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Lycées de la banlieue lyonnaise : « on se sent abandonnés »

Augmentation des effectifs et manque de moyens, des problématiques croisées auxquelles sont confrontés certains lycées de la banlieue de Lyon.

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Lycées de la banlieue lyonnaise : « on se sent abandonnés »

Mardi midi, devant le lycée général Robert Doisneau, à Vaulx-en-Velin. Des élèves rient sur le parvis, d’autres sortent de l’établissement pour le déjeuner. Une journée scolaire banale, en somme, ou presque.

Des banderoles sont accrochées aux grilles de l’entrée. Un groupe d’enseignants, micro en main, sort pour clamer les revendications du personnel. 70% des professeurs seraient en grève ce mardi, deuxième jour de mobilisation. Le premier jour de grève a eu lieu en janvier. « Le lycée Robert Doisneau est en danger », et il s’agit de le faire savoir.

Jean-Pierre Dramisino, professeur de philo, élu du personnel, s’alarme de la situation de ce lycée créé en même temps que le nouveau centre-ville vaudais, en 1995 :

« Nous attendons 800 élèves pour la rentrée prochaine, soit une augmentation de 200 élèves depuis 2012. Le lycée va craquer. Nous n’avons pas cette capacité d’accueil. »

La Région Auvergne-Rhône-Alpes, propriétaire des locaux, ne donnerait pas de solution à ce manque de place. Mais dans ce lycée qui accueille des élèves de quatre collèges classés REP+, on déplore surtout le manque de moyens humains. Refondée en 2016, la nouvelle carte de l’éducation prioritaire n’inclut pas les lycées. Et c’est bien le cœur du problème.

Jean-Pierre Dramisino, élu du personnel, prend la parole devant le lycée Robert Doisneau. ©Alice Forges/Rue89Lyon

Valérie Franc, enseignante et gréviste, lance :

« Notre lycée n’est pas classé en zone prioritaire. Pourtant, nous aurions tous les critères pour le devenir. La ministre Vallaud-Belkacem nous abandonne et laisse les successeurs régler le problème. Mais nous, on a une rentrée à faire en septembre ! »

Le classement en ZEP permettrait notamment d’obtenir des dédoublements plus importants et du temps pour que les profs se concertent et évaluent ensemble les difficultés des élèves.

« Les lycéens, dont le niveau est faible, ont un réel besoin d’accompagnement », poursuit Jean-Pierre Dramisino.

Un « délitement » des conditions de travail

« Cette situation est épuisante, et non-satisfaisante sur le plan pédagogique. On assiste à un véritable délitement des conditions de travail dans ce lycée », soupire le prof de philo.

Une expérience partagée par les enseignants du lycée professionnel (LP), selon Samuel Delor, délégué syndical CGT  Marc Seguin à Vénissieux :

« Nous avons perdu notre classement d’éducation prioritaire en juin 2016. Cependant, on accueille des élèves des collèges REP+ du secteur. Et les problèmes ne disparaissent pas à la sortie du collège ! »

Les enseignants du LP Marc Seguin ont également fait deux jours de grève la semaine dernière. Ils sont engagés dans le collectif  « Touche pas ma ZEP », qui regroupe différents établissements en France dénonçant l’abandon de l’éducation prioritaire dans les lycées par le Ministère. Leurs revendications sont toutefois restées lettre morte.

D’autres lycées de quartiers populaires, comme Charlie Chaplin à Décines ou le lycée professionnel Tony Garnier à Bron, sont touchés par la même problématique : augmentation des effectifs et manque de moyens

Les personnels de Marc Seguin et Robert Doisneau font le même constat quant à leur rapport à l’Académie de Lyon. On parle, à Vaulx-en-Velin, d’un « mur de silence ». « Une façon de laisser couler », selon Valérie Franc. Le mouvement se poursuit jeudi 16 mars pour le lycée Robert Doisneau, avec une mobilisation devant le rectorat, qui, pour sa part, propose une audience le 28 mars.

Rassemblement du personnel du lycée professionnel Marc Seguin de Vénissieux devant le rectorat, le 6 mars. ©DR

De son côté, Samuel Delor critique :

« Les autorités académiques entérinent la maltraitance au travail du personnel. Chaque année, un ou une de nos collègues est victime de violences. Il y a deux ans, on a dû essuyer plusieurs départs de feu. C’est un cumul. Comment voulez-vous que l’on travaille, et que les élèves réussissent ? »

Le rectorat, contacté par Rue89Lyon, n’a pas souhaité répondre à nos questions.


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