À 55 ans, Hervé Rocle, professionnel du tourisme installé à Villefranche-sur-Saône, est un déçu des partis politiques traditionnels, « déconnectés des citoyens » :
« Les professionnels de la politique ont moins de compétences que ceux qui exercent les métiers des secteurs qu’ils dirigent ».
C’est pour lui une aberration. Les affaires judiciaires de Nicolas Sarkozy et de Jérôme Cahuzac (au moment nous le rencontrions, celle concernant François Fillon n’avait pas encore explosé), sont, pour lui, les signes d’ « un système qui a perdu toute crédibilité ».
Hervé n’a également plus envie de faire de la politique deux dimanches par quinquennat, en glissant, simplement, un bulletin dans une urne.
« L’idée, c’est que nous sommes tous acteurs de la vie du pays. J’ai la sensation de pouvoir changer quelque chose. »
« 1 + 1 + 1 + … »
Hervé n’a jamais lu « L’Île des gauchers » ou « Le Zèbre », romans d’Alexandre Jardin. Il a rejoint son mouvement, séduit par ses idées et ses actions sociales, notamment dans son combat contre l’illettrisme, et son premier mouvement Bleu Blanc Zèbre. Aujourd’hui, Alexandre Jardin, qui a lancé officiellement le «Parti des Citoyens» à Lyon le 25 novembre dernier, est candidat à l’élection présidentielle, et Hervé, acteur des « Maisons des Citoyens » du Rhône et du Beaujolais, le suit toujours.
Hervé réfute toute idée de « militantisme » :
« C’est une co-construction. Alexandre ne propose pas un programme pour se faire élire, mais pour redonner le pouvoir aux citoyens. »
60 000 personnes suivraient désormais le Mouvement des Citoyens en France. Les réseaux sociaux servant de relais des initiatives locales. C’est aux « citoyens » d’aller proposer aux maires d’apporter leurs signatures, c’est également à eux d’engager des propositions pour le programme. Chacun doit être impliqué. « La richesse, c’est la diversité. C’est un peu la part du colibri de Pierre Rabhi… », souligne Hervé.
« Nous devons, en tant que citoyens, nous réapproprier la France et ses symboles. Le drapeau bleu-blanc-rouge n’est pas réservé à l’extrême-droite ! »
« Dans faire de la politique, l’important, c’est faire »
Ils veulent une « révolution bienveillante », du changement :
« Il est vraiment triste que le référent de la politique française soit encore le général De Gaulle ».
Il renvoie dos-à-dos Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, qui se proclament anti-système :
« Le problème de ces partis est qu’ils se font élire sur un programme. Une fois que les citoyens auront voté, on ne les consultera plus. Mais le président ne pourra pas satisfaire de l’ouvrier au grand capitaliste… il faudra des compromis. »
Alexandre Jardin propose une « direction non pyramidale de la République ». Des équipes gèreront les dossiers, par roulements.
« C’est la base de la démocratie, comme à Athènes, rappelle Hervé. Chacun s’engage à son niveau et donne des idées, idées qui seront choisies à la majorité ».
Hervé appelle de ses vœux un rassemblement de tous les mouvements citoyens pour l’élection présidentielle, notamment laprimaire.org. Les critiques dont a été l’objet la Alexandre Jardin suite à l’annonce de sa candidature (« un homme de lettres parisien qui cherche à renouveler son image ») glisse sur Hervé :
« Il met sa notoriété d’écrivain et sa personne publique au service du citoyen. Et il faut que l’on soit visible dans les médias. »
Le collaboratif « depuis toujours »
Fils d’un ouvrier et d’une assistante maternelle, Hervé a grandi à Vaulx-en-Velin. Il a fondé sa première entreprise en 1990.
Entrepreneur, « de droite » jusqu’à récemment, il a soutenu Nicolas Sarkozy lors des deux dernières élections présidentielles. « C’était le plus charismatique », précise-t-il.
Mais ce en quoi Hervé croit « depuis toujours », c’est le collaboratif.
Après avoir déposé le bilan de son agence de voyage en 2013, il lance la « French DMC Association » pour unir les acteurs du tourisme réceptif dans les régions de France et leur offrir une visibilité internationale.
« Plutôt que de voir des gens qui rament seuls dans leur coin… autant qu’ils essaient de ramer ensemble ! »
Son but : enrayer le repli sur soi, notamment grâce aux réseaux sociaux, un « outil fantastique », selon Hervé qui annonce être par ailleurs ambassadeur d’Only Lyon.
Dans sa vie privée aussi, Hervé tente de créer du lien, de tendre la main. Il est actuellement le parrain d’un jeune Togolais faisant ses études à Lyon, grâce au programme « Jeunes ambassadeurs ». Il l’accompagne dans sa vie sociale, la découverte de la vie d’entreprise.
« Il faut réaliser qu’en France, on est privilégiés »
Hervé a des opinions bien arrêtées sur ce qu’il faut transformer pour améliorer la situation. L’Europe ? « Balayer tous les technocrates payés par les lobbies. Les peuples doivent se réapproprier l’Union ». Les finances ? « Faire payer tous les groupes financiers qui ruinent les États. » La politique internationale ? « L’ONU est une vaste escroquerie. Les membres du Conseil permanent sont les plus grands fabricants d’armes. »
Il reste toutefois très optimiste :
« Il faut réaliser qu’en France, on est heureux, on est privilégiés. Ce n’est pas en tapant sur les autres qu’on s’en sortira ! »
Il n’est pas dupe quant à l’élection d’Alexandre Jardin :
« Ce n’est pas un mouvement qui doit servir simplement pour une élection, il s’inscrit plutôt dans la durée, dans le changement progressif des mentalités. On prépare 2022… Et il s’agit de faire comprendre que le citoyen doit rester maître de ce qu’il propose. »
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