Maxime, Edouard, Guillaume et Romain vont entamer ce lundi (de Pâques) un parcours de 340 kilomètres. Jusqu’au 23 avril, ces quatre étudiants pédaleront sur les routes, sans un sou en poche. Leur monnaie d’échange contre des nuitées, des douches et des repas ? Des graines.
Il s’agit de leur « projet d’action » de troisième année, qui « permet d’assumer une responsabilité significative dans un domaine choisi et une façon de favoriser la connaissance de soi et des autres ». C’est ainsi qu’a germé l’idée de cette descente vers le sud, afin de partager les savoirs sur les graines paysannes avec des intéressés tout en alliant sport et esprit de camaraderie…
Résister aux multinationales qui commercialisent des semences contrôlées
Les futurs ingénieurs sont particulièrement sensibles à la problématique des semences, qu’ils comptent troquer contre des services sur leur chemin. Ils ont notamment exposé leur projet via une campagne de crowdfunding.
« Seulement douze espèces végétales assurent les trois quarts de l’alimentation mondiale. La biodiversité est mise en danger par les multinationales qui concentrent les brevets de semences. »
Les semences commerciales, vendues par un secteur marchand spécialisé, dominent le marché. Au fil du temps, elles ont remplacé les semences dites « paysannes », sélectionnées à la ferme par les jardiniers et agriculteurs, conservées en vue d’un semis ultérieur.
Ces semences échappent au modèle « engrais-pesticides », visant à la productivité des sols, puisqu’elles sont naturellement adaptées à un milieu qui leur est propre. Ce sont des semences en lien avec un terroir particulier.
Elles bénéficient aujourd’hui d’un regain d’intérêt, grâce à des collectifs qui oeuvrent à leur promotion, tels que le Réseau Semences Paysannes. Il faut, selon eux, favoriser le libre-échange de ces semences pour résister à l’uniformisation. Guillaume, l’un des étudiants, explique :
« Les semences hybrides commercialisées par les entreprises rendent l’agriculteur dépendant, puisqu’on ne peut pas les reproduire. Il doit en racheter chaque année, contrairement aux semences paysannes qu’on peut replanter à partir de la production en sélectionnant les meilleurs plants. »
Semer des graines et faire pousser du lien social
Les Graines d’ingé ont reçu des graines paysannes de la part de plusieurs donateurs : particuliers qui reproduisent eux-mêmes leurs semences, mais également associations, comme Kokopelli, ou des semenciers bio tels que La graine et le potager. Leur page Facebook est très suivie et intéresse un large public, preuve que ce sujet interpelle.
Ils sèmeront quelques graines adaptées au terroir local dans les lieux qu’ils visiteront en plus d’en faire cadeau à leurs hôtes. S’ils en ont le temps, ils essaieront également de créer un potager commun dans un village, explique Guillaume :
« La pédagogie est importante. L’idée, c’est également de recréer du lien humain autour des semences. »
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