Chaque jour, depuis la fin de semaine dernière, la préfecture du Rhône ajoute des places aux dispositifs plan froid et grand froid. Mais le compte n’y est jamais. Et des personnes dorment toujours à la rue dans l’agglomération lyonnaise.
- Lundi 16 janvier, un gymnase et deux salles de sport étaient ouverts
- Mercredi, c’était une salle de sport à Caluire de 20 places qui était mise à disposition.
Mais les chiffres du 115 rappellent l’urgence de la situation en cette période de grand froid.
Le lundi 16 janvier, alors qu’on ouvrait 200 places supplémentaires, 318 personnes ont appelé sans que les opérateurs puissent leur proposer de solution. le lendemain, ils étaient 266 dans cette situation et le surlendemain, mercredi, 200.
Et ces chiffres prennent tout leur sens si l’on rappelle que seuls 60% des appels sont décrochés.
Les 20 salariés du Samu Social de Lyon, en maraude la journée et le soir, rencontrent quelques unes de ces personnes échouées.
Après avoir déposé un préavis de grève, ils ont mis leur menace à exécution. Dans un communiqué, ces travailleurs sociaux expliquent :
« Le Samu Social tourne dans les rues de Lyon sans pouvoir proposer de solutions d’hébergement à toutes les personnes à la rue qu’il rencontre. Le Samu Social refuse d’être le complice silencieux de la détresse qu’il observe chaque jour. Il ne peut se taire face à ces vies chaque jour mise en péril ».
Les grévistes demandent « l’application, à Lyon, des consignes ministérielles [pour que] personne ne soit contraint de dormir à la rue en période de grand froid ».
Cela passe, pour eux, par l’ouverture des places prévues dans le cadre du plan froid. Mais ils insistent aussi sur le déblocage de places adaptées pour les différents publics SDF.
« Dans l’urgence, face à la crise, nous appelons à la mise à disposition des logements et bâtiments vacants ».
« On ne respecte pas la dignité humaine »
Juliette est l’une de ces salariés du Samu Social de Lyon (géré par l’association Alynea). Membre du collectif des professionnels de l’urgence sociale, elle en appelle au respect de la dignité humaine :
« Sur les quinze derniers jours, 1 500 personnes n’ont pas pu être hébergées alors qu’elles appelaient le 115. Un squat ou un bidonville avec quelques palettes et des cartons, ce ne sont pas des solutions d’hébergement. On ne respecte pas la dignité humaine. Ce sont les animaux qu’on laisse dormir dehors ».
Pour la deuxième année de suite, elle est en grève. Aux mêmes causes les mêmes effets. Et toujours ce questionnement sur le rôle du Samu Social :
« Notre mission devrait consister à prendre en charge les plus décrochés, les grands exclus, pour les ramener vers l’hébergement. Or, nous passons notre temps à distribuer des couvertures à des familles avec des enfants à la rue. »
Un rassemblement place de la République et pas de maraude du Samu Social
Ce jeudi après-midi, le collectif des professionnels de l’urgence sociale appelait à un rassemblement place de la République. Les salariés du Samu Social ont été rejoints par des travailleurs sociaux d’autres associations de l’hébergement d’urgence et par des militants associatifs.
Une délégation a été reçue à 18h à la préfecture du Rhône, par le préfet à l’égalité des chances, Xavier Inglebert. Lequel n’a pas répondu favorablement aux demandes.
« Sur les réquisitions de bâtiments publics, « les maires sollicités répondent déjà présents » en mobilisant par exemple des gymnases, précise le préfet à l’AFP.
Toujours à l’AFP, une porte-parole de la préfecture ajoutait :
« Depuis 5 ans, il y a 73 % de places d’hébergement pérennes supplémentaires dans le Rhône ».
30 places d’urgence supplémentaires ont été ouvertes à Villeurbanne jeudi soir dans une salle des fêtes.
Les camionnettes sont restées au bureau. Il n’y a pas eu de maraude du Samu Social ce jeudi soir pour les sans-abri.
> Article mis à jour le 20 janvier à 12h15, suite à la rencontre entre la délégation du Samu Social et le préfet à l’égalité des chances.
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