France. Dans ses prises de parole, Nicolas Dupont-Aignan fait souvent l’analogie avec un syndic de copropriété pour définir sa vision de l’organisation de l’Europe. Les copropriétaires partagent les travaux dans les parties communes mais aménagent librement leurs intérieurs.
Chez Maxime, l’image fait mouche. Et il va plus loin :
« Aujourd’hui tout le monde ferme sa porte et ses fenêtres mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut recevoir personne chez soi. On doit par contre rester libres de choisir qui entre et qui sort ».
Les différences avec Marine Le Pen ? « Minces »
Ils ne sont que deux à « véritablement défendre les Français », selon lui : Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen. La frontière entre les deux candidats est très mince, il le dit lui-même.
« Sur la question de l’ordre qu’il faut remettre dans le pays, Nicolas Dupont-Aignan est très proche du Front National. Il a du mal à le justifier d’ailleurs, mais il faut le dire. »
Pourquoi alors se tourner vers le « petit » candidat ?
« Pour la personne. Il est posé, honnête, il n’est pas dans l’excès, ce n’est pas un chien de garde comme Marine Le Pen. Il n’a pas de casserole, il est libre et a eu le courage de créer son propre parti. En se tournant vers lui, je sais qu’on est quand même taxé de fasciste et d’extrême-droite, je ne me fais pas d’illusion mais pour moi il défend les Français dans leur globalité. »
Pour Maxime, être Français c’est :
« Aimer la France, sa culture, sa langue, respecter les Français et peu importe sa couleur de peau ou sa religion ».
C’est ce qu’il aime chez son candidat qui « n’exclut personne mais est exigeant en retour ».
Dans le discours de Maxime, l’enjeu de ce scrutin est de « redresser la France ». Il dresse le constat d’un pays « en déclin » où « on cède sur tout, on se fait marcher dessus » dans les relations internationales.
« On est en train de s’effondrer », lâche-t-il, décliniste.
Mélenchon ? « Je le respecte »
Rien ne fonctionne vraiment bien en France pour Maxime : les réussites, comme le système de santé, « on les crame à petit feu ».
Dans la classe politique actuelle, qu’il compare à un « système sclérosé », peu trouvent grâce à ses yeux. Il rejette avec force « la fausse générosité » de la gauche et veut le retour à « la tolérance zéro ».
Bizarrement, il y a un candidat qu’il ne cloue pas au pilori : Jean-Luc Mélenchon.
« Je ne suis pas phase avec ses idées mais je le respecte. Je suis en décalage mais je respecte sa voix et la continuité de ses idées. Il promet qu’avec lui on sortira de ce système des privilèges qui favorise la recherche d’un homme providentiel. Ça m’interpelle. »
Il ne se fait guère d’illusion quant aux chances de qualification de son candidat pour le second tour. Il pronostique un duel final Jean-Luc Mélenchon – Marine Le Pen. Promise à être présente au second tour le 7 mai prochain, c’est d’ailleurs à la candidate du Front National qu’il donnera alors sa voix. Quel que soit le candidat face à elle. Maxime dit quand même, contradictoire :
« Même si je regrette son attitude. »
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