Le « Penelope Gate » qui plie François Fillon n’a pas fini de faire couler de l’encre et, par conséquent, d’amplifier l’hypothèse d’une reconfiguration de la campagne électorale 2017.
Les scuds, autrement appelés « boules puantes » par le premier concerné, pourraient être lancés depuis le camp Les Républicains. De la part de revanchards, de vizirs.
Et ils sont nombreux à pouvoir se ranger dans l’une ou l’autre de ces cases, les inimitiés à l’encontre de François Fillon trouvant leurs sources dans des querelles intestines qui ont largement divisé la droite ces dernières années. Libération les date à « l’affaire Bygmalion », révélée dans la presse en juin 2014 et dont Jean-François Copé à fait les frais.
Au regard de l’ampleur médiatique et politique que prend le dossier, François Fillon a déclaré qu’en cas de mise en examen, il renoncerait à se présenter à l’élection présidentielle. De quoi ouvrir des perspectives chez ses ennemis les plus proches ; aussi les hypothèses de « plans B » se multiplient-ils.
Les noms de François Baroin ou encore de Xavier Bertrand ont été évoqués. À ceux-là s’ajoute désormais celui du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes : le nom de domaine wauquiez2017.fr a été déposé ce mardi soir chez l’hébergeur Gandi.
Il ne s’agit pas de la création d’un site Internet, mais simplement d’une option préemptée, qui peut être réalisée par n’importe qui. Cela a été fait de manière anonyme. Laurent Wauquiez a rappelé à plusieurs reprises qu’il n’accepterait pas d’intégrer le gouvernement en cas de victoire de la droite en mai 2017, afin d’honorer son mandat régional.
L’option de se présenter en tant que candidat est-elle crédible ?
Rue89Lyon note que le domaine « wauquiez2017.com » a été déposé ce mercredi matin, par une société de communication basée à Montpellier.
« Ça nous a amusés ».
Au sein du cabinet de Laurent Wauquiez, on nous explique :
« Nous n’y sommes pour rien. Tout le monde peut déposer un nom de domaine. Soit il s’agit d’une mauvaise blague pour alimenter les rumeurs en plein trouble, soit ce sont des agences qui veulent se faire racheter les noms de domaine si les personnes venaient à se présenter réellement. »
Un propos que confirme partiellement l’agence en question :
« On ne fait pas ça pour se faire de l’argent, un nom de domaine ça coûte dix euros. En achetant le nom de domaine on force gentiment la main pour entamer le dialogue avec les candidats s’ils venaient à se lancer. C’est courant dans le milieu. On force la main pour se faire connaître, proposer nos services et éventuellement s’occuper de leur communication ou de l’organisation de meetings. Mais s’ils ne veulent vraiment pas, on cède le nom de domaine bien évidemment. »
Protection des sources : « Nous ne sommes pas des procureurs »
Pour rappel, Laurent Wauquiez a été fervent soutien de Nicolas Sarkozy contre François Fillon. Il a toutefois été gardé dans l’entourage du candidat vainqueur mais sa position de chef de parti a été diluée dans une gouvernance collective.
Le président d’Auvergne-Rhône-Alpes aurait de quoi en vouloir à François Fillon.
Il ne s’est d’ailleurs pas privé de lâcher quelques piques dans sa direction.
Au magazine Le Point, il déclarait récemment être impressionné par la façon dont Emmanuel Macron réussissait à remplir des salles, saluant la réunion de 2500 personnes à Clermont-Ferrand (et 500 autres refoulées au regard de la capacité de la salle). Laurent Wauquiez lâchait ne pas être certain de voir François Fillon en faire autant sur ce territoire auvergnat qu’il connaît bien. Pas très corporate, la remarque.
Le jeu des hypothèses sur l’origine de ces informations fonctionne donc à plein. Les journalistes qui ont enquêté sur cette affaire « Pénélope Fillon » ont même été sommés par certains de révéler la façon dont ils ont procédé (parmi ces demandeurs, Eric Woerth sur RTL), au mépris de la protection des sources et du secret professionnel dont bénéficie la presse.
Christophe Nobili, l’un des journalistes du Canard Enchaîné qui co-signe cette enquête, relève :
« À qui profite le crime ? On comprend que tout le monde fantasme. Et ce fantasme, il est alimenté par les politiques eux-mêmes, ceux qui sont si prompts à dénoncer le complotisme sur Internet. Et là, quand une enquête sort, la première chose qu’ils font est de crier au complot ».
« Si vous publiez certains documents, vous donnez des informations sur la provenance », Christophe Nobili #InstantM#CanardEnchaine
— Sonia Devillers (@Sonia_Devillers) February 1, 2017
« Nous ne sommes pas des procureurs ni des magistrats », défend Christophe Nobili.
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