A 4h30 du matin, quatre wagons d’un train transportant des produits dangereux ont déraillé à la gare de triage de Sibelin, située sur la commune de Solaize, au sud de Lyon. Trois wagons se sont couchés. Un de ces wagons, qui contenait 60 tonnes de bioéthanol, a commencé à fuir.
Les secours, rapidement sur place, ont réussi à colmater la fuite vers 9 heures. Au total, 20 tonnes de bioéthanol se sont déversées sur les voies (contre 40 tonnes annoncées en début de matinée par la préfecture du Rhône). Un tapis de mousse a été mis en place pour éviter l’inflammation du liquide. Les nappes phréatiques ne seraient pas menacées. C’est toujours la préfecture qui l’annonce.
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— SDMIS 69 officiel (@SDMIS69) March 13, 2017
Le plan ORSEC déclenché à la gare de Sibelin
L’incident a entraîné le déclenchement du plan ORSEC par la préfecture du Rhône, avant d’être levé vers 3h50 le 14 mars. Peu après, l’opération de déchargement des wagons s’est achevée, vers 5h du matin. Dans le cadre du plan, des pompes et des citernes ont été mises à disposition par des industriels de la pétrochimie.
Une enquête judiciaire pour « mise en danger d’autrui » a été ouverte par la brigade des recherches de Bron. Selon le Progrès, un rail défectueux (article payant) pourrait être à l’origine du déraillement du train. De son côté, la SNCF a lancé une enquête administrative.
Lundi 13 mars, la gare de triage de Sibelin a été fermée et un périmètre de sécurité a été mis en place sur le site. En conséquence, les lignes TER Lyon/Saint-Étienne et Lyon/Marseille ont été interrompues. 40 cars de substitution ont été mis en place par la SNCF.
Les trajets TER Lyon/Valence ont été reportés sur des lignes TGV. Les trajets Lyon/Saint-Étienne passant par Part-Dieu ont vu leurs arrivées transférées en gare de Perrache. Le 14 mars dans la matinée, le trafic a repris progressivement.
L’incident n’a toutefois pas impacté la circulation routière sur l’A7.
L’« effet domino » évité : la question des interactions entre la gare et les usines de la Vallée de la chimie
Outre la catastrophe environnementale à éviter, l’objectif des autorités est de montrer que l’on maîtrise le risque technologique. La gare de triage de Sibelin est située au sud de la Vallée de la chimie, dans la zone rouge du Plan de prévention des risques technologiques (PPRT) qui vise à éviter les catastrophes en chaîne.
Mais il n’y a pourtant pas une ligne dans le PPRT sur la gare de triage de Sibelin.
Cela fait partie des petites perles de la loi française sur les risques technologiques : les installations ferroviaires sont traitées à part, dans une autre réglementation que le PPRT. De même que les risques liés au nucléaire.
Des études portant sur les risques sont toutefois en cours. L’État est loin d’avoir tranché.
Or, on craint un « effet domino ». Les trains (chargés de matières inflammables, comme ici du bioéthanol) peuvent être touchés par l’explosion d’une usine voisine. Et réciproquement.
Dans une délibération de mars 2016, la Métropole de Lyon a attiré une nouvelle fois l’attention de l’État au sujet de la « prise en compte de l’interaction entre le PPRT de la Vallée de la Chimie et les installations de la gare de triage ».
Sans guère de résultat pour le moment. L’incident de ce lundi 13 mars repose, urgemment, la question.
>> Lire notre dossier Vallée de la chimie : 130 millions d’euros pour éviter la catastrophe
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